Il y a trois ans et demi, voulant découvrir les notions très floues qu’évoquaient pour moi la méditation, le moment présent et le lâcher-prise, j’ai lu un livre dont une amie un peu plus âgée me parlait depuis quelques temps: Le pouvoir de l’instant présent d’Eckhart Tolle.
Mon objectif était de m’entraîner à respirer/méditer pour à terme mieux gérer mes émotions, mais je m’attendais à devoir m’y astreindre longtemps avant d’obtenir quelques effets.
Dans ce livre, est présentée une façon de voir le monde différente de celle que l’on observe habituellement dans notre mode de vie très intellectuel et rationnel. On y lit que les humains s’attachent souvent au passé et au futur, et à leurs pensées et émotions négatives. Ce livre, si l’on met de côté des interprétations mystiques versant parfois dans une forme de religion, peut apporter de nombreuses autres pistes pour la vie personnelle, relationnelle.
Toujours est-il que j’ai suivi quelques indications d’Eckhart Tolle sur la respiration et l’absence de pensée. Concrètement, très simplement, j’ai fermé les yeux et calé ces deux phrases sur l’inspiration et l’expiration: « Ne pense à rien » « Et vois ce qui se passe ». Ce mantra, ainsi répété m’a amenée à une expérience et une découverte fondamentale. J’ai eu un accès direct, dès la première fois (alors que je m’attendais à pratiquer longtemps pour attendre simplement une sérénité calme), à une joie intense dépassant même les barrières de mon corps. Très étonnée, j’ai exploré quasiment quotidiennement cet état en méditant un quart d’heure ou une demi-heure dès que possible. J’avais l’impression d’avoir un accès direct à une partie de mon être située à l’arrière-plan, et le plus extraordinaire, c’est que c’était un accès diurne. D’ordinaire, j’avais accès seulement au travers des rêves à cette partie vivante et profonde, au-delà des pensées, du mental et de la conscience ordinaire.
En discutant avec la personne qui m’avait offert ce livre, j’ai pris conscience que tout le monde ne réagit pas de la même façon à cette pratique. L’émotion, la transe parfois était particulièrement forte chez moi. J’arrivais en cas de mauvaise humeur à la modifier en 15 minutes. De plus, les sensations éprouvées dans le contact au monde en ont été profondément changées: ainsi, en marchant dans la nature, j’avais l’impression de me fondre en elle, comme si de très nombreux liens horizontaux me reliait à tout ce qui m’entourait, le tout dans un sentiment de joie et de bien-être bien présent. Je rapproche cet état de celui de certaines religieuses en transe ou celui des chats à demi-éveillés. Plus tard, je sentais non seulement ces liens horizontaux, mais aussi deux liens verticaux, l’un vers le ciel, l’autre vers la terre, comme si j’étais au centre d’une croix.
Cet état « de conscience » disent de nombreux auteurs, je l’avais déjà ressenti ponctuellement dans ma vie, mais sans savoir ce dont il s’agissait. Je donnerai l’ exemple de la naissance de ma fille, durant laquelle je me suis mise naturellement à méditer, sans savoir ce que je faisais. Il s’agissait d’une sorte de réflexe animal, et cela a indubitablement aidé, puisqu’associé à la douleur que cela permettait de mieux gérer, cela me permit de me sentir comme ivre, donc un peu anesthésiée. Ma conscience était modifiée et toute entière à ce qui se passait, je ne pouvais pas vraiment parler. J’ai lu bien plus tard, que ce vécu « mystique » de la naissance était vécu par d’autres femmes (sentiment d’élévation et d’éternité au moment de la venue de l’enfant, avec une conscience modifiée).
Au bout de deux mois, après la découverte consciente de la méditation de pleine conscience (c’était donc cela!), une expérience m’a effrayée et j’ai arrêté quelques temps. J’ai dû induire sans le vouloir un état d’auto-hypnose puis qu’une image est apparue devant mes yeux, un peu trop réelle à mon goût. Deux mois plus tard, rassurée sur ce rêve éveillé (j’avais déjà eu un état hypnagogique au réveil lorsque j’étais à la fin de l’adolescence: image du rêve persistant quelques secondes après le réveil) j’ai repris ma pratique.
Parallèlement, durant cette période, j’ai pratiqué plusieurs méditations:
-les méditations de mémoires cellulaires (Caroline Blanco), elles permettent de sentir des tensions musculaires dans le corps et de les associer à des souvenirs imagés. Ces souvenirs sont ensuite « déterrés » du corps grâce à la méditation. Celles-ci permettent aussi d’entrer en contact avec l’enfant intérieur (voir aussi les oeuvres de Thich Nhat Hanh). Dans son livre « la guérison intuitive« , Caroline Blanco en propose de nombreuses, ainsi que sa conception de la Vie.
-les méditations de Miranda Gray, destinées plus particulièrement aux femmes. Elle en propose quatre dans son livre « La femme lunaire« , en fonction des phases du cycle. J’ai gardé l’une d’entre elles, utile en cas d’humeur négative.
Il s’agit d’imaginer un petit cercle au niveau du plexus solaire, qui ferait office de goulot de sablier: d’un côté, en nous une humeur grise ou noire, de l’autre devant notre ventre, une lumière pailletée. Au début de la méditation, il s’agit de prendre (le temps de quelques respirations) conscience des humeurs sombres à l’intérieur de nous et du petit cercle-goulot. Puis d’en avoir conscience à chaque inspiration. A chaque expiration, en revanche, on visualise le noir qui sort par le petit cercle, créant un appel d’air, ce qui fait entrer dans le même temps la lumière brillante à la place du noir. Au fur et à mesure, le noir devient gris foncé, puis gris clair, puis blanc cassé. A la fin, c’est comme si la différence de pression entre intérieur et extérieur n’existait plus et on a à l’intérieur du corps une substance blanche brillante, un certain bien-être, voire de la joie.
Au bout de quelques mois, cet état méditatif m’est devenu si familier que je le ressentais très souvent dans ma vie quotidienne: en marchant, nageant, conduisant (attention!)…j’ai donc arrêté de pratiquer « en exercice ».
Puis, quelques mois plus tard, le ressenti a changé: ce n’était plus de la joie mais de l’amour, très fort, qui « coulait » en moi. J’ai alors pensé aux gens qui ont une religion: peut-être était-ce ce ressenti qu’ils associait à Jésus ou d’autres figures de croyances. C’était comme si ce sentiment était aussi présent à l’extérieur, comme si c’était de quoi était fait l’univers autour.
La pratique est importante d’une manière régulière. Car cela permet de sentir plus fortement la joie et la vie quand tout va bien et d’adoucir un peu les périodes difficiles, même si cela n’est pas forcément suffisant dans les moments de grandes difficultés et de désespoir. Méditer fait du bien au cerveau, au corps, à notre humeur, repose comme une sieste. Dans certains hôpitaux (Bretagne?), on s’est sert pour traiter l’hypertension.
Récemment, j’ai renoué avec les méditations guidées car j’ai eu accès à celles de Christophe André (Méditer jour après jour). Les propositions audio de l’auteur sont accessibles, laïques et variées. La nouveauté pour moi a été le focus sur les sons, ce que je n’avais pas l’habitude de faire. Cela fait écho au travail sur la fonction sensation (cf articles sur les types psychologiques, celle-ci est peu développée chez moi) et aux centres énergétiques (communication/5e chakra, cf articles sur les énergies en rêve).
Christophe André propose, de manière laïque, donc adaptée à tout le monde diverses méditations de difficulté croissante durant 10 à 30 min: prendre conscience de sa respiration, de son corps, des sons, se détacher de ses pensées, s’ouvrir au moment présent (là où on trouve cette joie, cette vie, cet amour…), puis quelques méditations à utiliser lors d’états d’âme précis: le corps douloureux, les émotions douloureuses, bonheur, amour et enfin la conscience ouverte, pleine conscience dans le sens où tout devient source d’attention à l’intérieur (respiration, corps) comme à l’extérieur (sons, etc.), intérieur et extérieur étant reliés plus facilement grâce à cette méditation guidée.
Enfin, ainsi que l’évoque Carl Gustav Jung, lorsqu’on a une pratique de ses rêves et de l’inconscient depuis longtemps, on peut utiliser « l’imagination active » pour visualiser un rêve, dialoguer avec et éventuellement le modifier.
La découverte de cette intériorité spirituelle et de ce lien non intellectuel avec le monde a été d’une importance capitale dans ma vie et mon évolution. En ce sens, il se pourrait que le livre d’Echkart Tolle soit le plus important que j’aie lu. Pour conclure cet article sur le témoignage de ma rencontre avec la méditation, je dirais que j’ai alors (re)découvert à 35 ans l’autre moitié de moi-même que j’ignorais en grande partie, et que CELA est pour chacun un cadeau et un trésor incroyable, qu’il est là en nous pour toujours, et que quelles que soient les difficultés de la vie, rien ni personne ne peut nous l’enlever.