Présent et avenir, Carl Gustav Jung 2

p58  En présence de cette situation, la question subsiste en Occident : « Que pouvons-nous faire contre cette menace ? »

Notre psyché est en premier lieu responsable de tous les modifications historiques qui ont été imprimées par la main de l’homme à notre planète (…).

P171 En fait, on peut dire que l’on est encore aujourd’hui inconscient du fait que chaque individu est une pierre dans la construction des organismes politiques, et même des structures qui se dressent à l’échelle mondiale (…)

1) Ralentir et prendre le temps de se connaître

p93 Il n’est malheureusement que trop évident que si l’être –en son particulier- ne réussit pas à se rénover sur la plan de la psyché, la société –somme d’individus en quête de renouvellement, de libération, de salut et de rédemption-y parviendra encore moins.

P101 L’homme saisi dans une communauté ne subit en tant qu’être intérieur aucune transformation.

P13 A cause, en particulier, du fait que l’homme réputé normal ne dispose que d’une connaissance fort limitée de lui-même.

On confond en général la connaissance de soi avec la connaissance de son moi conscient, que l’on tient pour sa personnalité. Quiconque dispose tant soit peu de conscience de son moi (NdT : Ce qui n’est déjà pas si fréquent et n’est déjà pas si mal.) croit naturellement, avec la plus grande assurance, se connaître. Or, le moi ne connait que ses propres contenus(…)

P15 Il faut, en outre, compter avec cet immense domaine de l’inconscience, qui est hors de portée de la critique et du contrôle de notre conscient(…)

P18 Ainsi, ce n’est pas la conformité à une norme générale et régulière, mais bien plus son unicité qui fonde l’individu en tant que tel.

P23 Or, c’est l’individu qui, en tant que donnée irrationnelle, est le véritable porteur de la réalité. C’est dire que c’est l’individu qui est l’homme concret, par opposition à l’homme normal où à l’homme idéal qui, lui, est une abstraction, cette abstraction étant la seule base des formulations scientifiques.

P43 L’homme qui n’est pas ancré dans le divin (/la nature) n’est pas en mesure de résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. Pour s’affirmer en face de ce dernier, l’homme a besoin de l’évidence de son expérience intérieure, de son vécu transcendant, qui seuls peuvent lui épargner l’inévitable glissement dans la masse collective.

P148 149 Car le point d’origine d’une croyance véritable n’est pas le conscient, mais une expérience religieuse spontanée(…) cette certitude qui est le seul rempart qui puisse me protéger, moi homme isolé, de la dissolution dans la masse.

P69 Les deux camps qui se partagent le monde ont en commun une finalité matérialiste et collectiviste et à tous deux il manque ce qui exprime l’homme en totalité, ce qui le promeut, le construit, le fait vibrer, le rend sensible, c’est-à-dire en bref ce qui met l’être individuel au centre de toute chose comme mesure, réalité et justification.

P174 A cette fin on fait appel à l’idéalisme, l’enthousiasme, et à la conscience éthique.

P185 Comme au début de l’ère chrétienne se pose aujourd’hui à nouveau le problème de l’arriération morale, dont est frappée l’humanité en général et qui se révèle être tragiquement inadéquate au développement moderne, scientifique, technique et social.

Bonheur et satisfaction, équilibre psychique et sens de la vie, sont des états d’âme dont seul l’individu peut faire l’expérience en les vivant et non point l’Etat (…)

Les circonstances sociales et politiques d’une époque sont certes d’une importance considérable. Mais elles sont démesurément surestimées dans leur importance pour le bonheur et le malheur de l’individu.

2) Résister aux pressions extérieures pour vivre comme on le souhaite

P30 Que veut dire l’importance qu’il attache à sa personne ou aux membres de sa famille, ou à ceux d’entre ses amis qu’il estime particulièrement, sinon qu’elle exprime la subjectivité un peu ridicule de ses sentiments ?

P52 Comme une addition de zéros n’a jamais donné l’unité, la valeur d’une communauté correspond à la moyenne intellectuelle et morale des individus qu’elle comprend dans son sein.

3) Prendre conscience que nous appartenons à une espèce meurtrière (l’ombre)

P172 Rien n’a une action aussi dissolvante et aliénante au sein de la société que précisément cette sorte de commodité morale, d’irresponsabilité (…) ces corrections nécessaires exigent en premier lieu l’autocritique de l’individu. On ne peut dépister et reconnaître le préjugé et l’illusion que si, partant d’un savoir et d’une position psychologique générale, on est prêt au sens le plus vaste à douter de l’exactitude absolue de ses suppositions et à les comparer une à une, avec soin et conscience avec les données objectives.

P 161 L’européen doit encore assumer la responsabilité de tous les crimes commis sur les peuples exotiques, lors de la fondation des colonies. (…) Cette tare de l’homme, sa tendance au mal est infiniment plus lourde qu’il n’y paraît et c’est bien à tort qu’elle est sous-estimée. Comme on se complait en général à l’opinion que l’homme est ce que son conscient sait de lui-même, on se prend pour inoffensif, ajoutant ainsi à la méchanceté une stupidité qui lui correspond.

P162 163 (…) par conséquent je suis un être qui est coresponsable et qui possède dans son essence, inexpugnables et immuables, la capacité et la tendance à commettre de pareilles actions à tout moment. (…) nous n’en sommes pas moins, en fonction de notre nature d’homme, des criminels en puissance. (…) Que l’action abominable ait été commise il y a bien des générations ou qu’elle se produise aujourd’hui, elle reste le symptôme d’une disposition existant partout et toujours, et c’est pourquoi il est prudent de savoir qu’on possède une « imagination dans le mal » car seul l’imbécile croit pouvoir se permettre d’ignorer et de négliger les conditionnements de sa propre espèce.

P169 Voilà le grand problème qui se pose aujourd’hui : la raison seule ne suffit plus. (manque structure morale)

P175 Tous les idéalismes prêchés avec ostentation sonnent un peu creux et ne deviennent acceptables que lorsqu’on tient compte aussi de leur contraire. Sans ce dernier, sans ce contrepoids des contraires (…) à force de manquer d’humour, il devient peu vraisemblable.

La peur de la destruction générale nous épargnera peut-être le pire ; mais sa possibilité plane et planera, telle de noires nuées, sur notre existence, tant que n’aura pas été trouvé un pont qui permette de surmonter et de franchir la dissociation politique du monde et de l’âme. Ce pont devra être aussi sûr que l’est l’existence de la bombe à l’hydrogène.

4) Renforcer les liens affectifs: famille, amis, …

P 173 Plus les individus sont désagrégés les uns par rapport aux autres, moins ils sont enracinés dans des relations stables, plus ils sont susceptibles de se raccrocher à l’organisation étatique, plus celle-ci peut se densifier et vice-versa.

p175 Connaître et accepter son ombre achemine à cette modestie qui est nécessaire à la reconnaissance de son imperfection. Mais précisément c’est cela, l’acceptation consciente de ses petitesses et la prise en considération de ses mesquineries personnelles et de ses imperfections, qui est l’attitude la plus nécessaire chaque fois qu’il s’agit d’établir une relation humaine. (…) Ce qui est parfait n’a que faire de l’autre alors que ce qui est faible cherche un adossement et par conséquent, n’oppose rien au partenaire qui le coince dans une position subordonnée ou qui l’humilie dans une supériorité morale.

P176 La question des relations humaines et des rapports inter-humains dans le cadre de notre société est devenue un souci urgent en face de l’atomisation des hommes « massifiés », simplement entassés les uns sur les autres et dont les interrelations personnelles sont minées par une méfiance généralisée.

Lorsque les fluctuations du droit, l’espionnage policier et la terreur sont à l’œuvre, les hommes sont acculés à l’isolement et à n’être que des parcelles menacées, ce qui cadre avec le but et l’intention de l’Etat dictatorial, qui repose ainsi sur l’amoncellement aussi massif que possible d’unités sociales impuissantes. En face de ce danger, la société libre a besoin d’un liant de nature affective, comme en sont un, par exemple, la charité ou l’amour chrétien du prochain. C’est de la relation d’homme à homme que dépend sa cohésion, et par conséquent aussi sa force. Là où cesse l’amour, commence la puissance, l’emprise violente et la terreur.

5) Prendre conscience qu’il faudra peut-être (sans doute…) des centaines d’années…pour arriver à un monde plus juste

Tout ce que je sais, c’est qu’il faudra du temps pour amener des modifications psychiques dont on pourra compter une certaine stabilité. Une connaissance, une compréhension qui pointent, s’esquissent et vont lentement leur chemin me semblent promettre une efficacité plus durable qu’un idéalisme qui ne jette sa flamme que pour s’éteindre.

P182 Quiconque a pris conscience de ses motivations vraies et s’est ouvert ainsi une voie vers l’inconscient exerce, sans même en avoir conscience, un effet sur son entourage. Le mana est une influence involontaire sur l’inconscient d’autrui, en quelque sorte un prestige inconscient qui toutefois ne garde son efficacité que tant qu’il n’est pas perturbé dans sa spontanéité par des intentions secondes.

P 181 L’influence que l’on souhaiterait avoir sur tous les individus peut très bien se faire attendre des centaines d’années, car la modification mentale de l’humanité se produit, de façon presque insensible, au pas lent des millénaires, et elle ne se laisse ni accélérer ni retarder par des processus de réflexion rationnelle. Encore bien moins est-il question de réaliser cette efficacité en l’espace d’une génération.

P183 Les efforts entrepris pour actualiser en l’homme une connaissance de lui-même ne sont point aussi vains et aussi désespérés qu’il peut sembler, dans la mesure où il existe un facteur jusqu’à présent totalement méconnu, et vient, secourable, au-devant de nos efforts : c’est l’esprit inconscient du temps, qui compense l’attitude du conscient et qui anticipe intuitivement sur les modifications à venir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présent et avenir, Carl Gustav Jung 1

Dans notre pays où Freud et Lacan occupent presque tous les rayonnages de psychanalyse, psychologie etc., nous connaissons très mal un grand homme suisse qui selon moi en est tout simplement le plus grand penseur du XXe siècle (sur l’homme, la vie et la société en général): Carl-Gustav Jung.

Voici ici quelques extraits (Edition Buchet/Chastel 1991 ) de son livre écrit au printemps 1956 et brûlant d’actualité au vu des événements politico-sociaux en France. Il nous permet de porter un regard lucide sur notre société périmée et explique dans quelle mesure ce sont des changements très personnels qui permettront de construire une société meilleure.

Dans cet article, ses citations parlent d’elles-même de manière limpide de : L’individu menacé par la société, et dans le suivant de la solution préconisée par Jung: travailler sur l’homme/individu intérieur pour bâtir une société meilleure.

Pp 9-10 Ce qui pourrait encore subsister de réflexion, de compréhension et de perspicacité caché chez l’individu se trouve écrasé par la masse et c’est pourquoi cette dernière mène nécessairement à la tyrannie autoritaire et doctrinaire, dès que l’Etat fondé sur le droit manifeste des signes de faiblesse.

En présence d’une situation donnée, la discussion basée sur des arguments de raison ne demeure possible et n’a de chances d’aboutir que tant que le potentiel émotionnel inhérent à la situation n’a pas dépassé un certain niveau critique. Dès que ce dernier est franchi par la température affective et l’émotivité, les possibilités et l’efficacité de la raison se trouvent anéanties ; s’y substituent des slogans et des désirs chimériques et fumeux ; c’est-à-dire que la raison fait place à une espèce d’état de possession collective qui se propage à la manière d’une épidémie psychique.

P12 Au sein d’une telle masse, ce sont les éléments asociaux qui sont les adaptés.

P 25 26 Il en résulte immanquablement que la responsabilité morale de l’individu est remplacée par la raison d’Etat. A la place d’une différenciation morale et spirituelle de l’individu surgit la prospérité publique et l’augmentation du niveau de vie (…). L’individu se voit privé de plus en plus des décisions morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie ; en contrepartie il sera, en tant qu’unité sociale, régenté, administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités d’habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation des loisirs préfabriquée, l’ensemble culminant dans une satisfaction et un bien-être des masses qui constitue le critère idéal. (…) Cette dernière (doctrine d’Etat) n’a que faire des personnalités capables de jugement (…) C’est la raison d’Etat qui doit décider en dernière analyse, en particulier de ce qui doit être enseigné et appris.

P28 L’esclavage et la rébellion sont toujours corrélatifs et l’on ne saurait séparer d’un de l’autre. C’est pourquoi l’appétit et la jalousie du pouvoir, et une méfiance qui va croissant, pénètre tout l’organisme de haut en bas. En outre, une masse engendre automatiquement, par compensation de son caractère chaotique et informe, son « Führer », qui pour ainsi dire obligatoirement, succombe à l’inflation dont son moi ne peut pas ne pas être victime ; l’Histoire ne nous en offre que trop d’exemples.

P29 (…) l’individu disparait de toute façon, c’est le rationalisme de la pensée scientifique qui s’avère être l’un des facteurs principaux de l’agglutination des individus en masse (…) l’homme comme unité sociale a perdu son individualité et s’est transformé en un numéro abstrait de la statistique sociale.

P31 (…) il est déjà sur le chemin de l’esclavage d’Etat et il en est même devenu sans le vouloir le promoteur.

P33 De ce fait, l’individu est de plus en plus ravalé à n’être qu’une fonction de la société (…) En réalité, l’Etat n’est qu’un camouflage qu’utilisent les individus qui le manipulent. De ce fait, la convention originelle de l’Etat légal glisse de plus en plus vers la situation d’une forme de société primitive, en l’occurrence celle du communisme d’une tribu primitive, soumise à l’autocratie d’un chef ou d’une oligarchie.

Pp 35 36 Nous venons de rencontrer la fiction de la puissance étatique qui se magnifie elle-même, et qui n’est à y regarder de près que l’arbitraire des chefs de tribu manipulant l’Etat ; tous les mouvements sociaux et politiques contemporains qui se fondent sur cette fiction visent à la libérer de toute limitation –pourtant bien salutaire et nécessaire-, et s’efforcent dans ce but de neutraliser les religions. C’est qu’en effet, pour transformer l’individu en une fonction d’Etat, il faut tendre à le soustraire de tout autre conditionnement et à toute autre dépendance. Or, appartenir à une religion implique que l’individu accepte une dépendance et se soumette à des données irrationnelles qui ne se rapportent pas directement à des conditions sociales et physiques, mais qui émanent bien davantage du fond et de l’attitude psychique de l’individu.

(…) s’il y a un seul conditionnement, et si aucun autre ne s’oppose au premier, le jugement et la libre décision sont non seulement superflus mais même impossibles.

P48 A l’instar des Eglises, l’Etat aussi exige l’enthousiasme, le sacrifice et l’amour, et si les religions exigent et supposent la crainte de Dieu, l’Etat dictatorial, lui, veille à ce que règne la terreur qui lui est nécessaire.

P49 Le but religieux, libération du mal, réconciliation avec Dieu et récompense dans l’au-delà, se transforme sur le plan étatique en promesses d’ici-bas : libération des soucis du pain quotidien, répartition équitable des biens matériels, bien-être général dans un futur pas trop lointain, réduction des heures de travail. Que l’accomplissement de ces dernières promesses demeure presque aussi nébuleux que le paradis ne constitue qu’une analogie supplémentaire (…)

P50 La religion (…) réapparait (…) dans la déification de l’Etat et du dictateur.

P51 Ce qui importe n’est plus la décision éthique de l’homme, mais le mouvement aveugle de la masse abusée, et le mensonge a été élevé à la dignité de principe fondamental de l’action politique.

P56 Un tel Etat n’a pas de crise sociale ou économique à craindre. Tant que la puissance de l’Etat est sans faille, c’est-à-dire qu’il existe une armée policière bien disciplinée et bien nourrie, une telle forme d’Etat peut maintenir son existence pour une durée indéterminée, et même augmenter sa puissance dans une proportion tout aussi indéterminée.

P65 L’individu se trouve ainsi amputé de sa liberté devant Dieu par les uns, de sa liberté devant l’Etat par les autres, ce qui dans un cas comme dans l’autre creuse sa tombe.

P70 Dans cette réalité, l’homme est l’esclave et la victime des machines qui conquièrent pour lui l’espace et le temps.

P71 (…) sa participation à la fabrique est payée par la perte de la possession de lui-même ; sa liberté de mouvement est échangée contre l’enchaînement au lieu de travail ; il perd tout moyen d’améliorer sa position s’il n’accepte pas de se laisser exploiter par un travail à la chaîne épuisant (…) Certes, avoir un toit et avoir une nourriture quotidienne de bétail ne sont pas des détails insignifiants alors que le minimum vital peut lui être ravi d’un jour à l’autre.

P96 97 Plus les organisations sont puissantes, plus elles entraînent de risque pour la moralité. (…) un individu au sein d’une masse se trouve immanquablement diminué, intellectuellement et moralement.

P103 Chaque fois qu’un tel état social prend des proportions importantes, il prépare les chemins de la tyrannie ; il lui ouvre les portes et la liberté de l’individu se transforme en un esclavage physique et spirituel. La tyrannie étant en soi immorale et prête à tout pour atteindre son but, elle est naturellement plus libre dans le choix de ses moyens qu’un régime qui tient compte de l’individu.

P104 Le grand nombre -c’est-à-dire les masses et leur puissance écrasante-nous est présenté jour après jour par les journaux. L’insignifiance de l’individu se trouve ainsi si clairement démontrée que celui-ci doit perdre tout espoir de se faire entendre où que ce soit et par quelque moyen que ce soit. Les idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité, usés jusqu’à la corde, ne lui sont plus d’aucun secours, car il ne peut adresser ses appels qu’à se propres bourreaux, les représentants de la masse.

P112 Si l’homme ne s’est point encore dépouillé de toute conviction religieuse, c’est que l’activité religieuse repose sur une tendance instinctive et appartient par conséquent aux fonctions spécifiquement humaines. Certes on peut lui ravir ses dieux, mais à la seule condition de lui en donner d’autres. Les chefs des Etats « massifiés » n’ont pu empêcher le culte et la divinisation de leur personnalité, et là où de pareilles niaiseries n’ont pu être imposées par la force, ce sont d’autres facteurs qui deviennent obsédants et qui se voient dotés d’une énergie démoniaque, que ce soit l’argent, le travail ou la domination politique.

P 128 La parole est au sens littéral, devenue notre dieu et elle l’est restée (…) Des mots comme « Société », « Etat », se sont chargés d’une telle substance qu’ils sont quasiment personnifiés.

P129 Tout se passe comme si personne n’avait remarqué que l’adoration divine du Verbe, nécessaire à une certaine phase historique du développement de l’esprit, comporte un redoutable revers de médaille. (…) mot qui se transforme en un infernal slogan susceptible et capable de toutes les escroqueries. Avec cette croyance dans le mot naît la puissance de la propagande et l’envoutement de la réclame ; le citoyen est dupé, les maquignonnages politiques, les marchandages et les compromis se nouent en chaîne et l’enflure du mensonge atteint des proportions que le monde n’a jamais connues.

P58 Il se trouve toujours des êtres droits et épris de vérité qui haïssent le mensonge et la tyrannie, mais nous ne saurions préjuger dans quelle mesure ils peuvent avoir une influence déterminante sur la masse sous le régime policier régnant.

p104 Seul peut résister à une masse organisée le sujet qui est tout aussi organisé dans son individualité que l’est une masse.

En article 2, les solutions préconisées par Jung.

Types psychologiques 9/10: résumé du livre de CG Jung

Dans la première partie de son ouvrage, avant d’introduire la théorie de ses types psychologiques, Jung recense longuement toutes les mentions faites dans les époques précédentes de ce qui concerne les types psychologiques: pensée antique et médiévale, Schiller: attitude naïve et sentimentale, Nietzsche apollinien/dionysien, Furneaux Jordan, Carl Spitteler: Prométhée et Epiméthée, domaines de la psychiatrie (Otto Gross), l’esthétique (Worringer), la philosophie (James), la biographie (W. Ostwald). La troisième partie est une suite de définitions des concepts utilisés dans le livre.

Voici le résumé de la seconde partie de l’ouvrage de Jung concernant spécifiquement les types psychologiques, il est difficile de se procurer cet ouvrage qui n’est plus édité et qui est vendu à prix d’or d’occasion. J’espère que ce résumé contentera les personnes qui n’ont pas eu la chance d’y avoir accès. Cette vision de la psychologie humaine permet de se rendre compte que les humains sont autant d’espèces différentes en fonction de leur perception et jugement de la vie, et d’un peu mieux se comprendre et comprendre les autres. En ce sens, ce livre est une mine d’or.

Pour rappel (cf articles précédents), chaque individu a une fonction principale, une secondaire qui est perceptive si la principale est jugement et inversement, une troisième développée au début de l’âge adulte si tout va bien, qui est l’opposé de la seconde et une inférieure apparaissant vers 35/40 ans, pendant de la principale (jugement ou perception comme la principale) et fortement teintée par l’I de la personne.

L’auteur étant psychiatre, il est fait mention des dérives névrotiques de chaque type, ne concernant absolument pas tous les individus. Pour une meilleure compréhension de ces fonctionnements psychologiques complexes, j’ai rajouté pour chaque type les équivalences MBTI.

Abréviations utilisées dans ce résumé:

I= inconscient, C= conscient, Te=  pensée extravertie, Ti= Pensée introvertie, Se= sensation extravertie, Fe= sentiment extraverti, Fi= sentiment introverti, Si= sensation introvertie, Ne= intuition extravertie, Ni= intuition introvertie.

 

Le type est inné quand l’enfance est normale, sinon il peut y avoir un changement de type ce qui équivaut à une névrose. La guérison rétablit l’ attitude naturelle. En cas de renversement du type, on observe un épuisement et une physiologie perturbée.

Le jugement (fonctions F et T) perçoit le C (sous contrôle, causalité), le perceptif (fonction S et N) perçoit l’I (spontané, hasard). Les descriptions qui suivent (caricaturales ainsi que le précise l’auteur) traitent ce que l’individu éprouve consciemment, si l’observateur perçoit par N, il peut percevoir plus fortement les fonctions non conscientes de la personne.

 

TYPES EXTRAVERTIS

Attitude consciente

L’objet est plus important que l’opinion subjective. L’extérieur est toujours vainqueur. La morale est généralement admise, ainsi que la famille. Les besoins corporels ne sont pas pris en compte car intérieurs.

Troubles possibles : hystérie, attirer attention, influençable, confidences hystériques mensongères.

Attitude inconsciente compensatrice

Tendance égocentrique, primitive, infantile, moins les individus tiennent compte de leurs besoins, plus ils deviennent égoïstes.

I : désirs incestueux possibles (fonction inférieure). Si trop extraverti : cas de débâcle nerveuse ou réelle, drogue, alcool, suicide.

 

Pensée extravertie, Te (équivalent type MBTI E-TJ)

Tire de données objectives une idée générale. Pensée dualiste bon/mauvais, laid/beau, moral/immoral, importance de la vérité, de la justice

Sentiments parfois négatifs : sauf si prennent forme en art/amitié ou passion religion (formes de vie), dans ce cas : créativité constructive et synthétique.

I : malhonnête, égoïste, susceptible, rancune, refoulés… « la fin justifie les moyens. »

Plus les sentiments sont refoulés, plus ils ont un impact sur les pensées. Le fanatisme vient du doute inconscient.

 

Sentiment extraverti, Fe

Déterminé par l’objet ou l’opinion générale sur le bon/beau, suit les modes y compris culturelles, philanthropie d’entreprise.

Inconstance, incertitude possible…Cas pathologiques : hystérie  avec le monde représentatif infantilo-sexuel qui la caractérise.

Type Fe, majorité de femmes  (équivalent types MBTI E-FJ)

Choix d’un mari « qui convient », ne pense pas en priorité car la pensée peut troubler le sentiment, servante du sentiment. Ne pense pas ce qu’elle ne sent pas. La personnalité se dissout en autant de sentiments différents : on observe une démonstration affective puissante puis des ressentis négatifs y succèdent.

La pensée I est infantile, archaïque, négative, réductrice: «  ce n’est rien que ».

 

Résumé des types extravertis rationnels ou de jugement (les deux types décrits ci-dessus Te et Fe sont subordonnés au jugement rationnel).

Excluent le fortuit et l’irrationnel, individus « raisonnables ».

S et N sont I : parfois plaisir bizarre, intuitions négatives et fascinantes

 

Sensation extravertie, Se

Attachement sensible à l’objet, sensations concret.

I:  F et T archaïques/infantiles, N encore plus refoulée.

Type Se: Surtout des hommes (équivalent MBTI: ES-P)

Expériences réelles, faits concrets. Jouissance recherchée dans le fait de sentir les objets, d’avoir des sensations, esthète et/ou bon vivant.

I refoulé : jalousie, angoisse, phobie, obsession, peur sur fond de morale/religion

Difficiles à soigner quand pathologie car F/T peu différenciés.

 

Intuition extravertie, Ne

Attitude d’intuition extravertie, l’intuition est un processus inconscient. « Voir derrière » l’apparence des choses, attente, contemplation, regard. L’objet crée en soi un effet inconscient, l’adaptation psychologique à la situation est validée après coup.

S refoulée car obstacle à N. (Vue/ouïe/odeur, superficiel).

Ne cherche qu’à saisir les possibilités les plus grandes, par pressentiments. Toute situation de vie devient une chaîne accablante, une prison à ouvrir. Les objets ne sont utiles que dans ce sens, puis sont rejetés.

Type Ne, surtout des femmes (équivalent MBTI EN-P)

Forte dépendance des situations extérieures, là où il y a des possibilités (pas richesses matérielles), craint les situations stables, étouffantes. Tout devient prison. Revendique liberté/indépendance.

Objets nouveaux, voies nouvelles l’attirent (l’individu incarne son projet), puis abandon froid et passe à autre chose. Le C traite l’objet et la sensation avec une souveraine supériorité et aucun égard, ne voit pas objet tout comme le type sensation ne voit pas l’âme. Ni T ni F pour pencher en faveur de la stabilité (F/T sont associées à convictions). La morale de l’intuitif n’est ni F ni T, elle est propre : il est fidèle à son N, soumission volontaire à la puissance de son N.

Relations mondaines. Conjectures sexuelles, flair pour maladie et finances. Parfois aventurier immoral et brutal aux yeux de la famille, éparpillé, prise de risque.

Parfois projections absurdes intensives sans caractère mystique: se fixe à une personne qui ne lui convient pas car cette personne a touché une sphère de la sensation archaïque, on observe alors un attachement inconscient obsédant à un objet inaccessible. Hypocondrie obsédante, phobie, sensation corporelles absurdes.

 

Ensemble des types extravertis irrationnels (Ne et Se):

La perception est supérieure au jugement pour eux. Ils ne font pas de choix par jugement, et ont un fonctionnement empirique à un très haut degré. L’expérience prime : à ses yeux,le rationnel bride la vie, est trop raisonnable.

Entre extravertis rationnels et irrationnels, il peut y avoir des malentendus ou des projections. Le rationnel pense que l’autre pense/ressent comme lui, l’irrationnel qu’ils ont une perception commune S ou N.

 

TYPES INTROVERTIS

Chez le type introverti (hérédité joue), se glisse entre la perception de l’objet et son action une opinion/perception personnelle. Il s’appuie sur la constellation que l’impression extérieure a fait naître en lui.

Nouvel état de fait psychologique par les changements et hasards individuels (forgés par expériences de la vie).

Si le moi est au service du Soi (véritable personnalité unifiée incluant les fonctions inférieures et l’I) , l’individu n’est pas infidèle à son caractère même si n’est pas compris par les autres. Si il y a une identité entre le moi et le Soi, le moi se gonfle et le soi descend, névrose. Exemple de Nietzsche : égocentrisme puéril et sentiment puissance.

L’archétype (objet intérieur) entre en jeu quand pas encore conception ou quand raisons intérieures ou extérieures rendent impossible cette conception. Echo dans l’I de la personne, conception et inclination intérieure ayant plus d’importance que l’extérieur. En général, l’introverti ignore comment se forme son jugement, sa perception subjective.

Possibilité négative: rigide, puissance, impose ses vues.

Attitude inconsciente des introvertis:

Quand le moi veut être indépendant, libre, en l’absence d’obligations et se sentant supérieur à l’objet, alors l’I introduit un rapport compensateur : attachement inconditionnel et irrésistible à l’objet, esclavage. L’I veut ainsi détruire l’illusion de puissance et la fantaisie de supériorité de la conscience. L’objet devient angoissant par des qualités de puissance inquiétantes. Le rapport à l’objet est primitif: l’objet a une puissance magique.

Tout ce qui est nouveau, étranger, changement…est négatif.

Le moi s’efforce alors de se séparer de l’objet ou de le dominer : il chercher à se construire un système formel de sécurité pour garder l’illusion de sa supériorité. Le désir relève plus d’une volonté de domination que d’adaptation.

Le Soi doit être en lien avec objet. Cas de névrose : psychasthénie

I infantile et archaïque : la liberté d’esprit donne assujettissement financier, l’insouciance dans l’action donne une anxiété face à l’opinion publique, la supériorité morale prétendue donne des relations douteuses, le désir de domination donne un pitoyable désir d’être aimé…On peut observer des actes de lâcheté…

 

Pensée introvertie Ti

Les faits réels, les exemples illustratifs, les opinions nouvelles, la réalité ne sont ni cause ni but de cette pensée, ces types recherchent l’expression abstraite la plus adéquate… mais l’idée n’est pas toujours adéquate aux faits (tout comme le type Te ne parvient pas toujours à abstraire les faits en une idée générale).

Faire entrer de force la réalité dans un système de pensée, ou ignorer les faits au profit de son imagination (parfois archaïque) rend parfois ces individus mystiques et stériles, car trop éloignés de la réalité.

Ils sont néanmoins souvent convaincants car ils expriment des archétypes qui font écho à l’intérieur des gens.

Intuition de nombreuses possibilités, possibles mais imaginaires.

Le support de vie passe dans d’autres fonctions plus archaïques.

Psychologie primitive symbolique : N « autre côté », F : rapports affectifs fantastiques inouïs jusqu’alors, et jugements affectifs de caractère contradictoires et incompréhensibles, S : sens découverte du nouveau dans et hors du corps.

Si résistance à l’objet : I : psychasthénie, usure interne et épuisement cérébral.

Type Ti (équivalent MBTI I-TJ)

Comme Kant Ti (Darwin Te), l’individu cherche à approfondir, pas à élargir. Il peut y avoir un rapport négatif à l’objet, une indifférence au refus, un sentiment de supériorité, un entêtement (il est entier et pas influençable dans ses idées). Manque total de sens pratique, s’isole. Ne cherche pas à convaincre mais s’emporte face aux critiques.

Opposition avec les autres, orgueil, il collectionne des preuves de la bêtise humaine (mais dépendant des proches).

L’influence extérieure repoussée revient par l’I : idées destructrices et amertume. Si les liens avec l’expérience objective se relâchent, idées mythologiques donc fausses peuvent apparaître.

F N et S ont moins de valeur et comme l’extraversion sont primitives, et elles influencent parfois de manière fâcheuse Ti.

Ces individus peuvent instaurer des zones d’autoprotection/obstacles autour d’eux, peuvent avoir peur des femmes, chercher à se protéger contre des actes magiques.

 

Sentiment introverti Fi

Ces individus cherchent une image introuvable dans la réalité, ils glissent sur les objets qui ne lui conviennent jamais, car fades ou inadéquats au regard de la profondeur de leur sentiment. Leur sentiment personnel est difficile à communiquer même s’il est universel car alimenté à partir des images primordiales.

Mécanisme de protection : jugements affectifs négatifs ou indifférence.

Une phase mystico-extatique peut préparer le passage vers les fonctions extraverties refoulées par celle du sentiment.

De même qu’à Ti s’oppose le sentiment primitif auquel s’attache l’objet avec une force magique, de même au Fi subjectif et détaché de toute tradition, s’oppose la T inconsciente qui tombe très fortement au pouvoir de l’objet.

Type Fi, surtout des femmes, (équivalent MBTI: I-FP)

Lisse et indifférent extérieurement, aucune participation aux émotions d’autrui, les mobiles de ce type sont invisibles, il rejette la passion.

Son influence dominatrice est souvent difficile à saisir, si c’est une femme, elle fascine l’homme extraverti car elle touche son I.

On peut observer des cas de cruauté chez certains individus.

Si le moi sait qu’il est en dessous de l’I, la pensée T est archaïque mais serviable, mais sinon, le sujet égocentrique éprouve la puissance et l’importance de l’objet dévalorisé en lui attribuant des pensées supposées. « Ce que pensent les autres » est imaginé comme très négatif. Le sujet, en défense, devient négatif, invente des rivalités mystérieuses, des luttes négatives, épie, soupçonne…

Dans les cas pathologiques: névrose neurasthénique, anémie corporelle.

 

Résumé des types rationnels introvertis

L’introverti est en décalage avec l’esprit de l’époque : d’où parfois un sentiment d’infériorité et parfois une oppression ressentie de la part de la majorité extravertie.

Le subjectif se manifeste parfois de manière caricaturale : exemple: certaines formes d’art contemporain.

Le cas idéal pour tout individu serait d’avoir une introversion et une extraversion équilibrées, mais souvent, dans le meilleur des cas, on observe ces orientations non pas simultanément mais successivement dans le comportement.

Mais attention, l’erreur principale pour un introverti serait de ne pas être fidèle et abandonné à son orientation subjective. Cela entraîne des malentendus et une sous-exploitation de ses possibilités.

 

Si

La Si se développe vers le fond des richesses intérieures : la perception est subjective, chacun voit différemment un objet, avec un effet intérieur différent. Si on prend l’exemple de l’art : un objet excite les éléments de la mythologie, des dispositions de l’I collectif, chargé de significations. L’objet dit plus qu’aux extravertis : le sujet voit l’arrière-plan du monde physique, voit le passé et l’avenir dans les objets.

Type Si, (équivalent MBTI: IS-J)

Ce type est calme, passif, affichant une neutralité bienveillante (tout est nivelé venant de l’extérieur). On observe une bonhommie mais avec parfois un entêtement et despotisme accrus.

Les choix sont guidés par les événements de manière très irrationnelle : il y a un rapport non proportionnel et arbitraire avec l’objet (quotidien ou artiste créateur).

Un contenu de l’I se glisse entre le sujet et l’objet.

Si ce ne sont pas des artistes extériorisant leurs sensations par le biais de l’art, toutes les impressions vont vers l’intérieur. En général, ces individus sont satisfaits de la retraite en eux-même et de la banalité du réel qu’ils traitent de manière archaïque.

L’objet est dévalorisé par le sujet : il peut y avoir une interprétation illusoire de la situation. Dans certains cas morbides : l’individu confond les objets et sa subjectivité. Mais avant ce stade, les fonctions T, F et son action sont perturbées même si objet est toujours perçu.

F et T sont archaïques, et s’expriment dans de banales expressions quotidiennes, ou de manières incompréhensibles même pour lui-même. La réalité archaïque intérieure est influencée par des influences mythologiques (aspects démoniques et divins exerçant une action sur son jugement et son action). Si le réel devient plus important : il ressent une différence morbide avec son intérieur, si le subjectif devient plus important, tout est pour lui apparence et comédie.

Il y a un refoulement de l’Ne qui a un caractère archaïque : Ne=flair particulier pour tous les arrière-plans à double sens, obscurs, mal propres et dangereux de la réalité, des intentions. Tant que l’individu ne s’éloigne pas trop de l’objet, il y a équilibre, une attitude fantaisiste consciente, crédule. Mais si l’inconscient s’en mêle, on peut observer des actions pernicieuses, obsessionnelles, des idées fixes sur certains objets, une névrose obsessionnelle dont les traits d’hystérie sont voilés par l’épuisement.

 

Ni

Les objets intérieurs sont relatifs dans l’espèce humaine : la perception en est individuelle. Les personnes ayant la fonction dominante Ni s’arrêtent plus particulièrement à ce que l’objet a déclenché en eux, au travers des images de l’ I qui leur apparaissent (contrairement aux types Si qui sentent l’influence de l’I dans leur corps).

Autant les types Ne ont un désir éternel de changement, foulent au pied les considérations humaines (leur sort et celui d’autres humains), autant Ni doit faire le lien entre les images inconscientes et le SOI, au-delà de la perception esthétique…en y incluant le problème moral soulevé par ces images (choix du volet positif ou négatif de tout archétype).

Le type Ni ne sent pas le lien avec l’autre personne, mais son effet intérieur. Il peut perdre conscience de son existence et de son action sur autrui.

Ayant accès intérieurement et de manière imagée à l’expérience humaine depuis la nuit des temps, ce type peut parfois prévoir le futur de manière prophétique.

Type Ni, (équivalent MBTI: IN-J)

Il s’agit d’un homme, d’une femme, original(e), rêveur(se), mystique, artiste, souvent une énigme pour entourage,un sage demi-fou.

Au-delà des perceptions intérieures et de leur esthétique, il est confronté à un problème moral. Par le jugement, le sens, il entre en rapport avec sa vision, et doit transférer sa vision dans sa vie, il fait de lui et sa vie un symbole. Il s’interroge sur la tâche qui lui est destinée parmi les humains.

Mais…ce type est inadapté à la réalité du moment…jamais compris, de par son langage trop subjectif, il se retrouve incompris, prédicateur dans le désert.

La Se est refoulée, archaïque, ce qui induit une impulsivité, une démesure et un fort attachement à impression sensible. Si l’attitude consciente augmente, avec soumission à ses perceptions internes, l’I entre en opposition : on observe une obsession avec un attachement démesuré à l’objet.

Névrose obsessionnelle, hypocondrie, hypersensibilité de l’organisation sensorielle, attachement obsessionnel à certains objets ou personnes.

 

Résumé types irrationnels introvertis

Ce qui va vers l’extérieur est de moindre importance et sous-estimé.

Ces types ont un manque pour se communiquer, un manque de chaleur enveloppant l’objet pour favoriser la communication qui est épisodique.

Il est difficile d’extérioriser son destin, pourtant cela calmerait les visions intérieures et parfois la douleur.

Ces types sont riches en enseignements, éducateurs, font progresser la civilisation, même si apparemment ils semblent inutiles pour certains extravertis.

Ils sont parents en tant que modèles.

Il leur manque parfois la raison et l’éthique de la raison, mais leur vie enseigne, le bonheur rayonne de la richesse de l’Ni intime.

 

Fonction principale et secondaire

La Pensée (T) efficace et différenciée amène à des conclusions puis des actions, pas à la rumination.

La fonction secondaire ne doit et ne peut dépasser la principale sinon celle-ci ne pourrait plus fonctionner. Exemple: type Pensée T: Fonction secondaire S ou N, si la fonction secondaire « doublait » la principale, la sensation empêcherait la pensée de fonctionner efficacement et il s’agit de la donnée principale de la psychologie de cet individu.

Dans ces cas, le médecin doit s’appuyer sur les fonctions 2 et 3 pour aider le patient à les développer car s’il réveille en premier lieu la n°4, la fonction F entrainerait un transfert très violent, qui devrait être brisé tout aussi violemment. La confrontation à l’Inconscient, le plus présent dans la fonction 4 doit être préparé car il s’agit d’un tsunami.

Travailler pour les types rationnels N/S avant F/T, travailler pour les types irrationnels F/T avant S/N pour être préparé à recevoir le choc inconscient : part d’un état animal archaïque, et ambivalence/imagination/sexualisation, inimaginable tant que pas vécu.

Outils possibles: volonté, attention, imagination, identification. Coopération pour synthétiser l’irrationnel et le rationnel.

Quand l’individualité de la personne est I (Soi), elle peut être projetée dans l’image de l’âme d’une personne de même sexe (identité inconsciente par introjection). Quand le sujet s’identifie à cette personne, l’image de l’âme projetée sur cet objet est ambivalente, d’où des émotions d’amour et de haine/peur intenses.

Si une personne est trop identifiée à son âme, la persona (masque social du Moi) inconsciente est projetée sur un objet de même sexe, l’adaptation extérieure est défectueuse car le sujet ne tient pas compte de l’objet, ne le voit pas vraiment.

L’introjection du névrosé intègre donc l’extérieur à l’intérieur, l’objet est mélangé avec des fantaisies inconscientes.

A l’inverse, la dissimulation est une fusion du sujet dans l’objet, et donc une aliénation de soi qui se cache dans la psyché.

Le sentiment est un jugement affectif différent des humeurs, sensations, émotions…, on peut être passif ou actif : être amoureux/aimer, il convient de différencier le sentiment de la Se, seul le sentiment est actif ou dirigé, rationnel.

Quand la Ti est sur-développée et qu’il y a névrose, il peut y avoir une fusion avec la sensation sexuelle: intuition sentimentale, sentiment non dirigé…

 

Symboles de l’alchimie et individuation

Ainsi que Carl Gustav Jung l’a développé, notamment dans son ouvrage Psychologie et Alchimie, la symbolique présente dans l’Alchimie a une correspondance directe avec la psychologie humaine et l’évolution au cours de la vie.

Tous ces héritages culturels (écrits, traditions, symboles de pierre du Moyen-Age et de l’époque moderne) sont d’une aide précieuse pour pouvoir avoir des repères plus précis sur les différentes directions et méandres que prennent notre chemin (notre labyrinthe…).

La présentation des étapes de « l’œuvre » (travail sur soi ou sur la matière) ici sera succincte et non exhaustive, d’autant plus que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire l’ouvrage de Jung cité plus haut. Cependant, il parle de ce thème dans d’autres ouvrages.

  • L’œuvre au noir est la première étape, également appelée « Nigredo »

Il s’agit d’une période de perte de sens et de dépression, qui si elle est dépassée, précède une période de changements et d’élan créatif. C’est une phase d’introspection et de solitude.

Cette étape a été pour moi la longue remontée d’éléments souvent négatifs enterrés dans mon inconscient personnel : il faut accepter pour cela de se confronter aux aspects les plus sombres de soi. Ainsi cela a recouvert durant 3 ans environ quelques problématiques psychologiques personnelles, certains problèmes de santé, un certain mal-être par périodes. La phase noire se termine par une « apocalypse », illumination ET effondrement de la personnalité (des défenses ?), comme une sorte de mort permettant la renaissance et l’accès à l’œuvre suivante, la blanche (Cf rêve d’Apocalypse dans l’article sur l’Inconscient collectif).

St Georges tuant le dragon, cathédrale de Bâle

Les alchimistes disaient qu’il fallait « rendre le fixe volatile », rendre l’âme volatile, en la désolidarisant du corps où elle était cachée. Pour cela, intuition et expérience sont nécessaires.

  • Elle est suivie de l’œuvre au blanc, ou première conjonction (âme + esprit)

C’est une phase de sérénité contemplative, de conscience plus aigüe. On idéalise à ce moment l’inconscient qui nous a offert de si beaux fruits. L’euphorie qui peut en résulter amène à risquer l’inflation : sensation de toute-puissance due au fait que l’on pense que les formes humaines pleines d’énergie auxquelles on est confrontés dans « notre » inconscient nous appartiennent. Or, nous ne sommes pas des dieux…même si nous pouvons trouver à l’arrière-plan de notre être une force humaine plus universelle, qui a au fil des siècles inspiré des projections dans des dieux que les hommes pensent extérieurs à eux. Toujours est-il que nous sommes alors bercés par cette paix intérieure, grâce à l’ « Unio mentalis », unification de l’âme et l’esprit (par enlèvement de l’âme au corps), de l’intellect et du cœur.

Cette étape a été pour moi un moment extra-ordinaire, hors du quotidien. Après la descente de nulle part d’un amour et d’un bien être, signe d’un gros changement psychique, j’ai été animée d’une énergie dont je ne savais plus quoi faire…j’étais dans un état de béatitude où je me sentais planer. Le revers de cet état, (outre les quelques moments où je me sentais effectivement pour ainsi dire toute-puissante…), c’est que je n’étais pas vraiment présente aux gens qui m’entouraient, ni aux situations. On est alors comme privé « du sang de la vie » et des relations humaines. L’état intérieur était si gratifiant et agréable que le monde intérieur prenait le pas sur certains volets extérieurs et relationnels de ma vie. L’aspect « numineux » de cette expérience (rencontre avec un aspect divin d’une partie de ma psyché et de mon inconscient, NB. Je suis athée) explique ce grand chambardement. Pour comprendre l’étape suivante, il est important de mentionner que durant cette période,  j’ai commencé à projeter le « soi » (centre de gravité de la « vraie » personnalité, entière, entre le conscient et l’inconscient) sur une autre personne de même sexe que moi avec qui j’ai vécu une amitié fusionnelle telles qu’on peut en connaître durant nos jeunes années.

L’œuvre au blanc est une période de confusion/fusion, entre le conscient et l’inconscient, qui peut correspondre à la puissance du transfert/contre transfert pour les personnes qui font une analyse. Entre féminin et masculin aussi (apparition de rêves d‘hermaphrodite par exemple.) Il est important d’avoir un conscient et un moi capable d’encaisser et d’accueillir toutes ces retombées de l’inconscient (collectif cette fois, contrairement à l’œuvre au noir) et les événements extérieurs qui y font écho, car notre santé mentale est alors en jeu.

Ayant cherché des écrits sur la façon dont d’autres personnes peuvent vivre ces expériences humaines et en ayant trouvé très peu, cela me motive à écrire sur le sujet et donner mon témoignage afin que peut-être cela serve à quelqu’un qui se sent de la même manière isolé sur son propre chemin (différent du mien comme nous le sommes tous) car on ne trouve que très peu d’échos dans notre société matérialiste. La plupart de nos congénères ne s’intéresse absolument pas à l’âme et son vécu conscient, bref à une quelconque spiritualité, ce que je comprends car avant d’en ressentir la nécessité et que cela me « tombe dessus », je pensais qu’on pouvait tout à fait vivre sans ou que cela n’existait pas. A posteriori, je m’aperçois que je passais à côté d’une grande partie de …mon humanité.

Eglise St Etienne du Mont Paris, la licorne symbolise l’oeuvre au blanc. Que ferait-elle sur cette arche de Noé? Lion: oeuvre au rouge. Le corbeau relâché par Noé n’apparait pas sur cette représentation (oeuvre au noir).

  • L’œuvre jaune signe une phase de retrait des projections, de désillusion.

Dans le cadre d’un transfert dans la vie quotidienne ou en analyse, c’est un moment où on se rend compte que les qualités qui inspirent admiration et amour chez l’autre sont en réalité…les nôtres, le charme cède.

L’œuvre jaune a débouché pour moi sur une période extrêmement difficile, bien plus que l’œuvre au noir.

  • L’œuvre au rouge ou deuxième conjonction (corps + âme + esprit)

Elle consiste en l’intégration du corps pulsionnel et passionnel (la nature) au duo âme-esprit. Il s’agit aussi d’intégrer la fonction inférieure (voir série d’articles sur les types psychologiques), présente dans le corps somatique (pour ma part, il s’agit de la fonction « sensation ») et de commencer à équilibrer les quatre fonctions (intuition/sensation/pensée/sentiment) autour de notre « soi ». Les émotions se déchaînent durant cette période. Cette phase ramène à terme la personne, devenue « vir unus » (ou « mulier una » ?) dans le monde.

Il s’agit d’une expérience de la passion au niveau le plus archaïque, de la rencontre des couches archaïques pulsionnelles. On peut comparer ce moment à la tentation par le Diable, à la brûlure cuisante dans le feu d’un transfert violent. Apparaissent dans les rêves des images primordiales très énergétisées.

Ceux qui parviennent à traverser ce stade, sont sans doute extrêmement rares dans notre société occidentale du XXIe siècle…sachant que l’époque chrétienne n’a permis d’atteindre « que » l’unio mentalis, dans le meilleur des cas. A cause du rejet du corps, peut-être, de la femme et de tout ce qui s’y rattache…et aussi sans doute parce que l’époque fait que nous n’étions pas prêts…

D’autre part, la souffrance de l’œuvre rouge est telle physiquement et moralement qu’il faut être complètement fou pour persister dans le chemin et y rester, bien qu’une fois sur la croix…on n’a plus tellement le choix et on se contente de survivre. Peut-être vaut-il mieux donc ne pas trop savoir ce qui nous attend…

Cela a donc lieu dans le corps, l’écartèlement a lieu entre deux parties de notre être qui se battent violemment, qui nous fait beaucoup souffrir, l’âme est tiraillée entre le bien et le mal, entre le vice et l’éthique qui finit par être vécue dans notre être entier et notre corps. Ce vécu touche notre intimité la plus profonde et je ne m’étonne plus, après avoir commencé à entrevoir ce que cela touche, que les personnes qui y passent ne s’étendent pas sur le sujet : cela nous appartient en propre et est difficile à livrer à autrui, peut-être faut-il d’ailleurs le garder secret pour que cela opère.

C’est comme si dans un long et grand incendie, l’âme et l’esprit étaient enracinés de force dans le corps (rêves de fours…)

Griffon château de Pierrefonds (volatile fixé?)

Alors, au terme de cette phase, apparait une « pierre vivante », « un cristal fossile et vivant », une nouvelle unité créatrice, une union de l’esprit et de la matière, possédant un « pneuma » : un esprit.

Pour illustrer cette phase, voici un rêve :

– rêve de pierre vivante (de statue), évoqué dans les articles sur les synchronicités et l’Inconscient collectif, il date d’un peu plus d’un an, je le transcris à nouveau ici :

« Je rêve d’une statue en métal gris, vivante mais immobile sauf les yeux qui me suivent. Je suis avec des amis proches et ma famille nucléaire. Un peu plus loin, je vois le plafond de la chapelle Sixtine. C’est magnifique, bien que le plafond soit bien plus bas qu’en réalité et qu’il y ait des étais soutenant certaines parties du plafond. NB : C’est sur le plafond de la Chapelle Sixtine, qu’on peut admirer le chef-d’œuvre de Michel-Ange : « la création d’Adam ». Je n’ai trouvé le sens du symbole de la statue que très récemment dans le livre « Mysterium Conjunctionis » de Jung : Adam, homme façonné par Dieu selon la tradition, était à un stade de son développement « statue » incomplète, faite de matière et esprit. Je n’avais avant de lire le chef-d’œuvre de Jung fin 2016 aucune connaissance de ce détail de la statue et n’avais donc pas compris jusqu’alors ce qu’elle signifiait dans ce rêve.»

Pour arriver là, il faut beaucoup simplifier sa vie, avoir du temps pour nous connaître et nourrir notre vie intérieure. Nos emplois du temps de ministres ne nous aident pas, mais il est possible de prendre davantage de temps pour soi. La question que je me pose est de savoir si les personnes extraverties peuvent vivre tout cela sans avoir vraiment conscience de ce qui se passe à l’intérieur (je suis particulièrement introvertie!). Peut-être que les crises de mi-vie, les adultères ou autre relèvent de ces mouvements psychiques. Peut-être que tout le monde n’est pas destiné à vivre ce genre de choses (rôles différents dans une société?).

Après que l’œuvre blanche a « rendu le fixe  volatile», à présent l’œuvre rouge rend « fixe le volatile », et ça…cela me parait le plus difficile dans une vie. Au mieux, si on arrive jusque-là c’est-à-dire qu’on dépasse le degré d’évolution du christianisme en réussissant à intégrer le corps dans notre unité, on y passera sûrement la deuxième moitié de sa vie.

Au terme de l’œuvre au rouge, on devient serein, centré, on goûte au miel du sens de la vie (la vie est colorée dans ses moindres détails), mais tout en sachant l’amertume et le mal qu’elle contient. On a fait descendre les idéaux, l’esprit, dans le corps pour les vitaliser dans une joie de vivre. Nous avons porté le monde et les passions à une dimension symbolique, le monde intérieur et extérieur se relient en nous. Cela nous permet de saisir l’unité du monde. On prend racine et est capable de relation d’amour aux autres. Mon vécu me fait intuitivement penser que…c’est dans le cœur qu’a lieu la jonction entre âme, corps et esprit, c’est dans le cœur où se joue la décision, le CHOIX, qui fait pencher l’âme du « bon » côté, du côté éthique, vécu à présent dans la chair. Mais seul l’avenir me le dira, car il faut un certain recul pour comprendre les événements qui surviennent dans notre vie psychique.

Dans l’inconscient, le temps n’existe pas. Pas de passé, pas de futur. Ces phases de l’oeuvre alchimique peuvent avoir lieu en plusieurs cycles, de plus en plus rapides à chaque fois. Elles peuvent se chevaucher, avoir lieu dans un ordre légèrement différent (rêves prospectifs durant une phase différente).

L’Unus Mundus (Corps + âme + esprit avec la Nature entière)

C’est la cinquième étape, on n’est pas spécialement pressés d’y être…car j’ai comme l’impression qu’elle intervient à la fin de la vie. Si je me trompe, je ne suis pas contre la connaitre un jour avant cela ! Cependant, Jung qui ne l’a lui-même sans doute pas atteinte, disait que cette phase n’était pas atteignable à son époque…

La quintessence alchimique, la synthèse du conscient et de l’inconscient, le mariage sacré (entre les volets masculin et féminin de l’être), la résonance entre le microcosme (monde dans l’être humain) et le macrocosme (monde), le monde unifié, l’âme du monde, y font référence. La trinité chrétienne est complétée, enfin réunifiée avec le féminin et l’humain. On débouche sur une conscience dans laquelle « l’Eros », le sentiment, se développe en assumant la responsabilité de nos préférences et de nos choix, et est marié au Logos (pensée). On peut alors, dotés d’un jugement éthique, prendre des décisions en conscience et  poser des actes sensés dans notre vie.

Cela mène au « remède universel » qui selon les alchimistes rajeunit, prolonge et fortifie l’existence. La guérison se double du renouvellement de la personnalité. L’énergie des archétypes (représentés par les images) est le point central entre les deux cieux. Le soleil invisible les expriment par des images, il est à l’origine du rêve. J’ai l’impression que ce remède universel est en fait la capacité à soigner les autres en projetant sur eux la lumière obtenue en nous.

J’ai l’impression que le ciel intérieur est dans le corps (âme + esprit réintégrés dans le corps y donnent accès ?) car lorsque des émotions remontent par mon corps, ce sont les images des rêves qui souvent m’en libèrent.

J’ai également fait un rêve qui évoque macrocosme et microcosme. (Rappelons-le, un rêve peut être prospectif, annoncer l’avenir possible. Il ne parle pas forcément du présent.)

Je regardais le ciel, les étoiles de la porte-fenêtre d’une maison, puis de la terrasse adjacente : soudain j’y vois quelques étoiles colorées (bleues ? rouges ?) et là je m’insurge, contre ces hommes qui vont jusqu’à conquérir le ciel et y mettre leur touche, leur empreinte. Dans le rêve, je préfère le ciel vierge, aux étoiles blanches, là où l’homme n’a jamais mis les pieds et qu’il n’a pas dénaturé.

Pourquoi cette colère ? Je ne sais pas. En tant qu’humain, nous sommes libres lorsque nous avons évolué d’aimer quelqu’un qui ne sera pas tout (choix de l’œuvre au rouge, ou comment comprendre et aiguiller notre désir, ou le mariage de l’amour et de l’esprit), et de comprendre en partie

L’œuvre mène donc à concilier l’homme, le dieu et (le plus difficile) l’animal. Tout cela est notre vie intestine, personne extérieurement ne peut se douter de ce vécu. La seule chose qui se voit de l’extérieur, c’est que la personnalité change, les relations aussi, que des actes sont de plus en plus posés, sensés, que les circonstances de la vie se mettent en mouvement pour apporter à la personne ce dont sa nature profonde a besoin, moment après moment.

Cloître cathédrale de Narbonne, symbolisant le soi au centre de la personne.

Cloître St Guilhem du Désert

* Pour ceux qui souhaitent lire sur le sujet, je vous conseille « Les facette de l’âme » de Marie-Laure Colonna, dont certaines des idées ont alimenté cet article. Mais seule l’expérience, certainement très personnelle à chacun permet de savoir de quoi il est question ici.

*Pour ceux qui veulent comprendre comment au fil des siècles certains hommes ont laissé des guides à l’individuation dans les peintures et la pierre des églises et autres monuments, voir les vidéos de Patrick Burensteinas.

 

 

 

 

 

Types psychologiques 7/10 : Les personnages du rêve dans la psychologie féminine

Cet article final dans la série des « types psychologiques » signe un retour au rêve, thème majeur de ce site dédié principalement à l’inconscient.

Il fait écho à un autre article publié en février dernier sur «Les étapes de l’individuation chez la femme ». Ce dernier traitait uniquement de la fonction inférieure (animus pour la femme, doublé de l’ombre).

Je vais à présent compléter celui-ci en abordant l’apparition des trois autres fonctions psychologiques en rêve (fonction dominante, auxiliaire et tertiaire : cf articles précédents).

Ce matin-même, une amie m’a raconté un rêve récent que je lui emprunte en introduction 😉  : elle se regarde dans le miroir et y voit une jeune femme, ressemblant à sa fille. Mais lorsqu’elle commence à adopter des mimiques ou lorsqu’elle bouge, le reflet ne la suit pas vraiment.

La jeune femme est de l’autre côté du miroir, c’est-à-dire en partie dans l’inconscient. Il peut s’agir du Soi. Il peut s’agir plus vraisemblablement aussi de l’archétype représenté par la « Puella », jeune femme de la quaternité psychique féminine. Elle représente la fonction tertiaire, c’est-à-dire une fonction qui n’est pas naturelle dans la personnalité du sujet, mais que l’on développe à partir de 20 ans, plus facilement que la fonction inférieure qui est la plus difficile à intégrer (à partir de la mi-vie). La jeune fille du miroir offre un reflet différent car même s’il s’agit de la même personne, la façon d’agir est différente (si le moi agit à l’extérieur avec un élan sentimental, la jeune fille sera plus cérébrale par exemple).

Voici les personnages du rêve incarnant nos quatre fonctions psychiques selon John Beebe, psychanalyste jungien américain :

Fonctions psychiques Fonction dominante (développée vers 6 à 12 ans) Fonction auxiliaire

(développée vers 12 à 20 ans)

Fonction tertiaire (développée vers 20 à 35 ans) Fonction inférieure (à partir d’environ 35/40 ans)
John Beebe Héroïne, sujet Mère Puella, jeune fille Animus

John Beebe explique par ailleurs que chaque type de fonction (ordonnés différemment selon la personnalité des gens) peut être représenté en rêve sous des couleurs différentes, qui peuvent être portées par les personnages : rouge pour la fonction sentiment, jaune pour l’intuition, vert/marron pour la sensation et bleu pour la pensée.

Après examen de mes rêves sur une très longue période, voici une synthèse des fonctions et couleurs relevées :

Avant 34 ans : rêves rares des quatre couleurs, avec sous-représentation du vert.

Depuis 34 ans : 13 rêves de rouge, 4 rêves de jaune, 7 rêves de bleus et 14 rêves de vert/marron.

Cela donne donc à penser que la sensation serait ma fonction inférieure puisqu’inexistante quasiment dans mes rêves de jeune adulte et très présente en début de deuxième partie de vie. L’apparition de chats en rêve à la même période va dans ce sens. Par ailleurs, il est possible que du fait de mon histoire, j’aie développé très tôt la fonction tertiaire pour pallier une faiblesse personnelle de la fonction auxiliaire. Dans ce cas, si d’autres personnes examinent la fréquence des couleurs portées par les personnages de leurs rêves aux différentes époques de leur vie, il est possible que les deux couleurs les plus marquées après 35 ans soient en fait les fonctions tertiaires et inférieures.

Observons à présent le lien avec les figures féminines.

Archétypes de la quaternité psychique féminine. Héroïne/moi Mère Puella Animus
Apparitions de couleurs Peu de couleurs…

-Rêve de vêtement d’enfant jaune à vendre.

-Rêve de gouttes jaunes dans les yeux (vision/intuition)

C’est beaucoup plus net : de nombreux rêves de rouge sont associés à la mère.

Un peu de marron (partie de l’animus issu de l’animus maternel ?)

Peu de couleurs…

-Rêve de la Vierge Marie (robe bleue)

-Je cherche des lunettes bleues.

Marron/vert

13 rêves faits depuis 4 ans.

Pas forcément en lien avec l’animus, mais avec une fonction féminine nouvelle.

Fonctions psychiques

correspondantes

Fonction dominante (développée vers 6 à 12 ans)

INTUITION

Fonction auxiliaire

(développée vers 12 à 20 ans)

SENTIMENT

Fonction tertiaire (développée vers 20 à 35 ans)

PENSEE

Fonction inférieure (à partir d’environ 35/40 ans)

SENSATION

Ces apparitions de personnages et couleurs en rêve correspondent apparemment à mon type psychologique MBTI : INFJ. En revanche  ce qui apparait clairement concernant les fonctions auxiliaire (F) et inférieure (S), est moins visible pour les deux autres fonctions. Ceci dit, comme il s’agit de couples de fonctions, par élimination, la fonction dominante est forcément irrationnelle intuitive et la fonction tertiaire rationnelle pensée.

Le type de socionique est également validé par ces rêves : j’appartiendrais au type EII : sentiment introverti prioritaire (très nombreux rêves de rouge), l’intuition venant en seconde place dans cette classification des types psychologiques.

Cependant, l’intuition étant la première fonction installée chez moi chronologiquement (6 à 12 ans), la sensation reste la fonction inférieure.

Cette étude de rêves donne un nouveau jour au questionnement des différences entre les types MBTI et socionique : pour les personnes introverties, la fonction dominante effective n’est pas forcément celle installée en premier dans la vie.

En bref, l’observation des rêves peut donner une indication sur les fonctions psychologiques privilégiées d’une personne, mais elle doit être minutieuse et sujette à caution.

Une autre difficulté est de distinguer les personnages « sujet » (partie de nous) et objets (vraies personnes). J’ai en effet fait deux rêves de bleu concernant deux figures masculines importantes pour moi. L’un des rêves est ancien, l’autre moins. Or, il se trouve qu’au moins un de ces hommes est de type pensée… (bleu). Si on parvient à distinguer l’objet du sujet, nos rêves peuvent donc aussi nous donner des indications sur les personnes de notre entourage.

2) Souvent, dans l’inconscient, les données, qui peuvent sembler contradictoires au premier abord, s’entremêlent en couches superposables parfaitement compatibles. Ainsi, parallèlement à ce qui est décrit plus haut, chez chaque femme, ces expressions peuvent prendre (au moins) quatre autres formes fonctionnant par couple, et pouvant également apparaître en rêve.

Toni Wolff les explicite dans les Cahiers jungiens de psychanalyse n° 102 (automne 2001).

Il s’agit de :

La femme Médiale/l’amazone au plan trans-personnel, relationnel

La mère/l’hétaïre, (ici la mère n’est pas forcément la fonction auxiliaire) au plan personnel.

La femme médiale est plongée dans l’atmosphère psychique de son environnement, dans l’esprit de son temps et dans l’inconscient personnel. Son moi est faible, elle est peu ancrée dans la réalité. Elle ressent ce qui est encore latent dans l’inconscient de l’autre et cela peut parfois amener confusion et destruction dans des relations très proches (elle peut incarner une part de l’anima de l’homme). Les anciennes chamanes correspondent notamment à ce profil, aujourd’hui on trouve plutôt des femmes s’intéressant à la graphologie, l’astrologie, etc.

L’Amazone est souvent une grande voyageuse ou sportive. Elle a de l’autorité, est indépendante et cela peut parfois prendre des formes agressives (protestation virile, mégère à la maison, utilisant les armes des hommes…)

La mère est protectrice, nourricière : il y a peu besoin d’expliciter les caractéristiques de ce comportement maternel…le côté négatif en est entre autres  la surprotection étouffante.

Femme allaitant, Abbaye de Fontevrault (49)

L’hétaïre  est l’amante : elle touche la part d’ombre de l’homme (mêlée à son anima). Séductrice parfois dans l’illusion.

Chaque femme a un de ces aspects du féminin plus développé que les trois autres. L’opposé est sa fonction inférieure, intégrée dans la deuxième partie de la vie ce qui mène au Soi, personne au psychisme unifié. Le couple des deux autres est plus ou moins développé et sert la fonction dominante.

Dans les sociétés matriarcales (quelques millénaires avant J.C.), outre le simple rôle de mère admis par les sociétés patriarcales, notamment catholiques, il existait des rôles de femmes initiatrices sexuelles (hétaïre), amazones, femmes mystiques/prêtresses (femme médiale). Mais aussi des femmes muses et créatrices ainsi que le décrit Paule Salomon dans son livre « la femme solaire. » Ces femmes libres sont depuis longtemps reléguées dans l’inconscient collectif sous diverses formes comme celles de  Lilith, de Notre-Dame-de-la-nuit, de mauvaises fées, déesse aux oiseaux,…L’individuation féminine consiste aussi à se libérer du joug inconscient chrétien, présent même chez les femmes de familles athées, car inscrit dans l’inconscient collectif et notre culture.

3) Je terminerai en ajoutant une progression proposée par Jung au sujet des stades de l’anima chez l’homme mais qui peut prendre sens pour l’évolution psychique de la femme :

Jung (parallèle avec les stades de l’anima chez l’homme) La femme primitive (relations instinctuelles et biologiques), telle Eve La femme belle, avec la présence d’éléments sexuels (Hélène de Faust) La Vierge Marie (Eros spirituel) La femme sage, sainte et pure (Joconde, déesse grecque par ailleurs d’une grande beauté)

 

A travers toutes ces approches, on prend conscience que le psychisme d’une personne est un équilibre de très nombreuses forces et énergies représentées de différentes manières, archétypiques, psychologiques et comportementales, qui s’avèrent toutes être de précieux outils pour la connaissance de soi et l’évolution vers une personnalité unifiée et riche.

On trouve dans la littérature, et notamment dans les contes des évocations de ces figures féminines, je pense notamment au magnifique conte « la jeune fille sans mains » raconté et analysé par Clarissa Pinkola Estes dans Femmes qui courent avec les loups, que je ne saurais trop vous conseiller de lire (voir article succinct sur ce livre). Dans la forêt symbolisant le monde intérieur, la jeune fille sans mains trouve une famille dans la quaternité suivante : elle-même jeune fille, la vieille mère, l’enfant-soi et le Roi-Animus. Elle y évolue vers le mariage sauvage (vers le Soi) qui adviendra une fois que ses mains, volées par le diable, auront repoussé par ses longs soins.

Images du rêve : les arcanes du tarot de Marseille 3

Aux onze arcanes suivants (grands mystères) se rajoute le Mat, carte non numérotée.

Tarot Marseille

  • Le pendu XII: (force interne et non plus seulement externe comme dans la lame précédente). Il représente la culpabilité à nos yeux et à ceux des autres (elle nous étouffe), les chaînes, les remords, l’esclavage psychique/vis-à-vis de nos passions. Les liens avec les autres sont plus oppressants que salvateurs. La verticalité est difficile (notre vie est suspendue dans une attente), nous n’assumons pas notre verticalité, notre statut d’être humain. Il est urgent que notre corps et notre mental s’accordent. La tête du pendu est en bas, il reprend des forces au contact de la terre (régénérescence chtonienne). Les moyens matériels deviennent inefficaces pour la suite de la progression, l’initié entre dans un monde renversé.

Ci-dessous un christ à l’envers pris en photo sur le portail de l’église de Pont l’Abbé d’Arnoult (17), XIe XIIe siècles.

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  • Lame sans nom (la mort) XIII: La mort symbolise la fin d’un cycle et de ses illusions/habitudes/pensées/attachements périmés.  Mais aussi la peur du changement (poids du passé), l’angoisse, la peur de la mort vécue par l’ego. L’autre signification de l’arcane est la transformation vers un nouvel état, le changement profond de l’homme par l’initiation, la renaissance vers la vie et le progrès, vers un meilleur bien-être. Certains rêves initiatiques s’y rapportent, comme la mort de ses parents symboliques, « tués » pour devenir un adulte, atteindre la maturité et le recul psychologique. Une vie nouvelle est promise, mais il convient de suivre les étapes. Les lames qui suivent sont à caractère plus céleste.
  • La tempérance XIV: (lame de mort et renaissance) Lorsque l’on a conscience de ses limites et que l’on a atteint un équilibre intérieur, on est prêt à affronter la venue du Diable. On fait preuve d’une maitrise du désir, de modération et mesure (ciel et Terre). Il y a dans cette lame une idée de circulation des fluides, d’équilibre cosmique et corporel.
  • Le diable XV: Centre de nuit, représentation masculine/paternelle négative, le diable divise et manifeste nos points faibles. Il provoque une régression vers un désordre physique/moral/métaphysique. Manifestation de notre part d’ombre, le diable a accès à notre inconscient le plus sombre (peurs/vices) pour nous y confronter. L’ombre prend parfois le visage d’un proche qui personnifie notre part d’ombre négative, il peut avoir une emprise négative sur notre psychisme (traits de caractères pervers ou manipulateurs aux influences fâcheuses) : nous sentons alors le besoin de nous en défaire.  Le diable est le symbole de la plus grave des tentations : assouvir ses passions à n’importe quel prix (surexcitation/faiblesse). La soumission aveugle à ses instincts est dangereuse, tout autant que la tentation d’avoir un pouvoir occulte. Les symboles associés au diable peuvent être le dragon/serpent, l’ange déchu. Le diable est hermaphrodite. Il vient affronter seulement les âmes capables de l’affronter. Lorsqu’il apparait, il y a en perspective un travail de réunification, une synthèse et un dépassement de ces forces déstructurantes de la personnalité.
  • La maison-Dieu XVI: La tour est un principe phallique, évoquant le psychisme masculin. Cet arcane fait écho au mythe de la Tour de Babel, ou à celui de Prométhée (puni pour avoir voulu égaler les dieux). L’orgueil de l’homme voulant égaler le créateur et rejoindre le ciel l’amène à chuter de cette tour si haute, car le châtiment divin ne tarde pas à tomber, le reconduisant à sa place. La verticalité de l’homme est certaine, mais qu’il monte trop haut par la conscience et il risque l’isolement (tour d’ivoire), la démence, la chute. Le corps est indemne suite à cette chute. Le nombre 16 étant dynamique, la crise est salutaire et la suite du chemin s’ouvre alors. Après l’éclatement de la contraction (« L’abîme s’oppose au Nirvana », Jacob Boehme),  il est contraint de trouver un sens.
  • L’étoile XVII: Première apparition des astres dans les lames du Tarot : l’homme s’ouvre au mystère du sommeil et de la nuit, commence à se mêler à la vie cosmique et à prendre conscience de la destinée des hommes et du sens de la vie. On peut être né sous une bonne étoile… Le cœur a sa place ici : l’étoile est un centre de lumière, où règnent espérance et amour. Selon Tristan Moir, l’étoile est magique et puissante. A 5 branches, elle représente l’homme. Celle qui a 6 branches représente le cœur (centre d’énergie) qui s’ouvre à l’amour divin. Le triangle vers le bas représente les forces telluriques, la terre, le féminin, le sexe féminin, tandis que celui dirigé vers le haut représente les forces spirituelles, le ciel, le masculin. Le cœur est la rencontre de ces forces, leurs épousailles. Cela me fait penser au Mysterium Conjunctionis de Jung, mariage du masculin et du féminin en soi. Il y a un retour aux sources (eau). Les étoiles rêvées représentent aussi les constellations familiales, les interdépendances. Si les étoiles bougent, il y a transformation. L’étoile filante, quant à elle symbolise la réalisation de nos souhaits/émerveillements devant les instants de beauté fugace. Enfin, l’étoile est signe de créativité en cours, d’une naissance, d’une réalisation, un mouvement de formation de soi et du monde. L’inspiration de l’artiste, ses désirs inexprimés sont en route.

Ci-dessous un vitrail de la cathédrale de Bâle (Suisse) avec une étoile à 6 branches.

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  • La lune XVIII: La lune est porteuse des valeurs du passé, riche de tout l’inconscient. On voit sur la carte deux chiens psychopompes (accompagnant les âmes à travers la mort), et une écrevisse (qui mange ce qui est transitoire). Cet arcane montre trois plans : astres/terre/eaux. La lune est un astre de la nuit, des transformations intérieures, et des cycles.  Elle éclaire la nuit en reflétant la lumière alors que le soleil la dissipe. Il y est question de la mort. L’homme meurt deux fois…selon Plutarque, la lune est le séjour des hommes bons après la mort. La lune, qui attire les émanations telluriques, symbolise aussi la féminité inconsciente, intuitive  et cyclique. Artemis est associée à la lune (vierge farouche), il s’agit donc d’une représentation de la femme mais pas de la mère. Le volet négatif de ce symbole est la peur de la femme. La lune éclaire le chemin de l’imagination et de la magie. C’est l’heure d’un exercice de conscience, d’un retour sur soi.
  • Le soleil XIX (lame de triomphe) : C’est l’arcane de l’illumination totale et de l’objectivité : l’homme est au sommet de l’initiation, il n’est plus seul. Le soleil fait disparaître l’illusion de l’ombre et montre la réalité et la vérité. Ce symbole est un symbole de conscience, de rayonnement, richesse, lumière intérieure, clarté, connaissance, énergie fécondante, de vie et d’unité. Il y a en outre dans ce symbole un volet masculin : il représente le père positif, un père spirituel éclairant. Le fait que l’on rêve de soleil sans le voir de face signe le fait que la conscience contemple le monde et pas elle-même. La lumière va de l’intérieur (de nous), vers l’extérieur.

Les jumeaux apparaissant sur la lame symbolisent l’harmonie des opposés qui deviennent égaux et tendent à l’unité. C’est cet équilibre qui nous mène vers la lumière de la connaissance. Ainsi, la phase d’opposition interne et duelle est résolue. Elle a été conscientisée pour être dépassée. Les jumeaux intègrent les côtés mâle et femelle, actif et passif, Adam et Eve pour créer la pierre philosophale, le Graal, l’hermaphrodite initial. L’homme a pris l’exacte mesure de lui-même et de ses possibilités.

  • Le jugement XX:  L’homme peut être jugé en totalité, en lui-même et dans ses œuvres. Il s’agit d’une résurrection, d’un réveil après la mort. La grande-mère ou le vieil homme de Jung en sont les représentations (le soi). L’appel de l’esprit (principe unificateur qui pénètre et sublime) est victorieux, et il n’y a pas de véritable action qui ne vienne de l’âme (intuition et affectivité enrichissent la pensée.)
  • Le monde XXI: C’est la synthèse de tout ce qui a été obtenu. Sur cette carte apparaissent :

Un cheval (bœuf) : la chair : symbole de l’homme, la matière n’a pas d’auréole de sublimation: correspond à : terre-soir-occident-automne

Un lion : jaune avec auréole couleur chair : matière déjà en voie de spiritualisation: feu-midi-été-sud

Un aigle : représente les forces inconscientes sublimées : jaune et ailes bleues, l’auréole est rouge : l’esprit domine les instincts: air-est-matin-printemps

homme/ange : esprit : valeur suprême moteur de toute action, terme de toute évolution: eau fécondante-nuit-nord-hiver

La guirlande est rouge car l’esprit est le point de départ/le centre/l’aboutissement.

La forme de la mandorle est le symbole de l’union entre terre et ciel (cf Christ/Vierge/divinités hindoues).

La femme est en équilibre ET en mouvement, elle a un voile sur épaule gauche.

Le monde est un tourbillonnement, une danse perpétuelle où rien ne s’arrête, une

« Structure d’antagonisme équilibré » selon Gilbert Durand.

Cette carte fait aussi penser au tétramorphe chrétien: les quatre symboles des évangiles: le aigle, taureau, homme et lion (ces images présentes dans l’inconscient de l’homme surgissent ici et là, dans une religion ou un rêve, comme une plante pousse sur un rhizome pousse à différents endroits sans qu’on en voie les racines.) Ci-dessous le portail royal de Chartres (époque romane).

portail

  • Enfin le Mat, sans numéro: ainsi que l’écrivent Jean Chevalier et Arthur Gheerbrant dans leur Dictionnaire des symboles,  l’homme après avoir obtenu de ce monde tout ce qu’il peut donner, reconnait qu’il ne possède rien de valable et retourne en conséquence à l’inconnu, à l’inconnaissable qui précède et suit sa vie. Devant cette double impasse, il continue de chercher mais en ayant admis dans son intelligence et accepté dans ses souffrances de son corps qu’il y a une différence de nature entre Dieu et nous. Le seul rapport avec lui résiderait dans l’espérance, l’abandon et l’amour. La passivité prend alors un caractère sublime. On trouve dans les écrits sur les rêves de Tristan Moir un parallèle entre le fou qui ose et le sens profond de sa sagesse individuelle. Sens caché du langage du rêve transmettant une vérité, sens profond des actes et des paroles, rupture avec le monde matériel dans le sens d’une libération.

Cet article a été rédigé à partir du travail sur les symboles de ces trois auteurs.

Leur suite constitue un ensemble de points de repères précieux pour qui veut savoir où il en est sur ce chemin solitaire que l’on parcourt les yeux fermés.

Quelques jours après la rédaction de ce texte m’est revenu un rêve que j’avais oublié concernant le tarot de Marseille: je voyais des livres dans une benne de déchetterie et à côté, un jeu de tarot dont je savais que je devais le prendre à la place des livres (que je dévore au quotidien depuis l’enfance). Quelques temps plus tard, j’ai acheté ce jeu dans la réalité et découvert ses images dans leur ensemble. J’en connaissais déjà quelques-unes au travers des interprétations de Tristan Moir.

Images du rêve : les arcanes du tarot de Marseille 2

Voici une synthèse approchant la signification psychique des différents symboles du tarot de Marseille (rédigée à partir des livres de Tristan Moir et de l’encyclopédie de Jean Chevalier et Arthur Gheerbrant : Dictionnaire des symboles.)

Tout d’abord, dans la tradition, les cartes du tarot sont au nombre de 22.

Tarot Marseille

Celle autour de laquelle gravitent les autres est L’étoile XVII, qui est une lame de mort et de renaissance. De triomphe également.

Autour de cette carte gravite une autre carte pilier : l’amoureux VI.

Les 22 lames sont partagées en trois groupes de 7 plus le mat qui n’a pas de numéro (hors du temps) :

  • les 7 premières (bateleur, papesse, impératrice, empereur, pape, amoureux et chariot) correspondent selon les auteurs aux valeurs de l’esprit.
  • Les 7 suivantes (l’hermite, la justice, la roue de fortune, la force, le pendu, la mort et la tempérance) aux valeurs de l’âme
  • Les 7 dernières (hors Mat : Le diable, la maison dieu, l’étoile, la lune, le soleil, le jugement et le monde) aux valeurs du corps.

Un autre découpage en deux parties différencie les 11 premières cartes décrivant la voie initiatique des petits mystères : la première voie d’initiation vers la sagesse. Le Bateleur est le point de départ de cette initiation active. Les 11 suivantes, à partir du Pendu, est la 2ème voie des grands mystères, initiation mystique. Le pendu (XII, lame de mort et de renaissance) ouvre la voie de l’initiation passive.

Les alternances esprit/âme/corps interviennent aussi dans des cycles plus courts de trois cartes.

Ainsi, les lames concernant l’esprit (démarche active) sont parallèlement : le Bateleur I, l’Empereur IV, le Chariot VII, la Roue de fortune X, la Mort XIII, la maison-Dieu XVI, le soleil XIX.

Celles concernant l’âme (démarche intermédiaire entre active et passive) : La papesse II, Le pape V, La justice VIII, la Force XI, la tempérance XIV, l’étoile XVII, Le jugement XX.

Enfin les cartes du corps (« démarche » passive) : l’impératrice III, l’amoureux VI, l’Hermite IX, le pendu XII, le Diable, XV, la lune XVIII, le Monde XXI.

Voici à présent un développement court pour les onze premiers arcanes (petits mystères) dans lesquelles vous trouverez peut-être un écho à votre itinéraire:

  • Le Bateleur I: point de départ (projet ou processus d’individuation), potentiel énergétique. Infini et diversité du monde unitaire. Mais aussi versant arnaqueur de ce jeune homme.
  • La papesse II: Le monde se manifeste, fécond derrière un voile blanc. La déesse-mère (Isis) détient les secrets du monde, mais ne les dévoile pas…encore. Attente.
  • L’impératrice III : intelligence souveraine, qui donne le pouvoir et la force motrice (antimoine des alchimistes). Pouvoir du monde matériel. Symbole de la mère, Isis ou mère cosmique (affectivité et charme). Possibilité de la tyrannie d’un être immature. Se détacher du roi et de la reine pour aller fonder son propre royaume.
  • L’empereur IV: Equilibre des forces par opposition des contraires. Force active, domination, pouvoir du père/démiurge. Prendre possession de soi-même.
  • Le pape V: figure masculine idéalisée et toute-puissante, guide intérieur. Il communique son savoir, et un devoir de moralité et de conscience. Transfert positif. La croix papale a trois traverses : harmonie entre le divin/psychique/physique.
  • L’amoureux VI: Parabole d’Hercule au carrefour : un choix qui engage doit être fait (entre la vertu et le vice) car une seule route conduit au bonheur. Tension de l’épreuve. Ce choix concerne l’affectivité, il s’agit d’un choix adolescent, sexuel. Pour prendre la bonne décision, il faut se connaitre. La flèche aide à résoudre ces problèmes d’ambivalence.
  • Le chariot VII: risque d’inflation (folie des grandeurs ou énergie nous emportant). L’amoureux a résolu l’ambivalence (il est couronné d’or). Il avance. Travail de construction dans les trois mondes : naturel/humain/divin par une action personnelle. (Lors d’une recherche pour une amie qui fit un rêve proche de cette image, j’en ai trouvé une autre représentation où les chevaux sont remplacés par des sphinges : corps de lion, ailes et figure féminine.)
  • beauvais-11-04-04-159
  • La justice VIII: l’amoureux devenu actif se heurte d’abord à la justice. Rappel de l’équilibre nécessaire. Loi d’organisation du chaos dans le monde et en nous. Il ne faut rien bouleverser. Pour les vrais initiés, la balance maintient l’équilibre entre le Pape et la Force. ( ?)
  • L’Hermite IX: Partir à travers le monde chercher la vérité, fort de son idéal, détaché du monde et de ses passions. La lanterne est la lumière voilée de la sagesse. L’illumination doit rester intérieure, et ne doit pas être partagée avec tous. Prudence.
  • La roue de fortune X: symbole de temporalité : mouvement, de cycle, renouvellement, impermanence et transformation (cycle des naissances, de l’homme et de l’univers, chance et malchance, alternance du sort.) Symbole solaire. Symbole de l’énergie (centres énergétiques utilisés dans les voir, sans en connaitre l’existence). Conscience de l’énergie. Les forces inconscientes sont domptées et utilisées pour nous, les instincts sont sublimés, les passions assujetties (le vil est transmuté plutôt que tué). Le lion et la Vierge symbolisent la force morale. Une force innocente ie féminine, douce et subtile. (Un autre article sera consacré aux évocations d’énergies corporelles notamment en rêves.)
  • La force XI: la force arrête la roue : l’initié a trouvé ce qu’il cherchait : l’infini dont le signe apparait sur la carte du Bateleur. La force trouve sa source dans la justice et va à la tempérance ( ?).  La force de volonté est dirigée vers la réalisation de valeurs morales. Cette purification morale est la base de tout entrainement mystique.

L’article 3 sera consacré aux douze autres arcanes : les 11 de la voie des grands mystères et l’arcane du Mat.

 

Les étapes de l’individuation dans les rêves chez l’ »homme »

Ainsi que décrit dans l’article précédent concernant les symboles de rêves féminins ponctuant l’individuation d’une femme selon Jung, le terme de ce processus est également chez l’homme le Soi, unité de la personnalité adulte alliant conscient et inconscient.

En revanche, ce n’est plus l’animus qui constitue la partie inconsciente de la personnalité lors de ce processus chez l’homme, mais l’anima, partie féminine.

Celle-ci connaît aussi selon Carl-Gustav Jung et Marie-Louise Von Franz quatre étapes d’évolution :

  • La femme primitive (relations instinctuelles et biologiques), telle Eve
  • La femme belle, avec la présence d’éléments sexuels (Hélène de Faust)
  • La Vierge Marie (Eros spirituel)
  • La femme sage, sainte et pure (Joconde, déesse grecque par ailleurs d’une grande beauté)

Mais les symboles du processus d’individuation chez l’homme dépassent de beaucoup les apparitions de femme en rêve. Voici les différents stades développés par Jung :

  • Symboles du stade initial :
  • Catastrophe cosmique
  • Rêves d’animaux : lion, serpent, oiseau, cheval, taureau
  • Puis rêves d’eau, grotte, mer
  • Arbre, instruments, crucifix
  • Stade moyen :
  • Grenouille
  • Gué
  • Arbre
  • Planer, nager, être suspendu
  • Stade final
  • Symboles isocèles, roue, carré
  • Fleurs
  • Etoile, soleil
  • Œuf
  • Enfant
  • Vieux sage, fou à sac à dos, jeune garçon

 

Il se trouve que parallèlement à mon « évolution féminine » en rêve, je me retrouve beaucoup dans ces symboles et leur déroulement censés concerner les hommes. Je ne sais pas si cela ne concerne que ma personnalité ou si certaines femmes rejoignent ce constat.

Toujours est-il qu’un rêve d’une catastrophe cosmique fait à 36 ans a eu un très grand impact sur ma vie psychique. Ce rêve était d’une puissance inédite, sûrement le plus fort que je fis, avec notamment le bruit assourdissant de ce que j’ai fini par rapprocher d’une apocalypse. (N’ayant pas eu d’instruction chrétienne, mes connaissances en la matière ne sont pas très anciennes et il m’a donc fallu un certain temps, à la recherche du sens de tout cela, pour faire un rapprochement entre les images de ce rêve et l’apocalypse chrétienne d’une part et le combat de St Georges et du dragon d’autre part, puisque je me trouve au début de ce rêve dans la position de me battre contre un très gros varan.)

J’ai rêvé de tous les symboles détaillés plus haut dans le stade initial entre l’adolescence et 36 ans environ. En revanche, les symboles du stade moyen sont apparus dans un laps de temps assez court au regard de la période précédente : entre 34 et 36 ans. Enfin, ceux du stade final suivent scrupuleusement dans la chronologie nocturne : je les fais donc entre 36 et 38 ans.

Si ces regroupements évolutifs vous parlent, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour nous parler de votre parcours.

A bientôt !

Les étapes de l’individuation en rêve chez la « femme »

Carl-Gustav Jung a recensé les symboles intervenant dans les différents stades du développement spirituel chez l’homme et la femme.

Concernant la femme, il distingue quatre stades :

  • L’apparition de l’animus (partie masculine du psychisme de la femme, inconscient au départ et qui servira d’intermédiaire avec l’inconscient, et de base à la mise en actes de sa féminité agissante dans le monde extérieur).

Dans ce premier stade, viennent en rêve des images d’hommes soit laid ou sinistre, soit d’une beauté surnaturelle.

J’ai personnellement fait ce genre de rêve à plusieurs reprises à l’âge de 20/21 ans.

  • Un stade moyen, avec l’apparition de nouvelles images masculines : garçon d’hôtel, chauffeur, voleur, brigand, aventurier, moine, prêtre.

Ces images masculines (excepté le garçon d’hôtel) sont apparues dans mes rêves entre 34 et 37 ans (17 rêves avec une majorité de figures de brigands).

L’ombre (partie inconsciente faisant la balance avec les qualités ou traits de caractère conscients, et donc souvent particulièrement négative) est projetée, le plus souvent sur une femme.

Dès le début de l’introspection débutée à 34 ans, une figure féminine particulièrement effrayante est apparue (sorcière).

  • Des images positives masculines interviennent ensuite (conseiller, guide, ami.)

7 rêves illustrent pour moi cette période psychique, qui dure depuis mes 36/37 ans. Parallèlement, dans la vie diurne, quelques présences masculines dans mon entourage m’apportent un soutien considérable, tout comme mes amis garçons dont j’étais très proche lorsque j’avais 17 à 22 ans.

  • Le soi (les figures d’animus s’estompent lorsque le conscient et l’inconscient fusionnent, pour donner naissance au Soi, terme par lequel Jung désigne la personnalité unitaire issue du cette fusion et de l’intégration de l’ombre.)

Les symboles équivalents à cette phase sont : une déesse, prêtresse, magicienne, la terre-mère, déesse de la nature ou de l’amour, marraine, jeune fille aux pouvoirs surnaturels.

Concernant cette phase, mes rêves pouvant s’y rapporter sont de plusieurs ordres, mais seul le recul permettra de savoir s’il s’agit de symboles du Soi ou pas. Ils datent de moins de 3 ans.

  • Deux rêves d’une déesse hermaphrodite : après recherche, il s’agit d’une déesse primordiale, présente dans plusieurs civilisations (celte, sumérienne, égyptienne, etc.)
  • Deux rêves d’un personnage-femme possédant un troisième œil.
  • Deux rêves de fée.
  • Un autre symbole du Soi est une ville géométrique avec son enceinte, évoquant un mandala, rêve que j’ai fait deux fois aussi.

D’une manière générale, les symboles importants s’expriment chez moi deux fois, sauf si je ne les comprends pas, auquel cas, ils peuvent apparaitre plusieurs fois avant de disparaître quand je les comprends.

Encore une fois, tous ces symboles sont apparus dans l’ordre décrit par Carl-Gustav-Jung. Pour information, j’ai lu ce livre en 2015 et il n’a donc pas influencé les rêves que j’ai faits. En revanche, il m’a permis d’avoir un éclairage sur la signification non plus d’un rêve isolé mais d’une longue série.

Un autre écrit de Carl-Gustav Jung, produit conjointement à Marie-Louise Von Franz (L’homme et ses symboles), avec qui il a travaillé de nombreuses années, donne quelques indications supplémentaires sur l’évolution en quatre étapes de l’animus :

  • Tarzan (personnification simple et force physique)
  • Homme d’action ou romantique, prenant l’initiative, organisant l’action.
  • Homme du Verbe (orateur : prof/prêtre)
  • Sage, médiateur de l’expérience religieuse, donnant un sens nouveau à la vie (Gandhi).

J’espère que ces indications vous auront été utiles pour vous situer et accéder à une compréhension plus large de vos rêves à long terme.

Dans l’article suivant, j’évoquerai les éléments d’une évolution plus masculine selon Jung, qui curieusement ont également un certain écho dans mon âme féminine.

Les animaux en rêves 1

panorama-animaux

En regardant de près les rêves d’une personne à moyen ou long terme, il apparait que l’on peut suivre son évolution psychique. Carl-Gustav Jung utilisait le terme d’individuation, pour désigner le processus lors duquel quelqu’un devient lui-même, en unifiant sa partie consciente et l’inconscient personnel, familial et collectif (partie de nous-même dont on n’a pas conscience, et s’exprimant notamment par les images du rêve).

Cet article a pour but d’en rendre compte à travers l’exemple des apparitions d’animaux. Le matériel utilisé est constitué de mes propres rêves de l’enfance à l’âge adulte.

Les significations des symboles sont notées dans le tableau proposé dans l’article suivant (Les animaux en rêve 2), recensant les différents animaux dont j’ai rêvé. Ce sont des définitions succinctes, présentant le volet positif et/ou négatif du symbole, car un symbole peut avoir une signification différente selon le contexte du rêve et le monde intérieur personnel du rêveur. Ces définitions par mots-clés proviennent du Nouveau dictionnaire des rêves de Tristan Moir. On peut le retrouver sur son site tristan-moir.fr ou dans le livre papier édité chez L’Archipel, avec beaucoup plus de détails. Ce livre comprend de nombreux autre symboles, bien au-delà des quelques animaux présentés ici.

Tout d’abord, il apparait que les symboles étaient assez peu nombreux durant l’enfance et l’adolescence : loup, lapin, serpent, oiseau, chien. 5 symboles.

Certaines personnes s’individuent sans doute naturellement durant leur adolescence ou leur vie de jeune adulte. L’évolution peut aussi être bloquée à un moment de l’enfance ou de la vie, pour diverses raisons et peut donc être reprise plus tard. Je parle d’une évolution du monde inconscient, affectif et somatique qui est en partie autonome et non de la vie extérieure ou intellectuelle qui peut être par ailleurs tout à fait « réussie ».

Certains symboles qui apparaissaient négativement dans les rêves (chiens agressifs, loups d’enfance) sont devenus positifs après quelques années d’attention aux rêves : chiens bienveillants, loup apparaissant sur une couverture de livre d’enfant, sur laquelle poussaient des plantes = vitalité, croissance, santé, …)

D’anciens symboles, négatifs ou expression de vie rudimentaire, ont semble-t-il arrêté d’apparaître au fur et à mesure (vermine, araignée, coccinelle, mouche, gastéropodes et batraciens, crabes et animaux marins, lézard, crocodile, loup, lapin, etc.)

De plus en plus de symboles positifs sont intervenus les dernières années, sans pour autant que les symboles négatifs disparaissent totalement (en effet, dans la vie, tout n’est pas positif et on traverse à tout âge des épreuves : ainsi les poux des idées noires peuvent venir en rêve au même stade qu’une magnifique chouette empreinte de douceur et de sagesse.)

En règle générale, je rêve beaucoup plus de mammifères (17 nouveaux apparus depuis 5 ans, contre seulement 3 mammifères avant 34 ans). Les chats sont notamment apparus, symboles positifs de la féminité sensuelle.

Parmi les autres beaux symboles des années récentes : le lion/la lionne, le cygne (dont la signification est assez transparente), le poisson (symbole d’individuation cher à Jung), la tortue, le papillon…

Et je me réjouis d’avance pour tous ceux à venir, car le chemin n’étant jamais fini, peut-être un jour aurai-je la chance de rêver d’un dauphin, d’un éléphant ou autre…je n’attends bien sûr rien, il s’agit juste d’illustrer le fait que l’individuation est un processus.

On peut se demander pourquoi les années de rêves amènent des animaux de plus en plus « évolués ». Cet exemple de symbole illustre peut-être bien le passage de la vie inconsciente de la Préhistoire à l’humanité.

Enfin, de rares « symboles » évoqués ici (le lion, le varan géant, la chouette) étaient porteurs lors du rêve d’une énergie particulière et inspiraient une fascination et une émotion forte. Il s’agit peut-être d’archétypes, j’y reviendrai plus tard.

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Si vous souhaitez lire en détail les significations des symboles d’animaux recensés en détail, je vous donne rendez-vous dans la deuxième partie de cet article.