Synchronicités 2 : essai de définition

Après l’article précédent où j’ai fait le descriptif de quelques synchronicités que j’ai vécues, voici  un résumé commenté de l’ouvrage de Carl Gustav Jung écrit avec précaution quand il avait 77 ans : « Synchronicités et Paracelsica ». Je l’ai parcouru avec beaucoup d’intérêt car il va de soi qu’on ne peut pas discuter de ce genre de phénomènes avec les gens qui vivent autour de nous, notamment parce qu’on se sent extrêmement seul à les vivre. Trouver ainsi l’écrit de quelqu’un qui a vécu la même chose est quelque chose d’extrêmement précieux et nous relie à l’humanité.

Jung présente ces coïncidences signifiantes comme des événements rares, sans preuve autre que la mémoire de ceux qui les ont vécus. Ils défient les statistiques par leur nombre, malgré le scepticisme de ceux qui invoquent bien sûr le « hasard ».

Selon Jung, l’accumulation d’un symbole en très peu de temps (il évoque le symbole du poisson apparu à lui de très nombreuses fois en 2 jours) a un caractère numineux, ie sacré/religieux dans le sens intérieur du terme. Le lien entre toutes les apparitions de ces symboles, du même ordre que ceux du rêve, est un « lien transversal de l’ordre du sens. » intervenant à la fois dans le sujet et à l’extérieur. Jung pensait d’autre part que le poisson représentait le stade de développement de son bimillénaire chrétien, ie la nécessité pour les humains d’unifier les différentes parties de leur personne (masculin/féminin, conscient/inconscient). Ce sens peut aussi donc concerner l’époque de celui à qui il vient.

Il cite l’exemple de la télépathie lors de la mort de quelqu’un de proche. J’ai évoqué cela dans l’article « Télépathie et autres phénomènes psi », qui sont d’autres formes de synchronicités. Ce que je n’y ai pas dit, c’est que le matin du décès de mon amie, j’avais coupé mon téléphone durant deux heures, angoissée et très consciente à la fois de l’intensité inhabituelle du moment (j’étais pourtant à une fête) et du fait qu’elle était en train de mourir. Je savais qu’en le rallumant, j’aurais de mauvaises nouvelles et en effet, j’ai reçu un sms de son mari. Jung dit à ce sujet : « Le rêve presque synchrone de la mort violente d’un ami est issu d’un savoir que l’inconscient avait déjà de ce décès. » page 49.

Pour revenir à l’improbabilité statistique de ces phénomènes, Jung cite l’expérience menée par J. B. Rhine avec des cartes et des symboles à deviner par de nombreux sujets. Le but étant de voir si les sujets devinent le symbole à une fréquence supérieure à la probabilité. Cela a fonctionné même à distance avec certains sujets. Les résultats, tous positifs, variaient en fonction du sujet et étaient surtout visibles en début d’expérience (motivation/concentration entraînant un investissement affectif : on retrouve la notion d’affectivité forte évoquée dans l’article sur la télépathie), ceux-ci baissant considérablement avec l’ennui des cobayes trop longtemps sollicités.

Je pense en parallèle aux différentes notions de physique quantique, dont:

  • l’intrication de deux particules: distantes et pourtant superposées dans le même temps
  • la même particule, passant par deux endroits en même temps sans se dédoubler
  • la modification du résultat de l’expérience selon l’observateur (et de son état).

Le psychisme humain serait-il de nature quantique? L’explication de tout cela nous viendra peut-être de physiciens dans l’avenir…

La difficulté à observer et démontrer ces phénomènes est évidente: car ils sont rares d’une part et adviennent à des moments non prévus d’autre part. Je pense de plus que les personnes vivant ce genre de choses sont assez rares et induisent évidemment un scepticisme de la part de ceux qui ne vivent pas dans « le même monde ».

Toujours est-il que comme je le disais dans l’article sur la télépathie, l’espace-temps est remis en cause à la faveur d’un lien de sens, bien loin de notre vision habituelle des causes/conséquences héritée du siècle des Lumières et qui explique les phénomènes « constants » et non-rares. Jung émet l’hypothèse que l’espace et le temps seraient une seule chose, d’origine psychique, ce qui expliquerait leur abolition lors de certains événements de ce type, rares et non constants.

L’autre point important abordé par Jung est que ceux-ci apparaissent lorsque l’énergie du conscient est détournée dans un archétype (symbole porteur d’énergie et d’émotivité présent dans l’inconscient collectif, « l’âme du monde », et donc d’ordre pulsionnel chez l’homme). Lorsqu’un archétype s’exprime dans le psychisme et la vie d’une personne, on dit qu’il est constellé. Cela arrive selon lui quand le sujet est confronté à un problème insoluble, alors le psychisme se saisit de l’archétype et de son énergie très puissante pour trouver une solution permettant de débloquer son évolution, vers des progrès et une métamorphose de la personnalité. Jung parle du désarroi psychologique lors duquel les synchronicités apparaissent. Je me demande néanmoins si ces phénomènes ne se poursuivent pas même lorsque la personnalité est unifiée, notamment au corps, phase que Jung peut-être n’a pas pu atteindre. Seul l’avenir me dira si les « miennes » vont disparaître.

On retrouve des échos du « principe acausal » de Jung dans d’autres endroits de la planète et de l’Histoire : le Tao asiatique, décrit par Lao-Tseu comme le « sens » différent du monde de la réalité, l’unité Homme/ciel/Terre de Kepler, la « magie » des primitifs, etc.

Si cette conscience a lieu hors de l’espace-temps, en quoi consiste-t-elle et où en est le siège ? Dans le corps, hors du cerveau ?

Jung pensait qu’on rêvait hors du corps. Une première hypothèse d’une conscience qui serait possiblement hors du corps pourrait être alimentée par les expériences de décorporation lors d’expérience de morts imminentes ou autres.

Une deuxième hypothèse (combien peut-on en faire!) placerait cette conscience dans le vide des atomes nous composant. Dans ce cas, toute la matière est concernée, et pas seulement les êtres vivants, car nous sommes faits des mêmes atomes présents également dans les matières inertes de l’univers : Carbone, Hydrogène, Oxygène, Azote. Ainsi on attirerait aussi les objets et événements et pas seulement les liens et pensées partagés avec nos proches. Le psychisme et la matière, de même nature, interagiraient, comme les deux pans d’une gravitation universelle.

Enfin, je me suis parfois demandé, puisque les gènes des êtres vivants et des hommes sont destinés à l’évolution des espèces en lien avec leur environnement et sont porteurs des instincts du vivant, si toutes ces communications inconscientes n’y prenaient pas place, avec un fonctionnement de l’ordre du wi-fi avec ceux des proches. En effet, dans ces gènes, on a l’expression géographique puisqu’ils sont partout, dans chacune des cellules de chaque être vivant et nous en avons une partie en commun avec tous les êtres vivants, y compris les végétaux ; et également l’expression temporelle, car les vécus des humains entre autres y sont enregistrés pour pouvoir affiner l’évolution de leurs descendants : exemple : l’anxiété de souris stressées en laboratoire se transmettant aux trois générations suivantes par modification de l’EXPRESSION de gènes (et pas des gènes eux-mêmes). De là à expliquer du même coup les croyances de réincarnation de nombreux humains par la remémoration des vécus ancestraux, il n’y a qu’un pas…

D’autre ouvrages sont parus sur les synchronicités depuis celui de Jung, mais je préfère à présent les vivre et lire des livres sur d’autres sujets plus adaptés à mes questionnements actuels. Réincarnation ou pas, le temps que nous avons pour lire n’est en effet pas éternel 😉

 

 

 

Télépathie et autres phénomènes psi : côté jour

Dans l’article précédent, j’ai exposé quelques cas de télépathie ou synchronicité que j’ai vécus lors de différents rêves, toujours concernant des personnes proches affectivement.

En plein jour, cela m’est également arrivé, comme  à beaucoup de personnes :

  • D’une part, par la perception d’émotions ressenties par les personnes en présence, pas forcément toutes proches affectivement. Exemple : un moment de panique m’a fait quitter l’appartement d’une amie lorsque j’avais 18 ans : les personnes qui lui rendaient visite à ce moment cherchaient une personne qui avait laissé une lettre de suicide. Ces personnes n’avaient pas mentionné la raison de leur visite.
  • Mais aussi, des pensées bien plus précises, comme une fois où je rentrais à pied chez moi et où à une distance assez proche de ma maison, une pensée s’est imposée à moi, « quelqu’un est mort ». Cette pensée était accompagnée d’une grande tristesse, subitement. Lorsque j’entrai dans la maison, mon mari m’appris le décès d’une vieille dame de notre entourage.

Certains actes aussi témoignent d’une intuition de ce qui va (risque d’) advenir :

  • J’écris le nom de jeune fille de mon amie sur l’enveloppe, alors qu’elle est mariée depuis 10 ans, au moment où elle se sépare de son mari dont elle divorcera quelques temps plus tard, sans connaître encore leurs problématiques.
  • Intuition ou synchronicité ? : j’envoie la chanson de Murat « le chat noir » à une copine par mél puis quelques jours plus tard la photo d’une éclipse de lune prise par mon frère. Quelques temps plus tard, j’apprends qu’elle a appelé son chat…noir… Eclipse !
  • Je gare ma voiture subitement à un autre endroit au travail alors que des centaines de fois auparavant je la garais à une place précise et j’apprends dans la journée que ma collègue garée à « ma » place habituelle s’est fait emboutir sa voiture.

 

Il apparait donc que ces intuitions concernent non seulement des personnes dont on est proches affectivement mais aussi des situations.

A ce sujet, je voudrais faire part d’un phénomène de vision, différent de ce que je viens d’évoquer dans cet article et le précédent et qui m’a profondément marquée. Je me trouvai au moment de cet événement dans un état de conscience très particulier, à un moment de ma vie très particulier, fortement chargé d’affectivité.

13 octobre 2015. Tout le monde connait cette date, malheureusement. Je suis ce soir-là à un concert en Province, accompagnée d’une amie et de la sienne. L’ambiance est euphorisante, pleine de rires, ambiance un peu semblable à celles qu’on connait lors de l’adolescence. A un moment, je sens que ma conscience est modifiée, je sens que je suis reliée au sol comme au « ciel », lorsque j’avance dans la fosse de la salle de concert. Un peu plus tard, mon corps me commande de sortir, de faire marche arrière. Je ne comprends pas. La musique bat son plein, l’ambiance est bonne, pourquoi sortir ? Il est trop tôt pour proposer à nouveau à mes comparses un autre verre…et pourtant je sens mon corps tiré vers l’arrière vers l’entrée de la salle. Je vais outre cette sensation en restant, quand quelques minutes plus tard me vient une « vision ». Ce n’est pas une hallucination, il s’agit d’une rêverie très présente, réaliste, qui se superpose aux images réelles. Je me retourne et voit des hommes armés à l’entrée de la salle. Puis, je regarde devant moi, vois des mouvements de foule, des gens qui tombent, et horrifiée mon amie, à terre. L’image s’estompe. L’ambiance a vite fait de me faire oublier cette vision étrange.

Le concert s’achève. La vendeuse de tee-shirts parle d’un attentat avec une cliente, on lui demande de répéter : elle dit qu’il y a eu un attentat à Paris. Je repense à ma vision, et me dit qu’il est normal pour moi de penser à cela dans un lieu qui rassemble 3 500 personnes, après ce qui s’est passé en janvier précédent (Charlie).  La fille avec qui on est venues essaye d’avoir des infos sur son portable mais ça ne fonctionne pas. Alors, une bière plus tard, on se laisse regagner par l’ambiance joyeuse. Puis on rentre, toujours portées par l’euphorie de la soirée, en faisant abstraction de ce qui n’est encore que les paroles d’une jeune femme vendant des tee-shirts…cela n’existe pas encore. Je rentre très tard, y pense bien sûr mais me dit que si je vais voir les infos maintenant, je ne vais pas dormir et que je serai plus à même d’affronter les infos sur cet attentat le lendemain matin.

Le lendemain, un magnifique lever de soleil accueille mon réveil. Je vais sur internet lire ce qui s’est passé. Plusieurs attentats. L’horreur. Et ces détails parmi les autres : le Bataclan, salle de spectacle. Et l’heure de l’attaque. L’heure, la même que celle de ma vision.

Il se trouve qu’à cette période de ma vie, j’étais trop ouverte aux quatre vents, mes défenses habituelles étaient tombées. Je n’étais pas dans mon état normal. Cette vision malgré tout (qui n’a pas été la seule en cet automne), m’a profondément marquée, rajoutant au choc de l’annonce des attentats de Paris, car j’ai réellement eu l’impression « d’y être » et j’ai été perturbée par ces images, en me demandant pourquoi je les avais eues et d’où elles venaient.

Une fois de plus, le caractère émotionnel était là. L’euphorie, et la peur. Mais c’est la première fois que l’intuition prenait la forme d’une image diurne. Et de l’impression d’avoir été à deux endroits au même moment. Après le saut dans le temps de la « prémonition », le saut dans l’espace, comme ci cette perception différente de la conscience habituelle abolissait les frontières de l’espace-temps.

Je n’ai pas d’explication à cela. Je sais juste que c’est arrivé. C’est la première fois où je ne connaissais pas les personnes concernées par mon intuition. Et que la tension du monde cette fois comme quelques autres avait un écho dans ma tension personnelle.

Je termine par une citation :

L’Écoute Imaginaire de Sylvain Bélanger et Fabienne Scott, Édition Quintessence, 2004 :

Les recherches de Mme Laborde-Nottale sont cependant intéressantes pour expliquer le développement non volontaire de la voyance. Son hypothèse permet d’expliquer que dans de nombreux cas, l’individu dépourvu d’une solide identité développe une certaine forme de clairvoyance non maîtrisée pouvant déclencher soit un processus psychopathologique, soit un pseudo-talent. J’en conclus qu’un clairvoyant désirant améliorer ses performances doit posséder une solide identité tout en ayant l’ouverture d’esprit nécessaire pour s’ouvrir aux signaux subtils se manifestant dans son imaginaire. Pour y parvenir, il lui est donc nécessaire de suivre un apprentissage lui permettant d’atteindre des qualités professionnelles.

Je ne souhaite quant à moi pas développer cela, car je pense, même si je suis très sensible aux phénomènes intuitifs, qu’à ce stade il s’agit dans mon cas d’un dysfonctionnement ponctuel de mes frontières, qui de toute manière est trop angoissant pour que je l’exploite. Ces phénomènes ont eu lieu souvent à l’adolescence et à partir de 35 ans.

Peut-être que ces modes de communication sont ceux utilisés par le bébé pour communiquer avec sa mère, et qui disparaissent une fois qu’ils n’ont plus lieu d’être, lorsque les autres langages prennent la place. Lorsque cela apparait plus tard, il peut s’agir d’un effacement ponctuel de l’identité. La fusion pouvant entrainer ce genre de chose. Ces fortes intuitions, télépathie etc. seraient la réactivation ponctuelle de ce mode de communication primitif, fusionnel, sans frontières.

Voici une définition trouvée par ailleurs:

¨Le terme psi désigne des processus inusités d’échanges d’informations ou d’énergie tels que la télépathie ou d’autres modes de perception extrasensorielle que l’on ne saurait expliquer par les mécanismes physiques ou biologiques actuellement connus. Ce terme reste purement descriptif ; il n’implique pas que ces phénomènes inusités soient paranormaux ou quoi que ce soit d’autres concernant leurs modes de fonctionnement sous-jacents.¨
Daryl J. Bem et Charles Honorton

Dernier parallèle : celui de tous ces phénomènes avec les observations faites en physique quantique, notamment :

  • la même particule a été observée passant dans deux endroits différents au même moment.
  • Le phénomène diffère selon l’observateur, d’autres personnes n’ont pas ces perceptions.

Depuis, ces liens « sauvages » décrits ici ont laissé davantage de place dans ma vie aux synchronicités, coïncidences signifiantes plus stables, calmes, répétitives. J’y consacrerai un troisième article.

Rêves partagés…télépathie et prémonition

Retour au rêves…mais cette fois il sera question de «rêves partagés ». Explication par l’image, les trois rêves suivants ont été faits il y a moins de 4 ans :

  • Réveil un matin dans la maison de mes parents, où nous retrouvons en famille. Ma fille raconte son rêve (elle a environ 8 ans) : « J’ai rêvé qu’il y avait un chat et une souris. Ils se couraient après et à la fin, la souris se fait croquer. » Mon frère se lève bien plus tard, ma fille est partie. Il raconte alors…le même rêve. Seule variante, à la fin du sien, la souris a la vie sauve.
  • Je contacte ma cousine par sms et lui raconte que j’ai rêvé que j’étais chez elle. Elle vit en ville, dans un immeuble. En l’occurrence, après m’être garée dans sa rue, j’entre avec mon fils (je n’en ai pas en réalité) dans l’immeuble et nous nous trouvons devant l’ascenseur, avec d’autres personnes. Puis, je ne vois plus mon fils qui a disparu.

Ma cousine me répond : « incroyable ! J’ai rêvé cette nuit, qu’un petit garçon frappait à ma porte, il était seul, et avait perdu ses parents. Alors, je lui ai dit d’entrer. »

  • Je prends un thé chez une amie et qui s’intéresse aussi à ses rêves. Elle me raconte qu’elle a rêvé d’un couple avec un lion et une lionne. Environ un mois avant, j’ai fait un rêve où je suis dans la savane, derrière une haie, à observer des animaux sauvages. Puis, je vois sur ma gauche un lion qui court vers moi, et qui se transforme en lionne tout en courant. Je n’ai pas peur mais me décale pour ne pas qu’il m’écrase en passant.

Trois exemples parmi d’autres, sachant que ce genre de choses arrive souvent avec mon amie du troisième rêve, ou alors, elle prononce les mots correspondant à ce qui me tracasse à un moment, ou peint un tableau avec un symbole qui m’occupe beaucoup au moment dit, ou me raconte un rêve qui parle avec détails de ce que je traverse, donc de ma vie et pas vraiment de la sienne, à moins que le rêve ne nous concerne toutes les deux.

Une autre amie a fait à plusieurs reprises des rêves positifs ou négatifs à mon sujet alors qu’on ne s’était pas contactées depuis quelques temps…il apparait rapidement que le thème de cet article dépasse les simples rêves et concerne aussi les phénomènes tel la télépathie. Je fais néanmoins le choix de rester ici uniquement dans le cadre onirique.

Dernier exemple un peu plus ancien, concernant trois personnes cette fois: je rêve il y a quelques années d’un ami très cher qui vit à Paris. Nous sommes dans la rue, en ville. Il est amaigri et me tombe, faible, dans les bras. Au réveil, portant une inquiétude sourde, je crains qu’il n’aille mal, alors, dans la journée, je lui téléphone. Pas de réponse. J’essaye de le contacter plusieurs fois, sans résultat. L’inquiétude se mue en angoisse, mais j’essaye de me raisonner en me disant que c’est n’importe quoi. Je ne dis rien à mon mari ni sur cette peur inexpliquée, ni sur mes tentatives pour le joindre. Le lendemain matin, mon mari me dit avoir rêvé…de mon ami. Quand enfin, j’ai des nouvelles de mon ami, il me dit sortir de l’hôpital où il a été soigné en urgence.

Quelles hypothèses peut-on faire au sujet de ces phénomènes ?

  • Hypothèse sceptique : coïncidence sans aucun sens…certes, mais au bout de la centième fois jour ou nuit, pas si probable
  • Émission du rêve par une des personnes, ce qui voudrait dire que certains rêves que nous faisons sont « imposés » par quelqu’un d’autre. Et que l’autre se trouve en situation de récepteur. Dans ce cas, comment « cela » circule-t-il ? Qu’est-ce que « cela » ? Qu’est-ce qui émet/reçoit, et à quel endroit dans le corps ? (ADN?) Fonctionnons-nous en wi-fi ?!
  • Le rêve se situe, ainsi que le suggérait Jung dans un espace intermédiaire. Mais…où ? Et quelle partie de nous s’y rend ? Quelle similitude de sens partageons nous avec l’autre personne, ou alors pour laquelle des deux le rêve a-t-il réellement un sens ? Les deux personnes se connectent sur une source d’information collective ? Que serait cette source et « où » se situerait-elle ?
  • Concernant le rêve des lions, serions-nous toutes les deux à un stade de développement psychique à peu près équivalent ?

Autre exemple de vécu onirique partagé, difficile celui-ci (soupir). Trois rêves que je fis il y a deux ans pour le plus ancien, au sujet d’une troisième amie.

Le premier, alors qu’elle était en rémission d’une maladie grave : je me vois repartir de sa maison vide. Rêve ensoleillé, et joyeux pourtant.

Le second, où six mois plus tard, je rêvais d’elle, très affaiblie, et de son mari, chez eux, lui la soutenant, car elle était tombée dans l’escalier. Une ambulance était déjà arrivée à l’arrière de la maison.

Je me rendormis, et rêvais à nouveau d’elle. Cette fois, elle était souriante, détendue, en pleine forme, semblait avoir repris son poids d’ « avant » et prévoyais de fixer une date pour qu’on fasse un repas tous ensemble.

Il se trouve que le jour même de ces deux rêves, elle est effectivement tombée dans l’escalier et s’est effectivement blessée. (J’ai su après que son fils aîné, qui a mon âge, s’était inquiété de son côté sans raison apparente et avait téléphoné.) Dans mon rêve, seule la maison différait puisqu’elle n’était pas chez elle en réalité.

Même si je sentais consciemment qu’elle était en fin de vie, je n’ai compris que plus tard la signification imminente du second rêve, annonce de son départ quinze jours plus tard, justement du fait de sa sérénité rayonnante.

Jusqu’à la fin, elle a choisi de cacher à son entourage son état de santé et pour beaucoup leur déni l’y a aidée.

Les mêmes questions se posent avec encore plus d’acuité pour moi ici. De quelle nature était cette communication entre nous, alors que les relations diurnes étaient assez distantes et empreintes de beaucoup de pudeur ? Une chose est sûre, dans ces cas présentés, l’affectivité est chaque fois présente: affection, amour ou peur.

Cela se passe également à des moments différés, on appelle alors souvent « prémonitoires » des rêves qui se réalisent. Le cerveau, au moyen du rêve qui est une résolution de problèmes avec des données collectées par la personne dans la journée, propose une issue possible pour les événements, positive ou négative, selon les cas:

  • J’ai ainsi rêvé longtemps à l’avance un problème de santé qui a heurté mon frère quelques années plus tard.
  • J’ai également rêvé de manière imagée du suicide d’un camarade de lycée. J’avais vraisemblablement senti en dansant avec lui, son désespoir, sans en avoir conscience.
  • Mais parfois, le rêve ne peut avoir été provoqué par les émotions ou indices captés à l’état de veille…exemple de la rencontre en rêve avec un petit ami rencontré plus tard, et où je voyais en détail le lieu de la rencontre, où je n’avais jamais mis les pieds auparavant. Si le facteur émotionnel est à coup sûr présent dans ce cas également, il s’agit véritablement d’un saut dans le temps, difficilement explicable.

Après ces phénomènes nocturnes, je vous parlerai dans l’article suivant de leurs pendants diurnes.