Dans l’article précédent, j’ai exposé quelques cas de télépathie ou synchronicité que j’ai vécus lors de différents rêves, toujours concernant des personnes proches affectivement.
En plein jour, cela m’est également arrivé, comme à beaucoup de personnes :
- D’une part, par la perception d’émotions ressenties par les personnes en présence, pas forcément toutes proches affectivement. Exemple : un moment de panique m’a fait quitter l’appartement d’une amie lorsque j’avais 18 ans : les personnes qui lui rendaient visite à ce moment cherchaient une personne qui avait laissé une lettre de suicide. Ces personnes n’avaient pas mentionné la raison de leur visite.
- Mais aussi, des pensées bien plus précises, comme une fois où je rentrais à pied chez moi et où à une distance assez proche de ma maison, une pensée s’est imposée à moi, « quelqu’un est mort ». Cette pensée était accompagnée d’une grande tristesse, subitement. Lorsque j’entrai dans la maison, mon mari m’appris le décès d’une vieille dame de notre entourage.
Certains actes aussi témoignent d’une intuition de ce qui va (risque d’) advenir :
- J’écris le nom de jeune fille de mon amie sur l’enveloppe, alors qu’elle est mariée depuis 10 ans, au moment où elle se sépare de son mari dont elle divorcera quelques temps plus tard, sans connaître encore leurs problématiques.
- Intuition ou synchronicité ? : j’envoie la chanson de Murat « le chat noir » à une copine par mél puis quelques jours plus tard la photo d’une éclipse de lune prise par mon frère. Quelques temps plus tard, j’apprends qu’elle a appelé son chat…noir… Eclipse !
- Je gare ma voiture subitement à un autre endroit au travail alors que des centaines de fois auparavant je la garais à une place précise et j’apprends dans la journée que ma collègue garée à « ma » place habituelle s’est fait emboutir sa voiture.
Il apparait donc que ces intuitions concernent non seulement des personnes dont on est proches affectivement mais aussi des situations.
A ce sujet, je voudrais faire part d’un phénomène de vision, différent de ce que je viens d’évoquer dans cet article et le précédent et qui m’a profondément marquée. Je me trouvai au moment de cet événement dans un état de conscience très particulier, à un moment de ma vie très particulier, fortement chargé d’affectivité.
13 octobre 2015. Tout le monde connait cette date, malheureusement. Je suis ce soir-là à un concert en Province, accompagnée d’une amie et de la sienne. L’ambiance est euphorisante, pleine de rires, ambiance un peu semblable à celles qu’on connait lors de l’adolescence. A un moment, je sens que ma conscience est modifiée, je sens que je suis reliée au sol comme au « ciel », lorsque j’avance dans la fosse de la salle de concert. Un peu plus tard, mon corps me commande de sortir, de faire marche arrière. Je ne comprends pas. La musique bat son plein, l’ambiance est bonne, pourquoi sortir ? Il est trop tôt pour proposer à nouveau à mes comparses un autre verre…et pourtant je sens mon corps tiré vers l’arrière vers l’entrée de la salle. Je vais outre cette sensation en restant, quand quelques minutes plus tard me vient une « vision ». Ce n’est pas une hallucination, il s’agit d’une rêverie très présente, réaliste, qui se superpose aux images réelles. Je me retourne et voit des hommes armés à l’entrée de la salle. Puis, je regarde devant moi, vois des mouvements de foule, des gens qui tombent, et horrifiée mon amie, à terre. L’image s’estompe. L’ambiance a vite fait de me faire oublier cette vision étrange.
Le concert s’achève. La vendeuse de tee-shirts parle d’un attentat avec une cliente, on lui demande de répéter : elle dit qu’il y a eu un attentat à Paris. Je repense à ma vision, et me dit qu’il est normal pour moi de penser à cela dans un lieu qui rassemble 3 500 personnes, après ce qui s’est passé en janvier précédent (Charlie). La fille avec qui on est venues essaye d’avoir des infos sur son portable mais ça ne fonctionne pas. Alors, une bière plus tard, on se laisse regagner par l’ambiance joyeuse. Puis on rentre, toujours portées par l’euphorie de la soirée, en faisant abstraction de ce qui n’est encore que les paroles d’une jeune femme vendant des tee-shirts…cela n’existe pas encore. Je rentre très tard, y pense bien sûr mais me dit que si je vais voir les infos maintenant, je ne vais pas dormir et que je serai plus à même d’affronter les infos sur cet attentat le lendemain matin.
Le lendemain, un magnifique lever de soleil accueille mon réveil. Je vais sur internet lire ce qui s’est passé. Plusieurs attentats. L’horreur. Et ces détails parmi les autres : le Bataclan, salle de spectacle. Et l’heure de l’attaque. L’heure, la même que celle de ma vision.
Il se trouve qu’à cette période de ma vie, j’étais trop ouverte aux quatre vents, mes défenses habituelles étaient tombées. Je n’étais pas dans mon état normal. Cette vision malgré tout (qui n’a pas été la seule en cet automne), m’a profondément marquée, rajoutant au choc de l’annonce des attentats de Paris, car j’ai réellement eu l’impression « d’y être » et j’ai été perturbée par ces images, en me demandant pourquoi je les avais eues et d’où elles venaient.
Une fois de plus, le caractère émotionnel était là. L’euphorie, et la peur. Mais c’est la première fois que l’intuition prenait la forme d’une image diurne. Et de l’impression d’avoir été à deux endroits au même moment. Après le saut dans le temps de la « prémonition », le saut dans l’espace, comme ci cette perception différente de la conscience habituelle abolissait les frontières de l’espace-temps.
Je n’ai pas d’explication à cela. Je sais juste que c’est arrivé. C’est la première fois où je ne connaissais pas les personnes concernées par mon intuition. Et que la tension du monde cette fois comme quelques autres avait un écho dans ma tension personnelle.
Je termine par une citation :
L’Écoute Imaginaire de Sylvain Bélanger et Fabienne Scott, Édition Quintessence, 2004 :
Les recherches de Mme Laborde-Nottale sont cependant intéressantes pour expliquer le développement non volontaire de la voyance. Son hypothèse permet d’expliquer que dans de nombreux cas, l’individu dépourvu d’une solide identité développe une certaine forme de clairvoyance non maîtrisée pouvant déclencher soit un processus psychopathologique, soit un pseudo-talent. J’en conclus qu’un clairvoyant désirant améliorer ses performances doit posséder une solide identité tout en ayant l’ouverture d’esprit nécessaire pour s’ouvrir aux signaux subtils se manifestant dans son imaginaire. Pour y parvenir, il lui est donc nécessaire de suivre un apprentissage lui permettant d’atteindre des qualités professionnelles.
Je ne souhaite quant à moi pas développer cela, car je pense, même si je suis très sensible aux phénomènes intuitifs, qu’à ce stade il s’agit dans mon cas d’un dysfonctionnement ponctuel de mes frontières, qui de toute manière est trop angoissant pour que je l’exploite. Ces phénomènes ont eu lieu souvent à l’adolescence et à partir de 35 ans.
Peut-être que ces modes de communication sont ceux utilisés par le bébé pour communiquer avec sa mère, et qui disparaissent une fois qu’ils n’ont plus lieu d’être, lorsque les autres langages prennent la place. Lorsque cela apparait plus tard, il peut s’agir d’un effacement ponctuel de l’identité. La fusion pouvant entrainer ce genre de chose. Ces fortes intuitions, télépathie etc. seraient la réactivation ponctuelle de ce mode de communication primitif, fusionnel, sans frontières.
Voici une définition trouvée par ailleurs:
Dernier parallèle : celui de tous ces phénomènes avec les observations faites en physique quantique, notamment :
- la même particule a été observée passant dans deux endroits différents au même moment.
- Le phénomène diffère selon l’observateur, d’autres personnes n’ont pas ces perceptions.
Depuis, ces liens « sauvages » décrits ici ont laissé davantage de place dans ma vie aux synchronicités, coïncidences signifiantes plus stables, calmes, répétitives. J’y consacrerai un troisième article.