Symboles pré-chrétiens dans nos rêves d’occidentaux

Tel un enfant apprenant sur différents plans, on peut penser que dans le psychisme collectif, l’acquisition dans un domaine induit un statu quo dans un autre, voire une régression.

Ainsi l’ère du christianisme a été pendant 2 000 ans l’occasion pour l’homme de progresser dans le domaine de l’esprit et le côté masculin de l’être humain. Il faut penser que l’avenir nous donnera le défi d’intégrer notre raison et mental et le corps et la féminité, afin de réaliser notre humanité et de préserver notre Terre, marquée comme notre corps du sceau du féminin.

Jung et d’autres auteurs dans son sillage ont largement traité du lien entre les images de notre psyché et le symbolisme des périodes historiques chrétiennes et notamment du XVIe siècle et ses alchimistes. Les trois articles « Art et religion en Gaule » qui précèdent traitent d’une période antérieure sur notre territoire. Le symbolisme propre à la religion et à la spiritualité de cette période pré-chrétienne apparait encore dans nos rêves (notre inconscient collectif). Il s’agit d’éléments refoulés collectivement du fait du christianisme (exemple : les déesses-mères). Peut-être faut-il repasser par là pour pouvoir d’une part comprendre certains symboles de nos rêves et d’autre part avancer dans l’intégration du féminin et du masculin en nous et dans le monde.

Vierge Noire D’Auvergne, survivance des déesses-mères pré-chrétiennes

Jung disait fort justement que pour comprendre une époque dans ses dimensions réelles et symboliques, il pouvait être utile de se placer à l’extérieur, que ce soit géographiquement ou temporellement.

Voici donc un résumé de quelques symboles pré-chrétiens pouvant apparaître dans nos rêves et présentés dans les articles pré-cités.

  • Première strate : symboles pré-celtes.

Les déesses-mères (culte solaire) pouvant apparaître en rêve (parfois hermaphrodites) sont à la fois liées à la vie et à la mort. D’autres aspects des cultes pré-celtes sont de nature animiste : le caractère numineux des animaux, sources (eau) et arbres remonte donc à cette époque. Les pierres levées peuvent représenter un lien entre ciel et terre, et on peut penser que les pierres présentaient un aspect divin.

  • Seconde strate : symboles celtes/gaulois

Malgré la présence de déesses féminines comme Epona, déesse jument psychopompe (guidant les morts vers l’autre vie) qui est une descendante probable des déesses-mères, la religion gauloise montre un plus grand nombre de divinités masculines : les trois plus grands dieux en Gaule étant masculins : Taranis dieu du ciel/bataille/mort, son nom signifie tonnerre et son symbole est la roue, c’est un dieu chtonien de la vie et de la mort ; Teutatès, dieu des techniques et du commerce ; Hesus, « le maître ». L’aspect chtonien, sous-terrain et ambivalent (bien/mal) est toujours présent, contrairement à la religion chrétienne, où seul le Bien est associé à Dieu (surtout dans le nouveau testament), tandis que le mal est scindé et associé au Diable. On nie donc dans cette religion la part d’ombre et de mal en l’homme et en Dieu. Le symbole du Soi jungien (roue, rosace, triskell, etc.) est déjà présent dans cette civilisation gauloise. Les gaulois ne représentèrent pas dans un premier temps leurs dieux sous forme humaine. Ainsi Cernunnos est un cerf puis un homme portant les bois de cerf, animal symbolisant la richesse et la mort. C’est un dieu de la mort et de la résurrection. Contrairement au christ, il est chtonien. Tarvos Triganaros, le taureau aux trois grues, était vraisemblablement auparavant un taureau aux trois cornes, qui selon la légende meurt sacrifié. Les trois cornes font penser aux trois serpents d’énergie présents dans le corps selon la spiritualité asiatique, et qui doivent être réunifiés dans le canal du centre pour l’ouverture du troisième œil. Les sacrifices, notamment humains, perpétrés à cette époque (Teutatès : étouffés, Taranis : brûlés, Hesus : écartelés), ont leur équivalent dans la psyché humaine et montrent que tous les éléments de cette psyché étaient alors projetés et pris au premier degré. Les ex-voto offerts par les gaulois aux divinités (petites statues) en remplacement des vrais sacrifices me font étrangement penser au petit bonhomme statue que Jung gardait religieusement lorsqu’il était enfant. Le sacrifice a également un écho dans la religion catholique avec le Christ.

Les druides avaient une morale développée, ce qui laisse penser à la lumière de ce que l’on sait de l’individuation qu’ils avaient unifié les différentes parties de leur humanité (corps/âme/esprit).

D’autres symboles gaulois existent : la colombe, la barque, passage vers l’autre-monde, etc.

On peut faire un parallèle avec les « 8 anges » du Yi King, 8 figures divines de ce système asiatique de divination en comprenant 64, élaboré par des sages au premier millénaire avant JC. Les deux divinités parents sont le ciel et la terre. Les trois fils sont le vent, le feu et le lac, et les trois filles le tonnerre, l’eau et la montagne.

Pour connaître le sens de ces symboles naturels millénaires qui apparaissent encore dans nos rêves, on peut se reporter au site de Tristan Moir :

http://tristan-moir.fr/dictionnaire-des-reves/

  • Troisième strate : la religion romaine/grecque

L’aspect solaire des divinités devient plus proprement masculin, les déesses-mères sombrant dans l’inconscient et devenant ainsi lunaires.

Leur panthéon est plus connu et contemporain de la naissance de la religion chrétienne.

Poséidon/Neptune

  • Quatrième strate : les religions orientales

Sur notre territoire, ont été vénérées aux premiers siècles de notre ère :Isis, déesse égyptienne de la mort et de la résurrection, Mythra, déesse du bien et du mal, déesse de l’armée et Cybèle et son parèdre Attis, pour qui on faisait des sacrifices de taureaux et rituels autour du sang (parallèle avec le Christ). La couleur violette et l’immortalité visée étaient associées à ce duo. Le sang devenu violet, couleur de résurrection fait penser à la couleur finale du processus suivi par les alchimistes : après l’œuvre au rouge, la teinture devait prendre une teinte pourpre pour la phase finale de la pierre philosophale.

Le Christianisme venu d’Orient amène comme d’autres cultes orientaux la notion de Salut : le comportement moral et les efforts jouent sur le futur des trépassés outre-tombe.

 

Le christianisme s’essouffle en Occident, malgré une tentative de renouvellement au XIXe siècle. Le XXe siècle a amené son lot d’événements rendant une partie des chrétiens incrédules quant au fait qu’ils soient accompagnés par Dieu. Nietzsche a formulé avec sa phrase lapidaire « Dieu est mort », le fait que la projection des contenus numineux contenus dans la psyché humaine a peut-être fait son temps…Ces symboles pré-chrétiens, j’en ai rêvé pour certains. Les deux plus chargés de numinosité étaient un rêve de rochers tombant du ciel, et un autre, où est apparue une déesse-mère hermaphrodite. Je reviendrai plus longuement sur cet archétype dans un article à part entière, car j’ai l’intuition qu’il est important pour notre époque, et il s’agit de celui qui m’intrigue le plus au-delà de la signification qu’il a revêtu au moment de ce rêve dans ma psychologie personnelle. D’autre part, je sais que je ne suis pas la seule à notre époque à rêver de ce genre de figure.

J’ai également vécu l’expérience un jour de 2015, dans un moment de conscience modifiée (avant une vision isolée et perturbante relatée dans la catégorie « phénomène psi ») que le divin ne se dirigeait pas seulement vers le ciel, mais bien aussi très profondément dans la terre. Dans le bien ET le mal.

La vie poussant sur la mort

Je pense donc que chacun peut dans l’exposé de ces croyances pré-chrétiennes trouver une profondeur à certains symboles de ses rêves et que nous aurons tout intérêt à nous pencher sur ceux avec lesquels on peut ainsi renouer pour y retrouver le féminin d’une part (La Vierge Marie, Eve la pécheresse et Lilith la damnée ne sont pas suffisantes pour représenter l’éternel féminin incarné) et l’unité bien/mal qui ont été artificiellement séparés durant 2 000 ans de christianisme, pour tenter de les apprivoiser et les intégrer en notre humanité. On y gagnera peut-être un meilleur traitement des femmes (1 viol toutes les 8 minutes en France), une meilleure canalisation de notre violence innée et une prise de conscience écologique au-delà des 3 pour cent d’électeurs aux dernières législatives…

 

 

L’inconscient collectif : première approche

Lorsqu’on prête attention à ses rêves et à cette partie de nous présente à l’arrière-plan, il y a tout d’abord une phase, longue de quelques années, où le symbolisme va émerger sans discontinuer. Durant cette phase sont ramenés à la surface des éléments concernant notre histoire et nos problématiques, et à travers lesquels on apprend à mieux se connaître, à découvrir et redécouvrir nos points forts, nos blocages et nos failles. Une partie du contenu concerne aussi notre famille, dans le sens d’une transmission trans-générationnelle. Tout cela inclut des éléments négatifs, comme positifs, qui sont compréhensibles au moyen de la symbolique : on va rêver de nos parents, de voiture, de maison, etc.

Cette dynamique chez moi a duré approximativement 3 années à l’âge adulte (de 34 à 37 ans environ, mais j’avais depuis l’adolescence prêté attention à mes rêves sauf pendant les périodes très actives et constructives à l’extérieur, durant lesquelles ceux-ci se manifestent moins). Puis, à partir d’un rêve archétypique extrêmement fort, parallèlement aux contenus symboliques, ont commencé à apparaître des éléments que je ne pouvais plus comprendre à la lumière du symbolisme.

Pour ce rêve en particulier et d’autres qui ont suivi, j’ai mis plusieurs jours et parfois beaucoup plus longtemps à en comprendre le rapport avec les mythes, les religions, l’inconscient collectif, dont ils se faisaient pourtant l’écho, puis à en comprendre le sens me concernant.

Revenons tout d’abord sur ce rêve inaugural ou résolutoire, très important quoiqu’il en soit, (à la manière du premier rêve que je fis à l’âge de 5 ans) dont voici les grandes lignes.

Je suis dans un jardin, non loin de dans ma maison d’enfance, avec mon mari et nous jardinons. Un petit varan tourne autour de notre jardin, son itinéraire est carré. Il grossit au fur et à mesure qu’il avance. Arrivé aux trois quarts de son carré, devenu énorme, il se précipite vers moi. Terrorisée mais déterminée, j’attrape un bâton très large pour me battre contre lui, je réussis et il disparait.

Un peu plus tard, je m’aperçois que de nombreux rochers, très gros, passent dans le ciel. Je comprends qu’ils vont tomber et je crie à mon mari de venir se réfugier avec moi dans la maison (d’enfance). La porte-fenêtre est fermée, je crie à ma fille d’ouvrir mais elle ne comprend pas. Quand finalement elle ouvre, on entre in extremis. Mon mari a failli mourir et ma fille cadette, qui était aussi à l’intérieur, est blessée à l’œil.

Plus tard, dans la cuisine, nous sommes assis à la table. En face de moi, à la table familiale à la place de mes parents, un couple d’amis plus vieux que moi est assis.

Au réveil, je suis choquée par ce rêve très violent, qui me retourne pendant plusieurs jours. Ses contenus me bouleversent, me font craindre pour ma santé mentale. Le bruit assourdissant des rochers dans le rêve est inédit. Jamais je n’ai rêvé d’un bruit si tonitruant. L’émotion contenue dans celui-ci est immense également. Il est inutile de mentionner que ce rêve est composé de trois parties, en triptyque et donc qu’il s’agit d’un « grand rêve » tant son impact sur moi est grand.

A la différence des rêves symboliques de l’inconscient personnel, je ne trouve aucune explication dans mes recherches symboliques concernant le « varan géant » ou les « rochers tombant du ciel ». Plusieurs jours plus, tard, je pense au mot « Apocalypse ». (Je n’ai pas eu d’éducation religieuse chrétienne et cela m’est donc venu tardivement, alors que je continuais à penser à ce rêve et à me questionner à son sujet.) Je me rends sur le site de Tristan Moir, où on peut écouter des extraits d’émissions d’interprétation de rêves et y trouve deux cas de rêve d’Apocalypse. L’interprétation fait par Tristan parle de l’effondrement de la personnalité (névrosée ? Enfantine ?) initiale, laissant la place certes à un vide provisoire mais aussi à la possibilité de construire notre vraie personnalité. Le parallèle avec l’Apocalypse, la fin du monde a cette signification : il s’agit de la fin d’un monde, celui de l’enfance. D’autre part, étymologiquement, « Apocalypse » signifie « révélation ».

Rassurée, je reprends mes activités. Il s’agit d’un des deux rêves les plus importants de ma vie. D’où vient cette image, cette situation d’Apocalypse : pas du catéchisme, pas vraiment de ma culture personnelle, car pour moi, il s’agissait juste de « rochers ». Et lorsque le varan me fit penser à St Georges et le dragon, ce fût des mois plus tard…

Cathédrale de Bâle, où vécut Jung (Suisse)

Toutes ces images ne sont pas des symboles. Il s’agit de situations archétypiques issues de l’inconscient collectif, la différence en est que d’une part, on ne peut les comprendre par le simple symbolisme et que d’autre part, la charge énergétique et émotionnelle en est énorme. Enfin, les détails d’une telle situation varient d’un individu à l’autre, même si le thème reste inchangé (un peu comme dans les différentes version d’un conte, dont le message reste néanmoins le même). Dans la vie diurne, cette période eût sur ma vie un impact tel que je sentis une énergie et un sentiment d’amour affluer en moi, témoins d’un bouleversement psychique sans précédent.

J’ai abordé dans d’autres articles quelques éléments issus de l’inconscient collectif auxquels j’ai été confrontée, principalement après la période de ce rêve et pour lesquels j’ai dû faire des recherches dans les mythes, religions, cultures humains avant de pouvoir comprendre en quoi elles avaient un sens dans ma problématique psychique du moment.

Cf:

-articles traitant des images inconscientes qui ont inspiré les représentations du jeu de tarot.

-ceux traitant des synchonicités: exemple de la création de l’homme (chapelle Sixtine et statue d’Adam)

-les deux rêves du « troisième œil » dans l’article sur les centres énergétiques

Voici d’autres exemples de rêves que j’ai faits et qui sont issus de l’inconscient collectif :

Je suis à bord d’un bateau qui est en en fait une petite église en ruine, entourée de petits animaux, notamment des mammifères. Le lien entre la nef de l’église et la nef de Noé s’est fait quelques jours après le rêve. (Nouveau départ après la mort symbolique d’une personne qui renait à elle-même.)

Ce qui est drôle, c’est que j’ai il y a un an libéré deux corneilles piégées dans la réalité. J’ai pu en admirant le plafond de l’église St Savin sur Gartempe le mois dernier, voir que Noé libéra une corneille au moment de prendre la mer avec ses animaux. Encore une fois, un clin d’œil synchronistique.

Vitraux XVIe siècle, église St Etienne du Mont, Paris

Deux rêves de déesses primordiales païennes et deux rêves de la Vierge Marie (statues), dont une colorée en bleu très vif (mais que vient-elle faire dans les rêves d’une femme athée !?)

Eglise près de Royan

Rêve où je monte à un arbre (deux fois) ou à une échelle, tenant toute seule vers le ciel. (Image symbolique du devenir de personnes chamanes)

Cygne recouvert de suie, descendant dans une cheminée, recouvert de cendres (après la mort d’une brebis)+ Rêve de sacrifice d’agneau dans une fosse. Phoenix renaissant de ses cendres et sacrifice d’agneau.

Bâle toujours…

Rêve d’Ondine (anima négative)

-Rêve où je porte un voile. (mystère et puissances féminins levant sous le voile comme la pâte sous le torchon)

Ces exemples ne sont pas exhaustifs, mais donnent un aperçu des contenus de ce patrimoine instinctif et imagé humain.

Si l’on admet que ces archétypes issus de l’inconscient collectif sont accessibles ou présents en chacun d’entre nous, humains, homo sapiens, et que dans le même temps, ils appartiennent (ainsi que le dit Jung) à nos instincts: où sont-ils inscrits ? Où se trouve cet inconscient collectif ?

Certains pensent que cet inconscient collectif vit à l’extérieur de nous. Comme Jung disant que les rêves partagés entre deux personnes ont lieu à l’extérieur de nous, en un lieu commun (voir article « Rêves partagés etc. »)

L’hypothèse des gènes m’interpelle. C’est à cet endroit que les instincts des animaux sont inscrits, et qu’ils sont modifiés aussi au gré des vécus des générations. Instincts solides, à la base des espèces ou comportements de surface issus de la manière dont un gène s’exprime ou pas (une souris stressée et l’expression de certains gènes est modifiée pour 3 générations de souris : l’expression, non pas le gène). Tout cela pour l’adaptation, l’évolution et la survie de l’espèce.

Et si cela pouvait expliquer la transmission de cet aspect de la nature humaine ? Si nos ancêtres imprimaient dans leurs gènes leur vécu, le transmettant à leurs enfants au moment de la conception ? Et si, même après, selon la théorie des particules intriquées de la physique quantique, les gènes que nous partageons avec d’autres communiquaient, comme dans un système de wi-fi ?

Ces personnes qui croient aux vies antérieures (je pense à une biokinergiste qui m’a donné des éléments qui selon elle touchaient « mes vies antérieures » mais qui dans l’état des choses correspondaient à ma vie actuelle…) ont peut-être un accès particulier à ce qui est simplement inscrit dans leur matériel génétique ? Imprimé par les générations précédentes ou par des personnes qui possèdent les mêmes gènes qu’elles. Peut-être, du fait qu’elles portent ces informations dans leur corps, pensent-elles que ce sont elles qui les ont vécues?

Tout cela n’est que plan sur la comète mais si l’on doit comprendre où se trouvent l’inconscient personnel de nos souvenirs refoulés et l’inconscient collectif de nos instincts humains, un peu particuliers, incluant des tendances religieuses, il ne me parait pas complètement absurde d’imaginer que leur exploration soit en fait celle de ce très mystérieux ADN, siège de la vie, d’une manière de plus en plus profonde.

L’autre aspect de cette immersion dans l’inconscient collectif est qu’elle permet de remonter dans le temps avant les difficultés et blocages d’enfance, dans notre patrimoine humain, pour y retrouver l’énergie et le sens nécessaires à reconstruire ce qui a manqué dans le début de la vie. Cela permet de résoudre certains conflits, lorsque l’on réussit à intégrer l’ambivalence de certains archétypes, en résonance avec les problématiques de notre vie. Mais cela n’est jamais de tout repos : n’oublions pas que la folie consiste justement à se trouver submergé par la puissance de ces images inconscientes.

Je termine en vous renvoyant à l’article « Connaissez-vous la femme », où vous pourrez profiter en musique ET en image de « Sphynx », une chanson du groupe  « la femme », où fourmillent des images de cet inconscient collectif (davantage que ne pourront jamais en contenir les rêves d’une seule personne), et notamment une femme sur une croix enterrée qui pourrait bien symboliser l’époque vers laquelle nous nous dirigeons : après avoir passé deux mille ans à tendre vers l’unité du symbole du Christ (masculin, car société patriarcale rejetant la femme et le corps…), l’unité des siècles à venir pourrait passer par la réintégration du féminin dans le psychisme humain, doublé d’un retour au corps (la femme du clip sort de terre au lieu d’être en hauteur comme le Christ masculin, qui illustre parfaitement notre tendance à être trop dans l’intellect et la raison.) Je ne sais qui a réalisé ce clip, ni comment il a eu accès à ces images, mais il s’agit peut-être d’une inspiration visionnaire. L’art sert aussi à cela.

AVENIR DE L INCONSCIENT COLLECTIF: piste de réflexion:

Types psychologiques 7/10 : Les personnages du rêve dans la psychologie féminine

Cet article final dans la série des « types psychologiques » signe un retour au rêve, thème majeur de ce site dédié principalement à l’inconscient.

Il fait écho à un autre article publié en février dernier sur «Les étapes de l’individuation chez la femme ». Ce dernier traitait uniquement de la fonction inférieure (animus pour la femme, doublé de l’ombre).

Je vais à présent compléter celui-ci en abordant l’apparition des trois autres fonctions psychologiques en rêve (fonction dominante, auxiliaire et tertiaire : cf articles précédents).

Ce matin-même, une amie m’a raconté un rêve récent que je lui emprunte en introduction 😉  : elle se regarde dans le miroir et y voit une jeune femme, ressemblant à sa fille. Mais lorsqu’elle commence à adopter des mimiques ou lorsqu’elle bouge, le reflet ne la suit pas vraiment.

La jeune femme est de l’autre côté du miroir, c’est-à-dire en partie dans l’inconscient. Il peut s’agir du Soi. Il peut s’agir plus vraisemblablement aussi de l’archétype représenté par la « Puella », jeune femme de la quaternité psychique féminine. Elle représente la fonction tertiaire, c’est-à-dire une fonction qui n’est pas naturelle dans la personnalité du sujet, mais que l’on développe à partir de 20 ans, plus facilement que la fonction inférieure qui est la plus difficile à intégrer (à partir de la mi-vie). La jeune fille du miroir offre un reflet différent car même s’il s’agit de la même personne, la façon d’agir est différente (si le moi agit à l’extérieur avec un élan sentimental, la jeune fille sera plus cérébrale par exemple).

Voici les personnages du rêve incarnant nos quatre fonctions psychiques selon John Beebe, psychanalyste jungien américain :

Fonctions psychiques Fonction dominante (développée vers 6 à 12 ans) Fonction auxiliaire

(développée vers 12 à 20 ans)

Fonction tertiaire (développée vers 20 à 35 ans) Fonction inférieure (à partir d’environ 35/40 ans)
John Beebe Héroïne, sujet Mère Puella, jeune fille Animus

John Beebe explique par ailleurs que chaque type de fonction (ordonnés différemment selon la personnalité des gens) peut être représenté en rêve sous des couleurs différentes, qui peuvent être portées par les personnages : rouge pour la fonction sentiment, jaune pour l’intuition, vert/marron pour la sensation et bleu pour la pensée.

Après examen de mes rêves sur une très longue période, voici une synthèse des fonctions et couleurs relevées :

Avant 34 ans : rêves rares des quatre couleurs, avec sous-représentation du vert.

Depuis 34 ans : 13 rêves de rouge, 4 rêves de jaune, 7 rêves de bleus et 14 rêves de vert/marron.

Cela donne donc à penser que la sensation serait ma fonction inférieure puisqu’inexistante quasiment dans mes rêves de jeune adulte et très présente en début de deuxième partie de vie. L’apparition de chats en rêve à la même période va dans ce sens. Par ailleurs, il est possible que du fait de mon histoire, j’aie développé très tôt la fonction tertiaire pour pallier une faiblesse personnelle de la fonction auxiliaire. Dans ce cas, si d’autres personnes examinent la fréquence des couleurs portées par les personnages de leurs rêves aux différentes époques de leur vie, il est possible que les deux couleurs les plus marquées après 35 ans soient en fait les fonctions tertiaires et inférieures.

Observons à présent le lien avec les figures féminines.

Archétypes de la quaternité psychique féminine. Héroïne/moi Mère Puella Animus
Apparitions de couleurs Peu de couleurs…

-Rêve de vêtement d’enfant jaune à vendre.

-Rêve de gouttes jaunes dans les yeux (vision/intuition)

C’est beaucoup plus net : de nombreux rêves de rouge sont associés à la mère.

Un peu de marron (partie de l’animus issu de l’animus maternel ?)

Peu de couleurs…

-Rêve de la Vierge Marie (robe bleue)

-Je cherche des lunettes bleues.

Marron/vert

13 rêves faits depuis 4 ans.

Pas forcément en lien avec l’animus, mais avec une fonction féminine nouvelle.

Fonctions psychiques

correspondantes

Fonction dominante (développée vers 6 à 12 ans)

INTUITION

Fonction auxiliaire

(développée vers 12 à 20 ans)

SENTIMENT

Fonction tertiaire (développée vers 20 à 35 ans)

PENSEE

Fonction inférieure (à partir d’environ 35/40 ans)

SENSATION

Ces apparitions de personnages et couleurs en rêve correspondent apparemment à mon type psychologique MBTI : INFJ. En revanche  ce qui apparait clairement concernant les fonctions auxiliaire (F) et inférieure (S), est moins visible pour les deux autres fonctions. Ceci dit, comme il s’agit de couples de fonctions, par élimination, la fonction dominante est forcément irrationnelle intuitive et la fonction tertiaire rationnelle pensée.

Le type de socionique est également validé par ces rêves : j’appartiendrais au type EII : sentiment introverti prioritaire (très nombreux rêves de rouge), l’intuition venant en seconde place dans cette classification des types psychologiques.

Cependant, l’intuition étant la première fonction installée chez moi chronologiquement (6 à 12 ans), la sensation reste la fonction inférieure.

Cette étude de rêves donne un nouveau jour au questionnement des différences entre les types MBTI et socionique : pour les personnes introverties, la fonction dominante effective n’est pas forcément celle installée en premier dans la vie.

En bref, l’observation des rêves peut donner une indication sur les fonctions psychologiques privilégiées d’une personne, mais elle doit être minutieuse et sujette à caution.

Une autre difficulté est de distinguer les personnages « sujet » (partie de nous) et objets (vraies personnes). J’ai en effet fait deux rêves de bleu concernant deux figures masculines importantes pour moi. L’un des rêves est ancien, l’autre moins. Or, il se trouve qu’au moins un de ces hommes est de type pensée… (bleu). Si on parvient à distinguer l’objet du sujet, nos rêves peuvent donc aussi nous donner des indications sur les personnes de notre entourage.

2) Souvent, dans l’inconscient, les données, qui peuvent sembler contradictoires au premier abord, s’entremêlent en couches superposables parfaitement compatibles. Ainsi, parallèlement à ce qui est décrit plus haut, chez chaque femme, ces expressions peuvent prendre (au moins) quatre autres formes fonctionnant par couple, et pouvant également apparaître en rêve.

Toni Wolff les explicite dans les Cahiers jungiens de psychanalyse n° 102 (automne 2001).

Il s’agit de :

La femme Médiale/l’amazone au plan trans-personnel, relationnel

La mère/l’hétaïre, (ici la mère n’est pas forcément la fonction auxiliaire) au plan personnel.

La femme médiale est plongée dans l’atmosphère psychique de son environnement, dans l’esprit de son temps et dans l’inconscient personnel. Son moi est faible, elle est peu ancrée dans la réalité. Elle ressent ce qui est encore latent dans l’inconscient de l’autre et cela peut parfois amener confusion et destruction dans des relations très proches (elle peut incarner une part de l’anima de l’homme). Les anciennes chamanes correspondent notamment à ce profil, aujourd’hui on trouve plutôt des femmes s’intéressant à la graphologie, l’astrologie, etc.

L’Amazone est souvent une grande voyageuse ou sportive. Elle a de l’autorité, est indépendante et cela peut parfois prendre des formes agressives (protestation virile, mégère à la maison, utilisant les armes des hommes…)

La mère est protectrice, nourricière : il y a peu besoin d’expliciter les caractéristiques de ce comportement maternel…le côté négatif en est entre autres  la surprotection étouffante.

Femme allaitant, Abbaye de Fontevrault (49)

L’hétaïre  est l’amante : elle touche la part d’ombre de l’homme (mêlée à son anima). Séductrice parfois dans l’illusion.

Chaque femme a un de ces aspects du féminin plus développé que les trois autres. L’opposé est sa fonction inférieure, intégrée dans la deuxième partie de la vie ce qui mène au Soi, personne au psychisme unifié. Le couple des deux autres est plus ou moins développé et sert la fonction dominante.

Dans les sociétés matriarcales (quelques millénaires avant J.C.), outre le simple rôle de mère admis par les sociétés patriarcales, notamment catholiques, il existait des rôles de femmes initiatrices sexuelles (hétaïre), amazones, femmes mystiques/prêtresses (femme médiale). Mais aussi des femmes muses et créatrices ainsi que le décrit Paule Salomon dans son livre « la femme solaire. » Ces femmes libres sont depuis longtemps reléguées dans l’inconscient collectif sous diverses formes comme celles de  Lilith, de Notre-Dame-de-la-nuit, de mauvaises fées, déesse aux oiseaux,…L’individuation féminine consiste aussi à se libérer du joug inconscient chrétien, présent même chez les femmes de familles athées, car inscrit dans l’inconscient collectif et notre culture.

3) Je terminerai en ajoutant une progression proposée par Jung au sujet des stades de l’anima chez l’homme mais qui peut prendre sens pour l’évolution psychique de la femme :

Jung (parallèle avec les stades de l’anima chez l’homme) La femme primitive (relations instinctuelles et biologiques), telle Eve La femme belle, avec la présence d’éléments sexuels (Hélène de Faust) La Vierge Marie (Eros spirituel) La femme sage, sainte et pure (Joconde, déesse grecque par ailleurs d’une grande beauté)

 

A travers toutes ces approches, on prend conscience que le psychisme d’une personne est un équilibre de très nombreuses forces et énergies représentées de différentes manières, archétypiques, psychologiques et comportementales, qui s’avèrent toutes être de précieux outils pour la connaissance de soi et l’évolution vers une personnalité unifiée et riche.

On trouve dans la littérature, et notamment dans les contes des évocations de ces figures féminines, je pense notamment au magnifique conte « la jeune fille sans mains » raconté et analysé par Clarissa Pinkola Estes dans Femmes qui courent avec les loups, que je ne saurais trop vous conseiller de lire (voir article succinct sur ce livre). Dans la forêt symbolisant le monde intérieur, la jeune fille sans mains trouve une famille dans la quaternité suivante : elle-même jeune fille, la vieille mère, l’enfant-soi et le Roi-Animus. Elle y évolue vers le mariage sauvage (vers le Soi) qui adviendra une fois que ses mains, volées par le diable, auront repoussé par ses longs soins.

Rêves partagés…télépathie et prémonition

Retour au rêves…mais cette fois il sera question de «rêves partagés ». Explication par l’image, les trois rêves suivants ont été faits il y a moins de 4 ans :

  • Réveil un matin dans la maison de mes parents, où nous retrouvons en famille. Ma fille raconte son rêve (elle a environ 8 ans) : « J’ai rêvé qu’il y avait un chat et une souris. Ils se couraient après et à la fin, la souris se fait croquer. » Mon frère se lève bien plus tard, ma fille est partie. Il raconte alors…le même rêve. Seule variante, à la fin du sien, la souris a la vie sauve.
  • Je contacte ma cousine par sms et lui raconte que j’ai rêvé que j’étais chez elle. Elle vit en ville, dans un immeuble. En l’occurrence, après m’être garée dans sa rue, j’entre avec mon fils (je n’en ai pas en réalité) dans l’immeuble et nous nous trouvons devant l’ascenseur, avec d’autres personnes. Puis, je ne vois plus mon fils qui a disparu.

Ma cousine me répond : « incroyable ! J’ai rêvé cette nuit, qu’un petit garçon frappait à ma porte, il était seul, et avait perdu ses parents. Alors, je lui ai dit d’entrer. »

  • Je prends un thé chez une amie et qui s’intéresse aussi à ses rêves. Elle me raconte qu’elle a rêvé d’un couple avec un lion et une lionne. Environ un mois avant, j’ai fait un rêve où je suis dans la savane, derrière une haie, à observer des animaux sauvages. Puis, je vois sur ma gauche un lion qui court vers moi, et qui se transforme en lionne tout en courant. Je n’ai pas peur mais me décale pour ne pas qu’il m’écrase en passant.

Trois exemples parmi d’autres, sachant que ce genre de choses arrive souvent avec mon amie du troisième rêve, ou alors, elle prononce les mots correspondant à ce qui me tracasse à un moment, ou peint un tableau avec un symbole qui m’occupe beaucoup au moment dit, ou me raconte un rêve qui parle avec détails de ce que je traverse, donc de ma vie et pas vraiment de la sienne, à moins que le rêve ne nous concerne toutes les deux.

Une autre amie a fait à plusieurs reprises des rêves positifs ou négatifs à mon sujet alors qu’on ne s’était pas contactées depuis quelques temps…il apparait rapidement que le thème de cet article dépasse les simples rêves et concerne aussi les phénomènes tel la télépathie. Je fais néanmoins le choix de rester ici uniquement dans le cadre onirique.

Dernier exemple un peu plus ancien, concernant trois personnes cette fois: je rêve il y a quelques années d’un ami très cher qui vit à Paris. Nous sommes dans la rue, en ville. Il est amaigri et me tombe, faible, dans les bras. Au réveil, portant une inquiétude sourde, je crains qu’il n’aille mal, alors, dans la journée, je lui téléphone. Pas de réponse. J’essaye de le contacter plusieurs fois, sans résultat. L’inquiétude se mue en angoisse, mais j’essaye de me raisonner en me disant que c’est n’importe quoi. Je ne dis rien à mon mari ni sur cette peur inexpliquée, ni sur mes tentatives pour le joindre. Le lendemain matin, mon mari me dit avoir rêvé…de mon ami. Quand enfin, j’ai des nouvelles de mon ami, il me dit sortir de l’hôpital où il a été soigné en urgence.

Quelles hypothèses peut-on faire au sujet de ces phénomènes ?

  • Hypothèse sceptique : coïncidence sans aucun sens…certes, mais au bout de la centième fois jour ou nuit, pas si probable
  • Émission du rêve par une des personnes, ce qui voudrait dire que certains rêves que nous faisons sont « imposés » par quelqu’un d’autre. Et que l’autre se trouve en situation de récepteur. Dans ce cas, comment « cela » circule-t-il ? Qu’est-ce que « cela » ? Qu’est-ce qui émet/reçoit, et à quel endroit dans le corps ? (ADN?) Fonctionnons-nous en wi-fi ?!
  • Le rêve se situe, ainsi que le suggérait Jung dans un espace intermédiaire. Mais…où ? Et quelle partie de nous s’y rend ? Quelle similitude de sens partageons nous avec l’autre personne, ou alors pour laquelle des deux le rêve a-t-il réellement un sens ? Les deux personnes se connectent sur une source d’information collective ? Que serait cette source et « où » se situerait-elle ?
  • Concernant le rêve des lions, serions-nous toutes les deux à un stade de développement psychique à peu près équivalent ?

Autre exemple de vécu onirique partagé, difficile celui-ci (soupir). Trois rêves que je fis il y a deux ans pour le plus ancien, au sujet d’une troisième amie.

Le premier, alors qu’elle était en rémission d’une maladie grave : je me vois repartir de sa maison vide. Rêve ensoleillé, et joyeux pourtant.

Le second, où six mois plus tard, je rêvais d’elle, très affaiblie, et de son mari, chez eux, lui la soutenant, car elle était tombée dans l’escalier. Une ambulance était déjà arrivée à l’arrière de la maison.

Je me rendormis, et rêvais à nouveau d’elle. Cette fois, elle était souriante, détendue, en pleine forme, semblait avoir repris son poids d’ « avant » et prévoyais de fixer une date pour qu’on fasse un repas tous ensemble.

Il se trouve que le jour même de ces deux rêves, elle est effectivement tombée dans l’escalier et s’est effectivement blessée. (J’ai su après que son fils aîné, qui a mon âge, s’était inquiété de son côté sans raison apparente et avait téléphoné.) Dans mon rêve, seule la maison différait puisqu’elle n’était pas chez elle en réalité.

Même si je sentais consciemment qu’elle était en fin de vie, je n’ai compris que plus tard la signification imminente du second rêve, annonce de son départ quinze jours plus tard, justement du fait de sa sérénité rayonnante.

Jusqu’à la fin, elle a choisi de cacher à son entourage son état de santé et pour beaucoup leur déni l’y a aidée.

Les mêmes questions se posent avec encore plus d’acuité pour moi ici. De quelle nature était cette communication entre nous, alors que les relations diurnes étaient assez distantes et empreintes de beaucoup de pudeur ? Une chose est sûre, dans ces cas présentés, l’affectivité est chaque fois présente: affection, amour ou peur.

Cela se passe également à des moments différés, on appelle alors souvent « prémonitoires » des rêves qui se réalisent. Le cerveau, au moyen du rêve qui est une résolution de problèmes avec des données collectées par la personne dans la journée, propose une issue possible pour les événements, positive ou négative, selon les cas:

  • J’ai ainsi rêvé longtemps à l’avance un problème de santé qui a heurté mon frère quelques années plus tard.
  • J’ai également rêvé de manière imagée du suicide d’un camarade de lycée. J’avais vraisemblablement senti en dansant avec lui, son désespoir, sans en avoir conscience.
  • Mais parfois, le rêve ne peut avoir été provoqué par les émotions ou indices captés à l’état de veille…exemple de la rencontre en rêve avec un petit ami rencontré plus tard, et où je voyais en détail le lieu de la rencontre, où je n’avais jamais mis les pieds auparavant. Si le facteur émotionnel est à coup sûr présent dans ce cas également, il s’agit véritablement d’un saut dans le temps, difficilement explicable.

Après ces phénomènes nocturnes, je vous parlerai dans l’article suivant de leurs pendants diurnes.

 

 

Centres d’énergie 1: côté rêves

Mes recherches sur les points d’énergie (recherches intellectuelles et physiques auprès de quelques praticiens)  ont fait suite à un rêve précis.

En effet, il y a quelques années, j’ai rêvé qu’un homme de mon entourage (symbolisant mon animus) me massait un point dans le dos, que le rêve nomma comme étant le « plexus solaire ». Ne sachant pas trop en quoi consistait ce « plexus », que je situais approximativement dans l’abdomen, j’ai donc commencé par faire des recherches sur internet, pour y découvrir que ce point, un des sept plus gros centres d’énergie asiatiques concerne l’estime de soi en lien, la volonté,  le pouvoir sur sa vie et les relations aux autres. Il est souvent résumé par la petite phrase « Je veux ». Centre des énergies et des émotions, il se dérèglerait du fait de nos stress émotionnels.  Il se trouve que les éléments présents dans le dysfonctionnement de ce plexus solaire décrivaient fidèlement certaines difficultés propres à mon caractère : pour résumer soumission aux désirs des autres, nervosité, effacement excessif et peur de s’affirmer.

J’ai un peu plus tard continué à me renseigner sur ces sept points et découvert entre autres un autre point situé au niveau de la gorge et sur lequel sans connaître ces « chakras », j’avais travaillé quelques années auparavant : s’exprimer et essayer d’amorcer une liaison entre l’intellect et…le reste. De nombreuses fois à cette période et avant, je fis des rêves d’étranglement et de pendaison. Qui disparurent ensuite (lorsque des rêves répétitifs disparaissent, cela laisse à penser que la problématique a été entendue par le conscient et réglée.)

Autre lien fort entre les rêves et les chakras : deux rêves forts doublés d’une synchronicité concernant un troisième point, très important chez moi (d’où ce blog !). De ce point situé entre les deux yeux, j’ai rêvé deux fois : la première fois, lorsque j’ouvrais une sorte de restaurant à ciel ouvert avec un four à bois, et où une femme inconnue, plus âgée et ayant un troisième œil sur le front apparut pour me conseiller. La seconde fois, lorsque « apparue » dans une campagne inconnue et me préparant à rentrer chez moi, je croisais une femme, plus âgée aussi et qui m’aida : celle-ci avait également un troisième œil sur le front. Lorsqu’au réveil, très intriguée, je cherchais la signification de ce symbole dans mon dictionnaire habituel, je ne trouvai rien qui me parle : rien au mot « cyclope » et d’ailleurs ce n’était pas cela…rien de concluant au mot « œil ». Quelques heures plus tard, je me souvins de cette expression « troisième œil » dont la seule représentation que j’avais était une croyance arabe dont je ne savais pas le contenu, que je confondais à moitié avec le mauvais oeil, d’ailleurs!

Voici les références ce que je trouvai ce jour-là à ce propos :

  • L’œil d’Horus (Egypte ancienne) permettant de voir au-delà de l’espace-temps. Le troisième œil serait lié aux phénomènes tels que la clairvoyance (voyance d’événements non encore advenus), la télépathie (communication au moyen de la pensée) et la capacité d’entrer en contact avec d’autres dimensions (médiumnité). C’est par ce troisième œil que s’effectueraient des expériences comme la méditation profonde, des états de conscience chamaniques, des psychoses, l’émergence spirituelle et des expériences de mort imminente.
  • « C’est l’espace entre les deux hémisphères cérébraux, il est au-delà du temps et peut ralentir le vieillissement. C’est le chakra de la méditation, de la vision intérieure, du don de clairvoyance et de médiumnité, de sagesse et de grande perception sous toutes ses formes. Une bonne Aura de ce chakra calmera les personnes alentours. » (Site Tao et spiritualité)
  • Les Hindous l’appellent « œil de Shiva » ou « ajna chakra ». Shiva est, comme Rê, un dieu solaire, le dieu du feu purificateur et destructeur. L’ouverture du troisième œil ou œil spirituel est liée pour les Hindous à l’éveil de la « Kundalini shakti ». Clarté d’esprit, capacité de concentration, conscience de l’énergie, altruisme, intuition et prémonitions. En Inde, le troisième œil est appelé Jnana chakshu, l’œil de la connaissance.

L’apparition des ce même symboles à divers endroits sur le globe tend à prouver l’existence d’un inconscient collectif. On peut se demander d’où m’est venu ce symbole que je ne connaissais pas à l’état de veille. De mon corps? d’un autre « endroit »? D’autre part, il était une fois de plus pertinent car j’ai très souvent vécu des moments de télépathies ou autres aspects psi dans ma vie, j’y reviendrai dans un autre article.

Petit clin d’œil au sujet de ce troisième oeil: alors que je me trouvais en vacances sur une plage en Guadeloupe, un homme qui maintenait une sculpture en bois en équilibre sur le bout de son doigt est venu me parler. C’était un peu plus d’un mois après le deuxième rêve sur ce troisième œil…et là, je m’aperçus en discutant avec lui qu’il avait un tatouage…entre les deux yeux. Pas le point que certaines indiennes ont sur le front, mais un œil, dessiné en noir. Je ne me souviens pas avoir vu un pareil tatouage dans ma vie, et comme par hasard, cette rencontre peu probable et les deux rêves interviennent dans l’espace de cinq mois. Un bel exemple de synchronicité.

Je salue d’ailleurs Babiche, dont voici le site internet :

http://babiche.weebly.com/

Je ne m’étends pas plus sur mon apprentissage de ces points et leur équilibre. Ces trois exemples sont suffisants à ce propos, je vous propose un test en ligne qui vous permettra de constater par vous-même si ses résultats correspondent à vos problématiques de vie, point forts et points à développer :

https://www.eclecticenergies.com/francais/chakras/chakratest.php

Et vous invite en deuxième partie d’article à lire des propositions simples et concrètes pour renforcer chacun de ces centres s’il n’est pas ouvert. Je ne puis m’empêcher de penser aux traditions orales des civilisations anciennes, comme celles des guérisseuses celtes, qui nécessitaient pour les acquérir de nombreuses années d’apprentissage. Elles sont évoquées de manière énigmatique par Clarissa Pinkola Estes dans son magnifique ouvrage « Femmes qui courent avec les loups« . Il y est question des enseignements anciens des méthodes de guérison des Nahua mexicains, « par une initiation à l’âme et par l’intermédiaire des métaphores et des systèmes du corps » (page 615) qui duraient sept années et concernaient « 7 sens ».  Sans doute tout cela, bien loin de nos préoccupations matérielles et intellectuelles, faisait-il partie de ces apprentissages.

Images du rêve : les arcanes du tarot de Marseille 3

Aux onze arcanes suivants (grands mystères) se rajoute le Mat, carte non numérotée.

Tarot Marseille

  • Le pendu XII: (force interne et non plus seulement externe comme dans la lame précédente). Il représente la culpabilité à nos yeux et à ceux des autres (elle nous étouffe), les chaînes, les remords, l’esclavage psychique/vis-à-vis de nos passions. Les liens avec les autres sont plus oppressants que salvateurs. La verticalité est difficile (notre vie est suspendue dans une attente), nous n’assumons pas notre verticalité, notre statut d’être humain. Il est urgent que notre corps et notre mental s’accordent. La tête du pendu est en bas, il reprend des forces au contact de la terre (régénérescence chtonienne). Les moyens matériels deviennent inefficaces pour la suite de la progression, l’initié entre dans un monde renversé.

Ci-dessous un christ à l’envers pris en photo sur le portail de l’église de Pont l’Abbé d’Arnoult (17), XIe XIIe siècles.

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  • Lame sans nom (la mort) XIII: La mort symbolise la fin d’un cycle et de ses illusions/habitudes/pensées/attachements périmés.  Mais aussi la peur du changement (poids du passé), l’angoisse, la peur de la mort vécue par l’ego. L’autre signification de l’arcane est la transformation vers un nouvel état, le changement profond de l’homme par l’initiation, la renaissance vers la vie et le progrès, vers un meilleur bien-être. Certains rêves initiatiques s’y rapportent, comme la mort de ses parents symboliques, « tués » pour devenir un adulte, atteindre la maturité et le recul psychologique. Une vie nouvelle est promise, mais il convient de suivre les étapes. Les lames qui suivent sont à caractère plus céleste.
  • La tempérance XIV: (lame de mort et renaissance) Lorsque l’on a conscience de ses limites et que l’on a atteint un équilibre intérieur, on est prêt à affronter la venue du Diable. On fait preuve d’une maitrise du désir, de modération et mesure (ciel et Terre). Il y a dans cette lame une idée de circulation des fluides, d’équilibre cosmique et corporel.
  • Le diable XV: Centre de nuit, représentation masculine/paternelle négative, le diable divise et manifeste nos points faibles. Il provoque une régression vers un désordre physique/moral/métaphysique. Manifestation de notre part d’ombre, le diable a accès à notre inconscient le plus sombre (peurs/vices) pour nous y confronter. L’ombre prend parfois le visage d’un proche qui personnifie notre part d’ombre négative, il peut avoir une emprise négative sur notre psychisme (traits de caractères pervers ou manipulateurs aux influences fâcheuses) : nous sentons alors le besoin de nous en défaire.  Le diable est le symbole de la plus grave des tentations : assouvir ses passions à n’importe quel prix (surexcitation/faiblesse). La soumission aveugle à ses instincts est dangereuse, tout autant que la tentation d’avoir un pouvoir occulte. Les symboles associés au diable peuvent être le dragon/serpent, l’ange déchu. Le diable est hermaphrodite. Il vient affronter seulement les âmes capables de l’affronter. Lorsqu’il apparait, il y a en perspective un travail de réunification, une synthèse et un dépassement de ces forces déstructurantes de la personnalité.
  • La maison-Dieu XVI: La tour est un principe phallique, évoquant le psychisme masculin. Cet arcane fait écho au mythe de la Tour de Babel, ou à celui de Prométhée (puni pour avoir voulu égaler les dieux). L’orgueil de l’homme voulant égaler le créateur et rejoindre le ciel l’amène à chuter de cette tour si haute, car le châtiment divin ne tarde pas à tomber, le reconduisant à sa place. La verticalité de l’homme est certaine, mais qu’il monte trop haut par la conscience et il risque l’isolement (tour d’ivoire), la démence, la chute. Le corps est indemne suite à cette chute. Le nombre 16 étant dynamique, la crise est salutaire et la suite du chemin s’ouvre alors. Après l’éclatement de la contraction (« L’abîme s’oppose au Nirvana », Jacob Boehme),  il est contraint de trouver un sens.
  • L’étoile XVII: Première apparition des astres dans les lames du Tarot : l’homme s’ouvre au mystère du sommeil et de la nuit, commence à se mêler à la vie cosmique et à prendre conscience de la destinée des hommes et du sens de la vie. On peut être né sous une bonne étoile… Le cœur a sa place ici : l’étoile est un centre de lumière, où règnent espérance et amour. Selon Tristan Moir, l’étoile est magique et puissante. A 5 branches, elle représente l’homme. Celle qui a 6 branches représente le cœur (centre d’énergie) qui s’ouvre à l’amour divin. Le triangle vers le bas représente les forces telluriques, la terre, le féminin, le sexe féminin, tandis que celui dirigé vers le haut représente les forces spirituelles, le ciel, le masculin. Le cœur est la rencontre de ces forces, leurs épousailles. Cela me fait penser au Mysterium Conjunctionis de Jung, mariage du masculin et du féminin en soi. Il y a un retour aux sources (eau). Les étoiles rêvées représentent aussi les constellations familiales, les interdépendances. Si les étoiles bougent, il y a transformation. L’étoile filante, quant à elle symbolise la réalisation de nos souhaits/émerveillements devant les instants de beauté fugace. Enfin, l’étoile est signe de créativité en cours, d’une naissance, d’une réalisation, un mouvement de formation de soi et du monde. L’inspiration de l’artiste, ses désirs inexprimés sont en route.

Ci-dessous un vitrail de la cathédrale de Bâle (Suisse) avec une étoile à 6 branches.

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  • La lune XVIII: La lune est porteuse des valeurs du passé, riche de tout l’inconscient. On voit sur la carte deux chiens psychopompes (accompagnant les âmes à travers la mort), et une écrevisse (qui mange ce qui est transitoire). Cet arcane montre trois plans : astres/terre/eaux. La lune est un astre de la nuit, des transformations intérieures, et des cycles.  Elle éclaire la nuit en reflétant la lumière alors que le soleil la dissipe. Il y est question de la mort. L’homme meurt deux fois…selon Plutarque, la lune est le séjour des hommes bons après la mort. La lune, qui attire les émanations telluriques, symbolise aussi la féminité inconsciente, intuitive  et cyclique. Artemis est associée à la lune (vierge farouche), il s’agit donc d’une représentation de la femme mais pas de la mère. Le volet négatif de ce symbole est la peur de la femme. La lune éclaire le chemin de l’imagination et de la magie. C’est l’heure d’un exercice de conscience, d’un retour sur soi.
  • Le soleil XIX (lame de triomphe) : C’est l’arcane de l’illumination totale et de l’objectivité : l’homme est au sommet de l’initiation, il n’est plus seul. Le soleil fait disparaître l’illusion de l’ombre et montre la réalité et la vérité. Ce symbole est un symbole de conscience, de rayonnement, richesse, lumière intérieure, clarté, connaissance, énergie fécondante, de vie et d’unité. Il y a en outre dans ce symbole un volet masculin : il représente le père positif, un père spirituel éclairant. Le fait que l’on rêve de soleil sans le voir de face signe le fait que la conscience contemple le monde et pas elle-même. La lumière va de l’intérieur (de nous), vers l’extérieur.

Les jumeaux apparaissant sur la lame symbolisent l’harmonie des opposés qui deviennent égaux et tendent à l’unité. C’est cet équilibre qui nous mène vers la lumière de la connaissance. Ainsi, la phase d’opposition interne et duelle est résolue. Elle a été conscientisée pour être dépassée. Les jumeaux intègrent les côtés mâle et femelle, actif et passif, Adam et Eve pour créer la pierre philosophale, le Graal, l’hermaphrodite initial. L’homme a pris l’exacte mesure de lui-même et de ses possibilités.

  • Le jugement XX:  L’homme peut être jugé en totalité, en lui-même et dans ses œuvres. Il s’agit d’une résurrection, d’un réveil après la mort. La grande-mère ou le vieil homme de Jung en sont les représentations (le soi). L’appel de l’esprit (principe unificateur qui pénètre et sublime) est victorieux, et il n’y a pas de véritable action qui ne vienne de l’âme (intuition et affectivité enrichissent la pensée.)
  • Le monde XXI: C’est la synthèse de tout ce qui a été obtenu. Sur cette carte apparaissent :

Un cheval (bœuf) : la chair : symbole de l’homme, la matière n’a pas d’auréole de sublimation: correspond à : terre-soir-occident-automne

Un lion : jaune avec auréole couleur chair : matière déjà en voie de spiritualisation: feu-midi-été-sud

Un aigle : représente les forces inconscientes sublimées : jaune et ailes bleues, l’auréole est rouge : l’esprit domine les instincts: air-est-matin-printemps

homme/ange : esprit : valeur suprême moteur de toute action, terme de toute évolution: eau fécondante-nuit-nord-hiver

La guirlande est rouge car l’esprit est le point de départ/le centre/l’aboutissement.

La forme de la mandorle est le symbole de l’union entre terre et ciel (cf Christ/Vierge/divinités hindoues).

La femme est en équilibre ET en mouvement, elle a un voile sur épaule gauche.

Le monde est un tourbillonnement, une danse perpétuelle où rien ne s’arrête, une

« Structure d’antagonisme équilibré » selon Gilbert Durand.

Cette carte fait aussi penser au tétramorphe chrétien: les quatre symboles des évangiles: le aigle, taureau, homme et lion (ces images présentes dans l’inconscient de l’homme surgissent ici et là, dans une religion ou un rêve, comme une plante pousse sur un rhizome pousse à différents endroits sans qu’on en voie les racines.) Ci-dessous le portail royal de Chartres (époque romane).

portail

  • Enfin le Mat, sans numéro: ainsi que l’écrivent Jean Chevalier et Arthur Gheerbrant dans leur Dictionnaire des symboles,  l’homme après avoir obtenu de ce monde tout ce qu’il peut donner, reconnait qu’il ne possède rien de valable et retourne en conséquence à l’inconnu, à l’inconnaissable qui précède et suit sa vie. Devant cette double impasse, il continue de chercher mais en ayant admis dans son intelligence et accepté dans ses souffrances de son corps qu’il y a une différence de nature entre Dieu et nous. Le seul rapport avec lui résiderait dans l’espérance, l’abandon et l’amour. La passivité prend alors un caractère sublime. On trouve dans les écrits sur les rêves de Tristan Moir un parallèle entre le fou qui ose et le sens profond de sa sagesse individuelle. Sens caché du langage du rêve transmettant une vérité, sens profond des actes et des paroles, rupture avec le monde matériel dans le sens d’une libération.

Cet article a été rédigé à partir du travail sur les symboles de ces trois auteurs.

Leur suite constitue un ensemble de points de repères précieux pour qui veut savoir où il en est sur ce chemin solitaire que l’on parcourt les yeux fermés.

Quelques jours après la rédaction de ce texte m’est revenu un rêve que j’avais oublié concernant le tarot de Marseille: je voyais des livres dans une benne de déchetterie et à côté, un jeu de tarot dont je savais que je devais le prendre à la place des livres (que je dévore au quotidien depuis l’enfance). Quelques temps plus tard, j’ai acheté ce jeu dans la réalité et découvert ses images dans leur ensemble. J’en connaissais déjà quelques-unes au travers des interprétations de Tristan Moir.

Images du rêve : les arcanes du tarot de Marseille 2

Voici une synthèse approchant la signification psychique des différents symboles du tarot de Marseille (rédigée à partir des livres de Tristan Moir et de l’encyclopédie de Jean Chevalier et Arthur Gheerbrant : Dictionnaire des symboles.)

Tout d’abord, dans la tradition, les cartes du tarot sont au nombre de 22.

Tarot Marseille

Celle autour de laquelle gravitent les autres est L’étoile XVII, qui est une lame de mort et de renaissance. De triomphe également.

Autour de cette carte gravite une autre carte pilier : l’amoureux VI.

Les 22 lames sont partagées en trois groupes de 7 plus le mat qui n’a pas de numéro (hors du temps) :

  • les 7 premières (bateleur, papesse, impératrice, empereur, pape, amoureux et chariot) correspondent selon les auteurs aux valeurs de l’esprit.
  • Les 7 suivantes (l’hermite, la justice, la roue de fortune, la force, le pendu, la mort et la tempérance) aux valeurs de l’âme
  • Les 7 dernières (hors Mat : Le diable, la maison dieu, l’étoile, la lune, le soleil, le jugement et le monde) aux valeurs du corps.

Un autre découpage en deux parties différencie les 11 premières cartes décrivant la voie initiatique des petits mystères : la première voie d’initiation vers la sagesse. Le Bateleur est le point de départ de cette initiation active. Les 11 suivantes, à partir du Pendu, est la 2ème voie des grands mystères, initiation mystique. Le pendu (XII, lame de mort et de renaissance) ouvre la voie de l’initiation passive.

Les alternances esprit/âme/corps interviennent aussi dans des cycles plus courts de trois cartes.

Ainsi, les lames concernant l’esprit (démarche active) sont parallèlement : le Bateleur I, l’Empereur IV, le Chariot VII, la Roue de fortune X, la Mort XIII, la maison-Dieu XVI, le soleil XIX.

Celles concernant l’âme (démarche intermédiaire entre active et passive) : La papesse II, Le pape V, La justice VIII, la Force XI, la tempérance XIV, l’étoile XVII, Le jugement XX.

Enfin les cartes du corps (« démarche » passive) : l’impératrice III, l’amoureux VI, l’Hermite IX, le pendu XII, le Diable, XV, la lune XVIII, le Monde XXI.

Voici à présent un développement court pour les onze premiers arcanes (petits mystères) dans lesquelles vous trouverez peut-être un écho à votre itinéraire:

  • Le Bateleur I: point de départ (projet ou processus d’individuation), potentiel énergétique. Infini et diversité du monde unitaire. Mais aussi versant arnaqueur de ce jeune homme.
  • La papesse II: Le monde se manifeste, fécond derrière un voile blanc. La déesse-mère (Isis) détient les secrets du monde, mais ne les dévoile pas…encore. Attente.
  • L’impératrice III : intelligence souveraine, qui donne le pouvoir et la force motrice (antimoine des alchimistes). Pouvoir du monde matériel. Symbole de la mère, Isis ou mère cosmique (affectivité et charme). Possibilité de la tyrannie d’un être immature. Se détacher du roi et de la reine pour aller fonder son propre royaume.
  • L’empereur IV: Equilibre des forces par opposition des contraires. Force active, domination, pouvoir du père/démiurge. Prendre possession de soi-même.
  • Le pape V: figure masculine idéalisée et toute-puissante, guide intérieur. Il communique son savoir, et un devoir de moralité et de conscience. Transfert positif. La croix papale a trois traverses : harmonie entre le divin/psychique/physique.
  • L’amoureux VI: Parabole d’Hercule au carrefour : un choix qui engage doit être fait (entre la vertu et le vice) car une seule route conduit au bonheur. Tension de l’épreuve. Ce choix concerne l’affectivité, il s’agit d’un choix adolescent, sexuel. Pour prendre la bonne décision, il faut se connaitre. La flèche aide à résoudre ces problèmes d’ambivalence.
  • Le chariot VII: risque d’inflation (folie des grandeurs ou énergie nous emportant). L’amoureux a résolu l’ambivalence (il est couronné d’or). Il avance. Travail de construction dans les trois mondes : naturel/humain/divin par une action personnelle. (Lors d’une recherche pour une amie qui fit un rêve proche de cette image, j’en ai trouvé une autre représentation où les chevaux sont remplacés par des sphinges : corps de lion, ailes et figure féminine.)
  • beauvais-11-04-04-159
  • La justice VIII: l’amoureux devenu actif se heurte d’abord à la justice. Rappel de l’équilibre nécessaire. Loi d’organisation du chaos dans le monde et en nous. Il ne faut rien bouleverser. Pour les vrais initiés, la balance maintient l’équilibre entre le Pape et la Force. ( ?)
  • L’Hermite IX: Partir à travers le monde chercher la vérité, fort de son idéal, détaché du monde et de ses passions. La lanterne est la lumière voilée de la sagesse. L’illumination doit rester intérieure, et ne doit pas être partagée avec tous. Prudence.
  • La roue de fortune X: symbole de temporalité : mouvement, de cycle, renouvellement, impermanence et transformation (cycle des naissances, de l’homme et de l’univers, chance et malchance, alternance du sort.) Symbole solaire. Symbole de l’énergie (centres énergétiques utilisés dans les voir, sans en connaitre l’existence). Conscience de l’énergie. Les forces inconscientes sont domptées et utilisées pour nous, les instincts sont sublimés, les passions assujetties (le vil est transmuté plutôt que tué). Le lion et la Vierge symbolisent la force morale. Une force innocente ie féminine, douce et subtile. (Un autre article sera consacré aux évocations d’énergies corporelles notamment en rêves.)
  • La force XI: la force arrête la roue : l’initié a trouvé ce qu’il cherchait : l’infini dont le signe apparait sur la carte du Bateleur. La force trouve sa source dans la justice et va à la tempérance ( ?).  La force de volonté est dirigée vers la réalisation de valeurs morales. Cette purification morale est la base de tout entrainement mystique.

L’article 3 sera consacré aux douze autres arcanes : les 11 de la voie des grands mystères et l’arcane du Mat.

 

Images du rêve : les arcanes du tarot de Marseille 1

Parfois, il arrive que les symboles et images rêvés, plus spécifiques, résistent longtemps à notre volonté de les comprendre.

Tarot Marseille

Plusieurs rêves, cités ci-dessous m’ont amenée à m’intéresser aux lames très imagées du tarot de Marseille. Auparavant, je considérais ce tarot, dont je ne connaissais d’ailleurs pas les images, uniquement comme un jeu divinatoire utilisé par des voyant(s) pour prédire l’avenir de leurs clients. Mais j’y ai découvert une représentation du parcours psychique de l’humain. Il se pourrait que le fait que les cartes tirées pour une personne correspondent à sa vie au moment dit relèvent d’une synchronicité  (coïncidence signifiante peu probable statistiquement et se répétant parfois de nombreuses fois en très peu de temps dans la vie de certaines personnes.)

Voici tout d’abord quelques thèmes de rêves symboliques auxquels je fais référence, faits entre 2012 et 2016, et de quelques échos dans la vie diurne.

  • Rêve d’un étal avec couteau et viandes, en pleine rue (lame du bateleur I) en début e d’introspection.
  • Rêves répétitifs d’ange, à un moment d’émoi affectif envers une personne solaire (L’amoureux VI). Ces rêves sont doublés d’une synchronicité : une de mes amies a peint un tableau d’ange, la semaine où j’ai fait un de ces rêves.
  • ange
  • Ange de S. Rigaud
  • Le pendu, rêve que je fis plusieurs fois avant d’en comprendre la signification. (lame du Pendu, XII), signe finalement d’une trop grande part de l’intellect dans ma vie…
  • Dans des rêves où je me confonds avec une autre personne (pertes des frontières psychiques) : les vases communicants de la Tempérance (XIIII), qui est ailée sur la lame.
  • Rêve de chute, précédant de peu une chute dans ma vie, réelle (je suis vraiment tombée au sol, ce qui n’était pas arrivé depuis l’enfance) et imagée : difficultés de vie, (La maison Dieu XVI)
  • L’étoile…Est-ce la femme de la tempérance qui a perdu ses ailes…et rompt les vases communicants ? En tous les cas, cela correspond dans ma vie à une distanciation d’une personne avec qui j’étais trop fusionnelle. (Au moment où j’écris cet article, clin d’oeil de l’étoile, ma fille ouvre une carte portant une étoile, elle qui danse si bien…et porte à cet instant un pyjama plein d’étoiles blanches.)

A l’arrière-plan de la lame, des étoiles (rêvées elles-aussi) et un oiseau dans un arbre (rêvé à la même période aussi.) Enfin, dans la vie réelle, une étoile filante, vue à un moment improbable, en début de soirée, en décembre. (L’étoile XVII). A ce moment précis, une amie en fin de vie est admise à l’hôpital. Son mari parlera à son propos d' »étoile » quelques jours plus tard.

  • Rêve de jumeaux. (Le soleil, XVIIII)
  • Rêve de départ avec un sac à dos. Rêve d’une morsure à la cuisse par un chien, que je gronde. (Le mat)

Ces multiples échos m’ont amenée à lire sur le sujet, notamment au travers des livres de Tristan Moir et de l’encyclopédie de Jean Chevalier et Arthur Gheerbrant : Dictionnaire des symboles. C’est à partir de ces ouvrages que j’ai rédigé les descriptions que vous trouverez dans les deux articles suivants.

Les étapes de l’individuation dans les rêves chez l’ »homme »

Ainsi que décrit dans l’article précédent concernant les symboles de rêves féminins ponctuant l’individuation d’une femme selon Jung, le terme de ce processus est également chez l’homme le Soi, unité de la personnalité adulte alliant conscient et inconscient.

En revanche, ce n’est plus l’animus qui constitue la partie inconsciente de la personnalité lors de ce processus chez l’homme, mais l’anima, partie féminine.

Celle-ci connaît aussi selon Carl-Gustav Jung et Marie-Louise Von Franz quatre étapes d’évolution :

  • La femme primitive (relations instinctuelles et biologiques), telle Eve
  • La femme belle, avec la présence d’éléments sexuels (Hélène de Faust)
  • La Vierge Marie (Eros spirituel)
  • La femme sage, sainte et pure (Joconde, déesse grecque par ailleurs d’une grande beauté)

Mais les symboles du processus d’individuation chez l’homme dépassent de beaucoup les apparitions de femme en rêve. Voici les différents stades développés par Jung :

  • Symboles du stade initial :
  • Catastrophe cosmique
  • Rêves d’animaux : lion, serpent, oiseau, cheval, taureau
  • Puis rêves d’eau, grotte, mer
  • Arbre, instruments, crucifix
  • Stade moyen :
  • Grenouille
  • Gué
  • Arbre
  • Planer, nager, être suspendu
  • Stade final
  • Symboles isocèles, roue, carré
  • Fleurs
  • Etoile, soleil
  • Œuf
  • Enfant
  • Vieux sage, fou à sac à dos, jeune garçon

 

Il se trouve que parallèlement à mon « évolution féminine » en rêve, je me retrouve beaucoup dans ces symboles et leur déroulement censés concerner les hommes. Je ne sais pas si cela ne concerne que ma personnalité ou si certaines femmes rejoignent ce constat.

Toujours est-il qu’un rêve d’une catastrophe cosmique fait à 36 ans a eu un très grand impact sur ma vie psychique. Ce rêve était d’une puissance inédite, sûrement le plus fort que je fis, avec notamment le bruit assourdissant de ce que j’ai fini par rapprocher d’une apocalypse. (N’ayant pas eu d’instruction chrétienne, mes connaissances en la matière ne sont pas très anciennes et il m’a donc fallu un certain temps, à la recherche du sens de tout cela, pour faire un rapprochement entre les images de ce rêve et l’apocalypse chrétienne d’une part et le combat de St Georges et du dragon d’autre part, puisque je me trouve au début de ce rêve dans la position de me battre contre un très gros varan.)

J’ai rêvé de tous les symboles détaillés plus haut dans le stade initial entre l’adolescence et 36 ans environ. En revanche, les symboles du stade moyen sont apparus dans un laps de temps assez court au regard de la période précédente : entre 34 et 36 ans. Enfin, ceux du stade final suivent scrupuleusement dans la chronologie nocturne : je les fais donc entre 36 et 38 ans.

Si ces regroupements évolutifs vous parlent, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour nous parler de votre parcours.

A bientôt !

Les étapes de l’individuation en rêve chez la « femme »

Carl-Gustav Jung a recensé les symboles intervenant dans les différents stades du développement spirituel chez l’homme et la femme.

Concernant la femme, il distingue quatre stades :

  • L’apparition de l’animus (partie masculine du psychisme de la femme, inconscient au départ et qui servira d’intermédiaire avec l’inconscient, et de base à la mise en actes de sa féminité agissante dans le monde extérieur).

Dans ce premier stade, viennent en rêve des images d’hommes soit laid ou sinistre, soit d’une beauté surnaturelle.

J’ai personnellement fait ce genre de rêve à plusieurs reprises à l’âge de 20/21 ans.

  • Un stade moyen, avec l’apparition de nouvelles images masculines : garçon d’hôtel, chauffeur, voleur, brigand, aventurier, moine, prêtre.

Ces images masculines (excepté le garçon d’hôtel) sont apparues dans mes rêves entre 34 et 37 ans (17 rêves avec une majorité de figures de brigands).

L’ombre (partie inconsciente faisant la balance avec les qualités ou traits de caractère conscients, et donc souvent particulièrement négative) est projetée, le plus souvent sur une femme.

Dès le début de l’introspection débutée à 34 ans, une figure féminine particulièrement effrayante est apparue (sorcière).

  • Des images positives masculines interviennent ensuite (conseiller, guide, ami.)

7 rêves illustrent pour moi cette période psychique, qui dure depuis mes 36/37 ans. Parallèlement, dans la vie diurne, quelques présences masculines dans mon entourage m’apportent un soutien considérable, tout comme mes amis garçons dont j’étais très proche lorsque j’avais 17 à 22 ans.

  • Le soi (les figures d’animus s’estompent lorsque le conscient et l’inconscient fusionnent, pour donner naissance au Soi, terme par lequel Jung désigne la personnalité unitaire issue du cette fusion et de l’intégration de l’ombre.)

Les symboles équivalents à cette phase sont : une déesse, prêtresse, magicienne, la terre-mère, déesse de la nature ou de l’amour, marraine, jeune fille aux pouvoirs surnaturels.

Concernant cette phase, mes rêves pouvant s’y rapporter sont de plusieurs ordres, mais seul le recul permettra de savoir s’il s’agit de symboles du Soi ou pas. Ils datent de moins de 3 ans.

  • Deux rêves d’une déesse hermaphrodite : après recherche, il s’agit d’une déesse primordiale, présente dans plusieurs civilisations (celte, sumérienne, égyptienne, etc.)
  • Deux rêves d’un personnage-femme possédant un troisième œil.
  • Deux rêves de fée.
  • Un autre symbole du Soi est une ville géométrique avec son enceinte, évoquant un mandala, rêve que j’ai fait deux fois aussi.

D’une manière générale, les symboles importants s’expriment chez moi deux fois, sauf si je ne les comprends pas, auquel cas, ils peuvent apparaitre plusieurs fois avant de disparaître quand je les comprends.

Encore une fois, tous ces symboles sont apparus dans l’ordre décrit par Carl-Gustav-Jung. Pour information, j’ai lu ce livre en 2015 et il n’a donc pas influencé les rêves que j’ai faits. En revanche, il m’a permis d’avoir un éclairage sur la signification non plus d’un rêve isolé mais d’une longue série.

Un autre écrit de Carl-Gustav Jung, produit conjointement à Marie-Louise Von Franz (L’homme et ses symboles), avec qui il a travaillé de nombreuses années, donne quelques indications supplémentaires sur l’évolution en quatre étapes de l’animus :

  • Tarzan (personnification simple et force physique)
  • Homme d’action ou romantique, prenant l’initiative, organisant l’action.
  • Homme du Verbe (orateur : prof/prêtre)
  • Sage, médiateur de l’expérience religieuse, donnant un sens nouveau à la vie (Gandhi).

J’espère que ces indications vous auront été utiles pour vous situer et accéder à une compréhension plus large de vos rêves à long terme.

Dans l’article suivant, j’évoquerai les éléments d’une évolution plus masculine selon Jung, qui curieusement ont également un certain écho dans mon âme féminine.