J’ai lu en 2012 un livre que me conseillait une collègue depuis un moment. Moi qui ne relis jamais un livre, je l’ai ouvert de nombreuses fois depuis, pour en relire un ou quelques chapitres. A mon sens, il s’agit d’un un chef-d’œuvre…plutôt destiné aux femmes toutefois.
Clarissa Pinkola Estès est née en 1945 au Mexique et a grandi aux États-Unis, adoptée par une famille hongroise. Elle est conteuse et psychanalyste. Elle a écrit en 1996 cet essai inclassable de 763 pages, publié chez Grasset et en Poche.
A travers des contes du monde entier et des histoires orales, elle développe l’idée qu’une femme sauvage sommeille en chacune d’entre nous, quel que soit notre âge ou notre vécu.
Le chapitre qui m’a le plus touchée au départ (il y en a seize, traitant d’expériences et de périodes de vie différentes, dans lesquelles chacune peut se retrouver) est celui du vilain
petit canard. En trente pages sont résumées dix années de cheminement
dans ma prime jeunesse, précisément, justement, simplement.
De nombreux chapitres ne m’ont pas parlé parce que j’étais trop jeune.
Puis, plus tard, c’est le chapitre « selva subterranea » qui est devenu mon préféré, car il retrace dans un long conte mythique toute la vie psychique et intestine d’une femme, de la jeunesse à la vieillesse. Plus tard, ayant lu quelques oeuvres de Carl Gustav Jung, je ferai le parallèle avec la notion d’ « individuation » qu’il y développe.
L’an dernier, j’ai dû me replonger dans le chapitre de Barbe-Bleue…destiné pourtant aux toutes jeunes femmes naïves. Je m’étais encore « fait avoir » par la vie. Chaque mot résonne de vérité dans la vie, et à chaque relecture, on comprend et découvre des couches nouvelles nous éclairant.
Une de mes amies, qui fête cette année ses 52 ans, se nourrit quant à elle du chapitre « rentrer chez soi », qui traite de se retrouver lorsqu’on se consacre aux autres (presque) tout le temps.
Ce livre, pour celles qui veulent être femme, être elles-même et vivre justement
(en se nourrissant de « la femme sauvage » archétype au fond d’elles-mêmes) est une Bible à laquelle on peut revenir à tout âge pour des interrogations différentes. Pour s’affranchir de l’obéissance et la soumission millénaires féminines et du poids de la chrétienté sur notre liberté de femme, poids inconscient bien plus important qu’il n’y parait, même pour nous autres athées ne pratiquant plus. Il s’agit bien encore de notre culture occidentale.
Son savoir m’a énormément touchée, ce livre est une mine car on sent qu’il peut nous accompagner tout au long de notre vie. La première fois, j’y ai pensé longtemps après l’avoir refermé. Je crois aussi qu’il peut nous aider à mieux élever nos filles pour qu’elles s’épanouissent et se sentent libres.
Je remercie celle qui me l’a fait connaître et m’a en quelque sorte « autorisée » à le lire (maturité requise selon elle!) et ai envie de citer une phrase qu’elle eût alors à mon endroit et qui m’a beaucoup touchée « Tu es vieille depuis que tu as quinze ans. » C’est vrai…et Clarissa Pinkola Estes a contribué à me rendre ma jeunesse. Vous écrire cet article me donne envie de le rouvrir…bonne lecture (par petits morceaux pour la plupart d’entre nous.)