Présent et avenir, Carl Gustav Jung 2

p58  En présence de cette situation, la question subsiste en Occident : « Que pouvons-nous faire contre cette menace ? »

Notre psyché est en premier lieu responsable de tous les modifications historiques qui ont été imprimées par la main de l’homme à notre planète (…).

P171 En fait, on peut dire que l’on est encore aujourd’hui inconscient du fait que chaque individu est une pierre dans la construction des organismes politiques, et même des structures qui se dressent à l’échelle mondiale (…)

1) Ralentir et prendre le temps de se connaître

p93 Il n’est malheureusement que trop évident que si l’être –en son particulier- ne réussit pas à se rénover sur la plan de la psyché, la société –somme d’individus en quête de renouvellement, de libération, de salut et de rédemption-y parviendra encore moins.

P101 L’homme saisi dans une communauté ne subit en tant qu’être intérieur aucune transformation.

P13 A cause, en particulier, du fait que l’homme réputé normal ne dispose que d’une connaissance fort limitée de lui-même.

On confond en général la connaissance de soi avec la connaissance de son moi conscient, que l’on tient pour sa personnalité. Quiconque dispose tant soit peu de conscience de son moi (NdT : Ce qui n’est déjà pas si fréquent et n’est déjà pas si mal.) croit naturellement, avec la plus grande assurance, se connaître. Or, le moi ne connait que ses propres contenus(…)

P15 Il faut, en outre, compter avec cet immense domaine de l’inconscience, qui est hors de portée de la critique et du contrôle de notre conscient(…)

P18 Ainsi, ce n’est pas la conformité à une norme générale et régulière, mais bien plus son unicité qui fonde l’individu en tant que tel.

P23 Or, c’est l’individu qui, en tant que donnée irrationnelle, est le véritable porteur de la réalité. C’est dire que c’est l’individu qui est l’homme concret, par opposition à l’homme normal où à l’homme idéal qui, lui, est une abstraction, cette abstraction étant la seule base des formulations scientifiques.

P43 L’homme qui n’est pas ancré dans le divin (/la nature) n’est pas en mesure de résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. Pour s’affirmer en face de ce dernier, l’homme a besoin de l’évidence de son expérience intérieure, de son vécu transcendant, qui seuls peuvent lui épargner l’inévitable glissement dans la masse collective.

P148 149 Car le point d’origine d’une croyance véritable n’est pas le conscient, mais une expérience religieuse spontanée(…) cette certitude qui est le seul rempart qui puisse me protéger, moi homme isolé, de la dissolution dans la masse.

P69 Les deux camps qui se partagent le monde ont en commun une finalité matérialiste et collectiviste et à tous deux il manque ce qui exprime l’homme en totalité, ce qui le promeut, le construit, le fait vibrer, le rend sensible, c’est-à-dire en bref ce qui met l’être individuel au centre de toute chose comme mesure, réalité et justification.

P174 A cette fin on fait appel à l’idéalisme, l’enthousiasme, et à la conscience éthique.

P185 Comme au début de l’ère chrétienne se pose aujourd’hui à nouveau le problème de l’arriération morale, dont est frappée l’humanité en général et qui se révèle être tragiquement inadéquate au développement moderne, scientifique, technique et social.

Bonheur et satisfaction, équilibre psychique et sens de la vie, sont des états d’âme dont seul l’individu peut faire l’expérience en les vivant et non point l’Etat (…)

Les circonstances sociales et politiques d’une époque sont certes d’une importance considérable. Mais elles sont démesurément surestimées dans leur importance pour le bonheur et le malheur de l’individu.

2) Résister aux pressions extérieures pour vivre comme on le souhaite

P30 Que veut dire l’importance qu’il attache à sa personne ou aux membres de sa famille, ou à ceux d’entre ses amis qu’il estime particulièrement, sinon qu’elle exprime la subjectivité un peu ridicule de ses sentiments ?

P52 Comme une addition de zéros n’a jamais donné l’unité, la valeur d’une communauté correspond à la moyenne intellectuelle et morale des individus qu’elle comprend dans son sein.

3) Prendre conscience que nous appartenons à une espèce meurtrière (l’ombre)

P172 Rien n’a une action aussi dissolvante et aliénante au sein de la société que précisément cette sorte de commodité morale, d’irresponsabilité (…) ces corrections nécessaires exigent en premier lieu l’autocritique de l’individu. On ne peut dépister et reconnaître le préjugé et l’illusion que si, partant d’un savoir et d’une position psychologique générale, on est prêt au sens le plus vaste à douter de l’exactitude absolue de ses suppositions et à les comparer une à une, avec soin et conscience avec les données objectives.

P 161 L’européen doit encore assumer la responsabilité de tous les crimes commis sur les peuples exotiques, lors de la fondation des colonies. (…) Cette tare de l’homme, sa tendance au mal est infiniment plus lourde qu’il n’y paraît et c’est bien à tort qu’elle est sous-estimée. Comme on se complait en général à l’opinion que l’homme est ce que son conscient sait de lui-même, on se prend pour inoffensif, ajoutant ainsi à la méchanceté une stupidité qui lui correspond.

P162 163 (…) par conséquent je suis un être qui est coresponsable et qui possède dans son essence, inexpugnables et immuables, la capacité et la tendance à commettre de pareilles actions à tout moment. (…) nous n’en sommes pas moins, en fonction de notre nature d’homme, des criminels en puissance. (…) Que l’action abominable ait été commise il y a bien des générations ou qu’elle se produise aujourd’hui, elle reste le symptôme d’une disposition existant partout et toujours, et c’est pourquoi il est prudent de savoir qu’on possède une « imagination dans le mal » car seul l’imbécile croit pouvoir se permettre d’ignorer et de négliger les conditionnements de sa propre espèce.

P169 Voilà le grand problème qui se pose aujourd’hui : la raison seule ne suffit plus. (manque structure morale)

P175 Tous les idéalismes prêchés avec ostentation sonnent un peu creux et ne deviennent acceptables que lorsqu’on tient compte aussi de leur contraire. Sans ce dernier, sans ce contrepoids des contraires (…) à force de manquer d’humour, il devient peu vraisemblable.

La peur de la destruction générale nous épargnera peut-être le pire ; mais sa possibilité plane et planera, telle de noires nuées, sur notre existence, tant que n’aura pas été trouvé un pont qui permette de surmonter et de franchir la dissociation politique du monde et de l’âme. Ce pont devra être aussi sûr que l’est l’existence de la bombe à l’hydrogène.

4) Renforcer les liens affectifs: famille, amis, …

P 173 Plus les individus sont désagrégés les uns par rapport aux autres, moins ils sont enracinés dans des relations stables, plus ils sont susceptibles de se raccrocher à l’organisation étatique, plus celle-ci peut se densifier et vice-versa.

p175 Connaître et accepter son ombre achemine à cette modestie qui est nécessaire à la reconnaissance de son imperfection. Mais précisément c’est cela, l’acceptation consciente de ses petitesses et la prise en considération de ses mesquineries personnelles et de ses imperfections, qui est l’attitude la plus nécessaire chaque fois qu’il s’agit d’établir une relation humaine. (…) Ce qui est parfait n’a que faire de l’autre alors que ce qui est faible cherche un adossement et par conséquent, n’oppose rien au partenaire qui le coince dans une position subordonnée ou qui l’humilie dans une supériorité morale.

P176 La question des relations humaines et des rapports inter-humains dans le cadre de notre société est devenue un souci urgent en face de l’atomisation des hommes « massifiés », simplement entassés les uns sur les autres et dont les interrelations personnelles sont minées par une méfiance généralisée.

Lorsque les fluctuations du droit, l’espionnage policier et la terreur sont à l’œuvre, les hommes sont acculés à l’isolement et à n’être que des parcelles menacées, ce qui cadre avec le but et l’intention de l’Etat dictatorial, qui repose ainsi sur l’amoncellement aussi massif que possible d’unités sociales impuissantes. En face de ce danger, la société libre a besoin d’un liant de nature affective, comme en sont un, par exemple, la charité ou l’amour chrétien du prochain. C’est de la relation d’homme à homme que dépend sa cohésion, et par conséquent aussi sa force. Là où cesse l’amour, commence la puissance, l’emprise violente et la terreur.

5) Prendre conscience qu’il faudra peut-être (sans doute…) des centaines d’années…pour arriver à un monde plus juste

Tout ce que je sais, c’est qu’il faudra du temps pour amener des modifications psychiques dont on pourra compter une certaine stabilité. Une connaissance, une compréhension qui pointent, s’esquissent et vont lentement leur chemin me semblent promettre une efficacité plus durable qu’un idéalisme qui ne jette sa flamme que pour s’éteindre.

P182 Quiconque a pris conscience de ses motivations vraies et s’est ouvert ainsi une voie vers l’inconscient exerce, sans même en avoir conscience, un effet sur son entourage. Le mana est une influence involontaire sur l’inconscient d’autrui, en quelque sorte un prestige inconscient qui toutefois ne garde son efficacité que tant qu’il n’est pas perturbé dans sa spontanéité par des intentions secondes.

P 181 L’influence que l’on souhaiterait avoir sur tous les individus peut très bien se faire attendre des centaines d’années, car la modification mentale de l’humanité se produit, de façon presque insensible, au pas lent des millénaires, et elle ne se laisse ni accélérer ni retarder par des processus de réflexion rationnelle. Encore bien moins est-il question de réaliser cette efficacité en l’espace d’une génération.

P183 Les efforts entrepris pour actualiser en l’homme une connaissance de lui-même ne sont point aussi vains et aussi désespérés qu’il peut sembler, dans la mesure où il existe un facteur jusqu’à présent totalement méconnu, et vient, secourable, au-devant de nos efforts : c’est l’esprit inconscient du temps, qui compense l’attitude du conscient et qui anticipe intuitivement sur les modifications à venir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présent et avenir, Carl Gustav Jung 1

Dans notre pays où Freud et Lacan occupent presque tous les rayonnages de psychanalyse, psychologie etc., nous connaissons très mal un grand homme suisse qui selon moi en est tout simplement le plus grand penseur du XXe siècle (sur l’homme, la vie et la société en général): Carl-Gustav Jung.

Voici ici quelques extraits (Edition Buchet/Chastel 1991 ) de son livre écrit au printemps 1956 et brûlant d’actualité au vu des événements politico-sociaux en France. Il nous permet de porter un regard lucide sur notre société périmée et explique dans quelle mesure ce sont des changements très personnels qui permettront de construire une société meilleure.

Dans cet article, ses citations parlent d’elles-même de manière limpide de : L’individu menacé par la société, et dans le suivant de la solution préconisée par Jung: travailler sur l’homme/individu intérieur pour bâtir une société meilleure.

Pp 9-10 Ce qui pourrait encore subsister de réflexion, de compréhension et de perspicacité caché chez l’individu se trouve écrasé par la masse et c’est pourquoi cette dernière mène nécessairement à la tyrannie autoritaire et doctrinaire, dès que l’Etat fondé sur le droit manifeste des signes de faiblesse.

En présence d’une situation donnée, la discussion basée sur des arguments de raison ne demeure possible et n’a de chances d’aboutir que tant que le potentiel émotionnel inhérent à la situation n’a pas dépassé un certain niveau critique. Dès que ce dernier est franchi par la température affective et l’émotivité, les possibilités et l’efficacité de la raison se trouvent anéanties ; s’y substituent des slogans et des désirs chimériques et fumeux ; c’est-à-dire que la raison fait place à une espèce d’état de possession collective qui se propage à la manière d’une épidémie psychique.

P12 Au sein d’une telle masse, ce sont les éléments asociaux qui sont les adaptés.

P 25 26 Il en résulte immanquablement que la responsabilité morale de l’individu est remplacée par la raison d’Etat. A la place d’une différenciation morale et spirituelle de l’individu surgit la prospérité publique et l’augmentation du niveau de vie (…). L’individu se voit privé de plus en plus des décisions morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie ; en contrepartie il sera, en tant qu’unité sociale, régenté, administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités d’habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation des loisirs préfabriquée, l’ensemble culminant dans une satisfaction et un bien-être des masses qui constitue le critère idéal. (…) Cette dernière (doctrine d’Etat) n’a que faire des personnalités capables de jugement (…) C’est la raison d’Etat qui doit décider en dernière analyse, en particulier de ce qui doit être enseigné et appris.

P28 L’esclavage et la rébellion sont toujours corrélatifs et l’on ne saurait séparer d’un de l’autre. C’est pourquoi l’appétit et la jalousie du pouvoir, et une méfiance qui va croissant, pénètre tout l’organisme de haut en bas. En outre, une masse engendre automatiquement, par compensation de son caractère chaotique et informe, son « Führer », qui pour ainsi dire obligatoirement, succombe à l’inflation dont son moi ne peut pas ne pas être victime ; l’Histoire ne nous en offre que trop d’exemples.

P29 (…) l’individu disparait de toute façon, c’est le rationalisme de la pensée scientifique qui s’avère être l’un des facteurs principaux de l’agglutination des individus en masse (…) l’homme comme unité sociale a perdu son individualité et s’est transformé en un numéro abstrait de la statistique sociale.

P31 (…) il est déjà sur le chemin de l’esclavage d’Etat et il en est même devenu sans le vouloir le promoteur.

P33 De ce fait, l’individu est de plus en plus ravalé à n’être qu’une fonction de la société (…) En réalité, l’Etat n’est qu’un camouflage qu’utilisent les individus qui le manipulent. De ce fait, la convention originelle de l’Etat légal glisse de plus en plus vers la situation d’une forme de société primitive, en l’occurrence celle du communisme d’une tribu primitive, soumise à l’autocratie d’un chef ou d’une oligarchie.

Pp 35 36 Nous venons de rencontrer la fiction de la puissance étatique qui se magnifie elle-même, et qui n’est à y regarder de près que l’arbitraire des chefs de tribu manipulant l’Etat ; tous les mouvements sociaux et politiques contemporains qui se fondent sur cette fiction visent à la libérer de toute limitation –pourtant bien salutaire et nécessaire-, et s’efforcent dans ce but de neutraliser les religions. C’est qu’en effet, pour transformer l’individu en une fonction d’Etat, il faut tendre à le soustraire de tout autre conditionnement et à toute autre dépendance. Or, appartenir à une religion implique que l’individu accepte une dépendance et se soumette à des données irrationnelles qui ne se rapportent pas directement à des conditions sociales et physiques, mais qui émanent bien davantage du fond et de l’attitude psychique de l’individu.

(…) s’il y a un seul conditionnement, et si aucun autre ne s’oppose au premier, le jugement et la libre décision sont non seulement superflus mais même impossibles.

P48 A l’instar des Eglises, l’Etat aussi exige l’enthousiasme, le sacrifice et l’amour, et si les religions exigent et supposent la crainte de Dieu, l’Etat dictatorial, lui, veille à ce que règne la terreur qui lui est nécessaire.

P49 Le but religieux, libération du mal, réconciliation avec Dieu et récompense dans l’au-delà, se transforme sur le plan étatique en promesses d’ici-bas : libération des soucis du pain quotidien, répartition équitable des biens matériels, bien-être général dans un futur pas trop lointain, réduction des heures de travail. Que l’accomplissement de ces dernières promesses demeure presque aussi nébuleux que le paradis ne constitue qu’une analogie supplémentaire (…)

P50 La religion (…) réapparait (…) dans la déification de l’Etat et du dictateur.

P51 Ce qui importe n’est plus la décision éthique de l’homme, mais le mouvement aveugle de la masse abusée, et le mensonge a été élevé à la dignité de principe fondamental de l’action politique.

P56 Un tel Etat n’a pas de crise sociale ou économique à craindre. Tant que la puissance de l’Etat est sans faille, c’est-à-dire qu’il existe une armée policière bien disciplinée et bien nourrie, une telle forme d’Etat peut maintenir son existence pour une durée indéterminée, et même augmenter sa puissance dans une proportion tout aussi indéterminée.

P65 L’individu se trouve ainsi amputé de sa liberté devant Dieu par les uns, de sa liberté devant l’Etat par les autres, ce qui dans un cas comme dans l’autre creuse sa tombe.

P70 Dans cette réalité, l’homme est l’esclave et la victime des machines qui conquièrent pour lui l’espace et le temps.

P71 (…) sa participation à la fabrique est payée par la perte de la possession de lui-même ; sa liberté de mouvement est échangée contre l’enchaînement au lieu de travail ; il perd tout moyen d’améliorer sa position s’il n’accepte pas de se laisser exploiter par un travail à la chaîne épuisant (…) Certes, avoir un toit et avoir une nourriture quotidienne de bétail ne sont pas des détails insignifiants alors que le minimum vital peut lui être ravi d’un jour à l’autre.

P96 97 Plus les organisations sont puissantes, plus elles entraînent de risque pour la moralité. (…) un individu au sein d’une masse se trouve immanquablement diminué, intellectuellement et moralement.

P103 Chaque fois qu’un tel état social prend des proportions importantes, il prépare les chemins de la tyrannie ; il lui ouvre les portes et la liberté de l’individu se transforme en un esclavage physique et spirituel. La tyrannie étant en soi immorale et prête à tout pour atteindre son but, elle est naturellement plus libre dans le choix de ses moyens qu’un régime qui tient compte de l’individu.

P104 Le grand nombre -c’est-à-dire les masses et leur puissance écrasante-nous est présenté jour après jour par les journaux. L’insignifiance de l’individu se trouve ainsi si clairement démontrée que celui-ci doit perdre tout espoir de se faire entendre où que ce soit et par quelque moyen que ce soit. Les idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité, usés jusqu’à la corde, ne lui sont plus d’aucun secours, car il ne peut adresser ses appels qu’à se propres bourreaux, les représentants de la masse.

P112 Si l’homme ne s’est point encore dépouillé de toute conviction religieuse, c’est que l’activité religieuse repose sur une tendance instinctive et appartient par conséquent aux fonctions spécifiquement humaines. Certes on peut lui ravir ses dieux, mais à la seule condition de lui en donner d’autres. Les chefs des Etats « massifiés » n’ont pu empêcher le culte et la divinisation de leur personnalité, et là où de pareilles niaiseries n’ont pu être imposées par la force, ce sont d’autres facteurs qui deviennent obsédants et qui se voient dotés d’une énergie démoniaque, que ce soit l’argent, le travail ou la domination politique.

P 128 La parole est au sens littéral, devenue notre dieu et elle l’est restée (…) Des mots comme « Société », « Etat », se sont chargés d’une telle substance qu’ils sont quasiment personnifiés.

P129 Tout se passe comme si personne n’avait remarqué que l’adoration divine du Verbe, nécessaire à une certaine phase historique du développement de l’esprit, comporte un redoutable revers de médaille. (…) mot qui se transforme en un infernal slogan susceptible et capable de toutes les escroqueries. Avec cette croyance dans le mot naît la puissance de la propagande et l’envoutement de la réclame ; le citoyen est dupé, les maquignonnages politiques, les marchandages et les compromis se nouent en chaîne et l’enflure du mensonge atteint des proportions que le monde n’a jamais connues.

P58 Il se trouve toujours des êtres droits et épris de vérité qui haïssent le mensonge et la tyrannie, mais nous ne saurions préjuger dans quelle mesure ils peuvent avoir une influence déterminante sur la masse sous le régime policier régnant.

p104 Seul peut résister à une masse organisée le sujet qui est tout aussi organisé dans son individualité que l’est une masse.

En article 2, les solutions préconisées par Jung.