Les dialogues avec l’Ange: messages aux flammes

Pendant la deuxième guerre mondiale, en Hongrie, quatre amis ont reçu pendant plusieurs mois par canalisation des messages de leurs anges (88 entretiens). Ils ont pu sauver de nombreux enfants de la mort. Trois d’entre eux n’ont pas survécu aux abominations nazies, la quatrième, Gitta Mallasz a retranscri trente ans plus tard les paroles reçues.

Je vous compile ici des extraits qui me semblent concerner la polarité féminine, chaser des duos de flammes jumelles s’éveillant actuellement sur Terre. Vous trouverez dans la foulée une autre partie concernant les runners, puis une dernière sur le lien FJ et l’Humanité.

(En majuscules d’imprimerie, les messages canalisés, entre guillemets les commentaires de Gitta Mallasz et en italique les miens.)

Le chaser

LE CINQ (5e chakra) EST L’ANGE-LE SIX (6e chakra), LE SERAPHIN/CE QUE JE SUIS POUR TOI (runner), IL L’EST POUR MOI (chaser): MON INTERMEDIAIRE ET MON MAITRE.

JE NE SUIS PRESENT QUE DANS LA JOIE (du runner) L EAU M APPROCHE DE TOI (runner). CE QUE FAIT LE FEU POUR TOI (runner). L EAU LE FAIT POUR MOI (chaser). LE FEU EST JOYEUX. L EAU EST PESANTE.

Le chaser a besoin de descendre la lumière, le feu par le 6e et le 5e chakra vers le coeur 4e chakra, en refroidissant la brûlure par l’eau des émotions. Le runner a besoin d’élever le poids (2e chakra), par le 3e chakra vers le coeur en réchauffant l’eau de ses émotions, vers le 4e chakra. Ici se mèlent la lumière et le poids qui s’attirent dans l’amour.

CHERCHE EN TOI LE MANQUE ET TU SERAS ENTIERE.

DEMAIN APPELLE MOI CAR TU DOIS RAYONNER ET NON AIDER. IL TE FAUDRA MONTRER LA NOUVELLE LUMIERE QUI NE PASSE PAS PAR LES MOTS MAIS PAR LA CERTITUDE.

LE TIEDE « PEUT ETRE » N A PAS DE PLACE A SA TABLE. QUE VOTRE MESURE SOIT LA PLENITUDE.

CELUI QUI RAYONNE (6e, par un silence dynamique), CELUI QUI BÂTIT (5e) =chaser

CELUI QUI BATIT caractérisé par la paix et le silence

« Pour compenser le manque de poids, l’Ange faisait passer ses messages par des événements matériels, une chute de pierre » sur un mur par exemple. (pouvoirs psychiques de chasers)

TU SERAIS TERRIFIEE SI TU VOYAIS LES FORCES IMMENSES QUI TE TRAVERSENT A TOUTE VITESSE DANS TOUS LES SENS SANS QUE TU LE SACHES. SI TU ES EMPLIE ET SI TU REMPLIS CE A QUOI TU ES APPELEE IL N Y A PLUS DE FORCES AVEUGLES CAR LES FORCES DEVIENNENT AGISSANTES EN TOI ET PAR TOI. AUTREMENT ELLES TE DETRUISENT.

LE VRAI SENTIMENT EST IMMOBILE. IL AIME TOUT ET RAYONNE. LE SOLEIL EST IMMOBILE ET RAYONNE PARTOUT.

environnement pouvant être ressenti comme glacé car au-dessus des émotions

LUI SEUL PEUT AGIR NE PRENEZ QUE SI C EST LUI QUI PREND NE DONNEZ QUE SI C EST LUI QUI DONNE ET LA MATIERE SERVIRA

TOUT EST CORPS; CE QUI EST INSAISISSABLE POUR TOI (runner), « L AME », POUR MOI (chaser) C EST UN MUR EPAIS

Pour le runner, le chaser est « son image de lumière ».

LES SENTIMENTS LE VOULOIR LE DESIR SONT TEMPORELS. LORSQU ILS CESSENT, LA EST LE BUT DE TON CHEMIN.

Il faut du temps pour que la lumière « pénètre, forme et transforme la matière ».

LA PAROLE EST SACREMENT LA QUATRIEME MANIFESTATION LE PONT ENTRE LA MATIERE ET L ESPRIT. NE JOUE PAS AVEC ELLE NE LA PERVERTIS PAS CAR DE TA BOUCHE CE QUI N EST PAS DELIVRE LE FAUX LE MAUVAIS S ECOULE VERS LE BAS ET CORROMPT LES TROIS PLANS INFERIEURS C EST LA MALADIE. (chakra 1 à 3)

LA PAROLE CREE AINSI VOUS NE POURREZ PLUS RECULER. C EST ACCOMPLI VOUS AVEZ LIBREMENT AGI. Nous sommes responsable de ce que nous disons ou ne disons pas.

Le mental « intermédiaire entre l’intuition et la matière ». NON PAS CONDUCTEUR MAIS CONDUIT. NE FAITES PAS DE PROJETS AVEC LA TETE. AVEC LA TETE EXECUTEZ. LE PROJET EST CHEZ LE PERE TOUS LES PROJETS.

NE CHERCHE PAS A SAVOIR, SERS! ALORS TU VAS CONNAITRE ET NON SAVOIR.

CE QUE TU SENS MAINTENANT EST LA TRANSITION, transformer la souffrance en le fait de se donner, de LE servir dans la joie.

Le runner

CELUI QUI AIDE (2e)=runner

JE SUIS DANSEUR ET JE DANSE POUR LUI (2e)

« CELUI QUI AIDE » (2e) DOIT DESCENDRE DANS L ABIME. JE TE DONNE LA CLEF DE LA PROFONDEUR SON NOM EST: TACHE.

CELUI QUI AIDE EST LE PONT ENTRE L AIDé ET L AIDE ETERNELLE. MAIS SEULEMENT AUSSI LONGTEMPS QUE C EST NECESSAIRE.

Pour le chaser, le runner est « son pareil plus dense ».

C EST CELA VOTRE DELIVRANCE. QUE VOUS NOUS DEMANDIEZ NOTRE PAROLE (chaser) ET QUE NOUS PUISSIONS VOUS LA DONNER. C EST CELA NOTRE DELIVRANCE QUE NOUS VOUS DEMANDIONS DE PRETER VOTRE MAIN (runner) ET C EST ACCOMPLI

L’union des deux flammes délivre le ciel et la terre en devenant amour agissant.

L AMOUR N EST RIEN SANS LA LUMIERE LA LUMIERE N EST RIEN SANS L AMOUR.

« Au cours de nos rencontres les anges se sont donnés entièrement, seules nos limites (runner) nous ont empêchés de les recevoir à la hauteur de leur don. »

DU COEUR A LA BOUCHE IL N Y A QU UNE MAIN, FAIS CE CHEMIN!

SI JE (chaser) M APPROCHAIS DE TOI (runner) JE T ARRETERAIS MAIS JE RECULE TU NE T EN APERCOIS MEME PAS ET TU APPRENDS AINSI A MARCHER SUR L AIR PAS SUR L EAU SUR RIEN.

JE (chaser) TE REPONDS A MOITIE. J OMETS L AUTRE MOITIE.

« L’ange n’a pas prémaché la nourriture, il a ouvert notre appétit. »

« L’homme qui reçoit, n’est-il pas aussi important que l’ange qui donne? »

TA JOIE (cher runner) REND MA PRESENCE FACILE.

TU NE CALMERAS PAS LA BETE PAR LA BETE.

CHAQUE PAS VERS LUI EST UN EVEIL.

Le lien FJ et l’Humanité

QU Y A T IL DE PLUS NATUREL QUE DE PARLER ENSEMBLE?

SI VOUS POUVIEZ SAISIR L ATTIRANCE D AMOUR DU POIDS VERS LA LUMIERE SI VOUS POUVIEZ PRESSENTIR L ATTIRANCE D AMOUR DE LA LUMIERE VERS LE POIDS ALORS VOUS GOUTERIEZ L IVRESSE.

LA BOISSON SE DEVERSE ET IL N Y A RIEN POUR LA RECUEILLIR! BATISSEZ LUI VOUS TOUS UN NOUVEAU VASE POUR LA BOISSON! « supporter son intensité »

CEUX QUI MESURENT (4e les deux)

Rôle des « jardiniers: couper ce qui est stérile, desséché et sans vie »

« Sur un plateau de la balance, l’ange. Sur l’autre, moi, l’homme. L’union n’est possible que si la balance est en équilibre.  »

« Nous formons une unité organique. » MOITIE DIEU MOITIE TERRE

PAR LES TROIS MARCHES D EN HAUT DESCEND L AMANT LA LUMIERE SI L AMANT (inconscient du chaser) TROUVE L AMANTE (inconscient du runner) LA MORT DISPARAIT POUR TOUJOURS. LA MATIERE SAGESSE EN EST LE FRUIT. L ENFANT (la flamme jumelle réunie) EST ENLEVE AU CIEL ET LE CIEL DESCEND SUR LA TERRE D ETERNITE EN ETERNITE.

LA BOUE MONTE VERS LA LUMIERE LA LUMIERE S HABILLE DE MATIERE LA CREATION PORTE FRUIT LUMIERE TANGIBLE MATIERE-LUMIERE. SOYEZ DANS L ALLEGRESSE!

DEUX ENFANTS JOUENT…DEUX TIENNENT LA CORDE ET LA FONT TOURNER…LE TROISIEME SAUTE. S IL SAUTE TROP TOT S IL SAUTE PLUS TARD QU IL NE LE FAUT BIEN SUR LA CORDE LE FRAPPE. LE MOMENT JUSTE C EST LE BUT. C EST LA JOIE DANS LE JEU.

L ACTE FAIT A TEMPS. EST ACTE HORS DU TEMPS.

QUI SE DEPECHE (chaser) S APPROCHE DE LA MORT PAR DEVANT, QUI TARDE (runner) S APPROCHE DE LA MORT PAR DERRIERE ENTRE LES DEUX L ETERNITE QUI AGIT A TEMPS IGNORE LA MORT. (« ligne verticale lumineuse=la Vie »)

NOUS NE CONNAISSONS NI L ESPACE NI LE TEMPS. L ESPACE VA EN S ELARGISSANT VERS LE BAS, SI VOUS VOUS ELEVEZ VOUS POUVEZ TOUJOURS A TOUT INSTANT ETRE UNIS.

« L’accomplissement de notre manque essentiel est un mystère, un secret intime, individuel. Il ne peut être partagé qu’avec celui qui est capable de le combler. » « Il y a des événements intérieurs qui ne gardent leur luminosité que dans le secret du silence. »

LA JOIE EST L AIR DU MONDE NOUVEAU.

QUE LA MESURE CHAQUE JOUR SOIT TON JEUNE!

CHAQUE ORGANE DE TON CORPS EST IMAGE D UNE FORCE DE L UNIVERS ET C EST D ELLE QU IL RECOIT SA FORCE.

CHACUNE DE TES CELLULE DOIT S EVEILLER.

TU VOIS LE MIRACLE VENIR SEULEMENT SI TU T OUBLIES. UN MOT TE FERME TU AS DIT « JE » …C EST FINI.

L IMPOSSIBLE N EXISTE PAS TOUT EST POSSIBLE. LE POSSIBLE EST LA LOI DU POIDS L IMPOSSIBLE EST LA LOI DU NOUVEAU. OISEAUX ENGOURDIS LA PRISON EST OUVERTE ET VOUS N OSEZ PAS VOLER. JE VOUS EFFRAIE AFIN QUE VOUS VOLIEZ! NE SOYEZ PAS FAIBLES. N AYEZ PAS PEUR. DE PERSONNE. EN VOUS HABITE LE MOT SACRE LE MOT MERVEILLEUX LE MOT TOUT PUISSANT LE POSSIBLE TOUT EST POSSIBLE SI VOTRE FOI EST AUSSI GRANDE QU UN GRAIN DE MOUTARDE.

LE NOUVEAU EST TOUJOURS AU DEDANS ET JAMAIS AU DEHORS. TOUT EST EN TOI ET NON AU DEHORS DE TOI.

LE JUGEMENT N EST PAS FIN MAIS COMMENCEMENT SI VOUS VOYEZ QUELQUE CHOSE TOMBER EN POUSSIERE SACHEZ QUE LA LUMIERE APPROCHE.

QUE C EST MERVEILLEUX CHACUN DE VOS PAS A TRAVERS LE VIDE DEVIENT UNE ILE FLEURIE OU LES AUTRES PEUVENT POSER LE PIED.

LE MAL EST LE BIEN EN FORMATION MAIS PAS ENCORE PRET. TU ACCUEILLES LE MAL ET LE TRANSFORME EN BIEN CAR LE MAL N EXISTE PAS SEULEMENT LA FORCE NON TRANSFORMEE.

LA TACHE DU MAL EST DE METTRE A L EPREUVE. UNE FORCE INHABITUELLE DEMANDE UNE RESISTANCE INHABITUELLE. POUR LE FORT LE PECHE EST ENSEIGNEMENT POUR LE FAIBLE PERDITION.

L AILE DES ANGES ET L’OMBRE DES DIABLES SONT DEVENUS INUTILES. LES DEMONS DEVIENDRONT DE NOUVEAU DES ANGES.

L HOMME ENTEND LE CRI D ANGOISSE DE L UNIVERS ET DOIT Y FAIRE NAITRE LA DOUCEUR.

TOUTES LES ETOILES DE L UNIVERS NE SONT QUE DES CELLULES. L HOMME EST L ESPRIT.

L HOMME EST TELLEMENT GRAND QUE MOI NON PLUS JE NE LE VOIS PAS ENCORE.

 

 

 

 

FJ : « La porte des hommes », vie 2

Nous sommes en Bretagne, à Bubry, en 1857. La saint Michel vient de passer, la fête a battu son plein ! Les récoltes ont été bonnes, les villageois sont heureux car ils savent qu’ils passeront l’hiver sans difficulté. Le ciel leur a offert cette année des saisons clémentes et fécondantes…les rires légers, graves ou cristallins flottent dans l’air encore chaud de cette arrière-saison.

Madeleine aura 17 ans dans deux mois.  Elle a changé depuis quelques temps. Son visage enfantin s’est affiné, elle a grandi, poussé comme les blés. Le côté angélique qui émane de sa personne, renforcé par la blondeur de sa chevelure, contraste avec son regard sérieux et grave. Depuis toujours, elle a le don de voir à travers les personnes. Elle devine la moindre de leur pensée, de leurs émotions. Elle reconnait les gens creux, vides, des autres, ceux qui ont une âme profonde et belle. Parfois, les gens sont gênés de ce qu’elle les fixe si longtemps. Depuis qu’elle est toute petite, sa mère lui a répété cent fois d’arrêter cela…tout comme de parler aux arbres, aux animaux, au vent.

Ce jour-là, elle marche sur le chemin herbeux vers l’église. Ses sabots neufs, taillés par son oncle dans un saule pourtant tendre, lui font mal aux pieds malgré la paille qu’elle y a glissée. Son cœur bat à tout rompre, elle a presque la nausée. Elle a demandé au prêtre Pierre de se confesser pour se libérer enfin de ces tourments indicibles, des images de péchés qui ne la quittent plus depuis de long mois, troublant son âme pure. C’est devenu invivable. Mais le pire, c’est qu’au plus profond de son cœur et de son corps, ce n’est pas le pardon de Dieu et l’absolution qu’elle espère, mais la réalisation de ses visions pourtant sataniques.

Chaque pas la mène au pire, elle le sait, mais ses jambes y vont d’un pas sûr.

Lorsqu’elle sort du confessionnal, Pierre attend d’entendre la lourde porte de bois se refermer pour s’effondrer en larmes, la tête dans les mains. Il sanglote comme un enfant, sachant que la vie vient de basculer, que le futur vient de changer et qu’il ne pourra rien faire pour le contrer.

Il est éperdument amoureux de cette jeune fille, qui vient de lui avouer d’une voix douce la réciprocité de cette folie. Heureusement, la paroi lui a épargné la vue de son regard. Il se bat contre son élan vers elle, combat contre le Diable et sa tentation depuis des mois. Comment de pareilles idées peuvent-elles s’insinuer jusque dans la moindre des parcelles de son être ? Elle est si jeune ! Il a l’impression de perdre la tête, les nuits sans sommeil s’enchaînent…que faire ? Il doit résister, il n’y a aucun choix possible, ne serait-ce que pour protéger cette chère petite, prunelle de ses yeux.

Alors, il prie, il prie, jour et nuit.

Cinq mois plus tard, Madeleine est assise sur les pierres glissantes du lavoir. Ses larmes, amères, rejoignent l’eau de la source. Personne ne bat son linge aujourd’hui, il pleut comme vache qui pisse. Personne ne viendra troubler son désespoir. Elle ne sait plus qui elle est, elle voudrait mourir. Elle sent dans son dos les blessures de la rossée que lui a flanquée sa mère. Ses frêles membres sont couverts d’hématomes aussi larges que son poing.

Elle entend encore les cris de sa mère, qui ne l’a jamais aimée et qui la déteste ouvertement depuis que sa beauté a fleuri. « Sale traînée ! Sale sorcière ! Tu vas traîner ta famille dans la honte,  quelle vilénie, va-t’en et ne reviens plus jamais ! »

Jamais elle n’ira voir l’homme qu’elle aime pour lui dire qu’elle attend un enfant de lui. Elle rêve pourtant de lui toutes les nuits. Leurs rendez-vous n’ont pas cessé dans l’autre dimension. L’univers lui renvoie des signes partout, où qu’elle aille. Tout autour d’elle lui crie de retourner à lui.

Alors que faire ? Elle prie Dieu de toutes ses forces, trempée par les eaux du Déluge, après avoir songé un instant à se tuer en se noyant…, pour qu’il lui envoie un signe, une issue de secours autre que la mort. Se tuer elle, peu importe, cela ne lui fait pas peur, mais l’enfant qu’elle porte ? L’enfant de l’homme qu’elle aime au-delà de tous les mots possibles ? Au-delà de tous les sentiments existant sur Terre…c’est comme si elle le tuait lui, et cela lui est proprement impossible à envisager.

Soudain passe le père Emile. Un homme au regard sombre. Il est mauvais, se bat souvent, surtout quand il sort de la taverne où il dépense jusqu’au dernier de ses sous. Il vit seul, dans une cabane, au sortir du village.

Madeleine se lève, et se dirige droit vers lui.

« Ce sera mon châtiment », se dit-elle.

Il a une fois essayé de la coincer dans un coin l’année passée, et les remarques immondes fusent lorsqu’elle ne peut éviter de passer à côté de cet homme abject. Les autres aussi l’évitent.

«  Je ne vaux pas mieux que lui », pense-t-elle en s’approchant.

Arrivée à sa hauteur, elle lui propose de but en blanc de demander sa main à ses parents. Son regard, d’abord surpris et craintif prend soudain une lueur malsaine, brillant plus fortement qu’à l’accoutumée. Et il la laisse là, sous la pluie, pour se diriger en ligne droite lui aussi vers la masure où Madeleine a grandi.

Les bleus ne quitteront plus jamais son corps, jusqu’à la fin. Elle acceptera sans broncher cette vie de de misère et de rédemption, où la lumière de son âme s’éteindra au fil des jours.

Il lui arrivera même de regretter d’avoir mis au monde son fils, pour qu’il vive une telle vie, à quoi bon ?! Mais ces quelques secondes de doute s’estomperont aussitôt.  La seule chose sur laquelle elle ne transigera pas, c’est que jamais l’ordure qui vit avec eux ne touchera à son fils. Elle le tuerait et depuis le jour où il a essayé de lever la main sur lui, il le sait. Pour son enfant, elle accepte tout le reste.

L’amour de sa vie a rapidement changé de paroisse. Elle lui a pardonné et l’aimera toute sa vie, malgré la séparation. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’il passera le restant de sa vie à souffrir le martyre, dans la culpabilité et la manque atroce d’Elle. Il ne trouvera aucun réconfort en son Dieu, qui l’a abandonné, et seul au monde, il pensera chaque jour et chaque nuit à Elle et à leur enfant qu’il n’aura jamais la chance de voir grandir.

 

FJ : « L’homme en tunique de peau », vie 1

Mathurin est marin. Il aime la liberté, l’océan, le mouvement…son bateau et son métier de pêcheur, c’est son oxygène. Lorsqu’il rentre à terre, il est heureux de voir les siens, mais il ne peut jamais rester enfermé trop longtemps. Le large l’appelle, le large l’aime, et il l’aime plus que tout au monde.

Marie est sa femme. Ils ont été mariés dans la chapelle de St Cado en l’an de grâce 1599, par le prêtre Jean, qui les a vus grandir. Marie est si heureuse lorsque Mathurin accoste au petit port breton. Il est comme la moitié de sa chair et lorsqu’il n’est pas là, elle regarde chaque soir le coucher du soleil sur l’eau, appelant son retour de tout son être. Peut-être auront-ils bientôt un enfant bientôt, ils ont le temps, ils sont si jeunes. Elle rêve de lui donner un fils, un garçon solide qui aurait le même visage que son père, parsemé de taches de rousseur, au regard profond et bleu.

Un soir, le bateau tant attendu ne rentre pas. Ce sera pour demain. Marie essaye d’étouffer l’angoisse sourde qui monte en elle. Le lendemain, le jour, interminable, s’achève sans que rien ne trouble la ligne de l’horizon de l’océan. A la nuit tombante, elle se précipite à la chapelle pour prier et l’appeler, de toutes ses forces dans l’ombre que seul le halo de la bougie qu’elle vient d’allumer ensemence. En sortant, elle se tient au mur de granite, prise d’un vertige.

Elle évite les autres villageois, sa famille, surtout les deux autres familles qui attendent les autres pêcheurs que personne n’ose dire disparus, comme si cela allait sceller leur sort.

Le lendemain la colère s’empare d’elle, la consumant littéralement : il l’a abandonnée !! Après si peu de temps ensemble, alors qu’elle en rêvait depuis si longtemps, depuis toujours…veuve !? A cet âge !? Elle en veut à lui, à elle-même, de l’avoir laissé partir ce jour-là, à Dieu, elle blasphème, hors d’elle, crache sur le Christ qui n’a rien fait malgré toutes ses prières, toutes ses supplications.

Peu à peu, jour après jour, la lueur de vie s’éteint dans les yeux de Marie. Elle sait en son cœur et son corps, qu’elle ne reverra pas l’amour de sa vie. Une nuit, dans un rêve, elle a eu la vision du bateau, parti vers l’ouest. L’ouest, c’est la direction du pays des morts.

Un matin, son frère la trouve inanimée, dans la grange. Depuis un mois, elle s’est laissée mourir. Personne n’a rien pu faire. Elle git sur la paille, les joues cireuses. La couleur de la vie l’a quittée, la couleur de la passion qui a animé toute sa vie: cet amour inhumain pour son soleil perdu.

Saint Pierre, cathédrale Maguelone (XIIe siècle), Hérault