Cet article se veut une synthèse de deux courants actuels distincts concernant l’importance de l’alimentation pour offrir à nos enfants une meilleure santé future (et à nous autres adultes aussi pourquoi pas!).
Le premier axe dont je voudrais vous parler est issu des recherches concernant le microbiote, communauté de bactéries utiles présentes dans le système digestif. Ces bactéries possèdent des gènes différents qui prolongent notre génome, participent à notre digestion et à notre immunité. Ceux qui souhaitent commencer à comprendre comment fonctionne cet écosystème complexe, peuvent lire le livre d’Erica et Justin Sonnenburg: L’incroyable pouvoir de votre microbiote, tout se passe dans votre intestin : poids, humeur et santé à long terme.
Voici les conditions optimales selon ces chercheurs pour la préservation maximale dès la naissance de notre santé à long terme:
- Naissance par voie basse pour exposition aux bactéries maternelles (ce qui ne dépend souvent pas de notre volonté…)
- Allaitement parce qu’en plus de nombreux autres bienfaits biologiques et affectifs, le lait maternel contient des bactéries diverses dont certaines destinées à « digérer » les végétaux par exemple. (Ça tombe bien, il se trouve que nous sommes des mammifères!) Blague à part, les colonies seront plus variées chez les bébés allaités, d’où une meilleure santé et immunité.
- Utilisation raisonnée des antibiotiques, on peut envisager de prendre des probiotiques après une cure pour amortir le génocide de bactéries positives…Lorsque les enfants prennent leurs premiers antibiotiques le plus tard possible, c’est mieux, ce qui me fait encore préférer lorsque c’est possible le choix d’une nourrice à celui d’une crèche. Tout fonctionne comme si la plus-value santé rejoignait la plus-value affective.
- Une alimentation riche en fibre (légumes, fruits, céréales complètes,etc….) préserve notre santé, ce qui n’est pas nouveau, mais je ne le savais pas celle-ci nourrit notre microbiote. D’où l’importance d’éduquer les enfants au goût, même si parfois il faut insister pour qu’ils apprennent à goûter puis manger de tout. A l’inverse les aliments raffinés, sucrés et trop gras passent dans le sang directement, sans que les bactéries soient nourries. D’où, en cas d’alimentation déséquilibrée, un risque accru à long terme de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète, de troubles de l’humeur, auto-immunes (cancer par dérèglement de l’immunité), etc, j’ai oublié le reste… En implantant des bactéries issues de souris minces dans le système digestif de souris obèses et inversement, il apparait que la nature et l’état du microbiote joue également sur le problème de l’obésité. Notre vie occidentale a considérablement diminué la diversité des bactéries intestinales, ce qui selon les auteurs a un lien direct avec les épidémies actuelles.
- La consommation d’aliments fermentés aurait une grande importance pour prendre soin de ces bactéries: yaourt (vache ou chèvre et brebis si on préfère), kéfir, choucroute, aliments au lait cru, etc.
- Les auteurs expliquent en s’appuyant sur des mesures expérimentales qu’une consommation limitée de viande notamment rouge suffit à diminuer la création de substances nocives pour le corps, dans les mêmes mesures quasiment que les personnes végétariennes.
- L’autre levier important ne concerne pas l’alimentation mais le côté trop aseptisé de notre vie d’occidentaux modernes. Sont mis en cause le nombre de produits désinfectants, antibactériens,…et l’hygiène trop importante. En ce sens, les personnes qui aiment vivre avec des animaux de compagnie offrent à leur enfant une exposition bactérienne qui est favorable à leur développement bactérien autant qu’affectif. Mais nul besoin de se forcer si on ne souhaite pas en avoir: laisser son enfant jouer dans la terre est tout aussi efficace (si celle-ci n’est pas imbibée de pesticides…). Ainsi, je soutiens avec plus de véhémence qu’auparavant la maxime d’une marque de lessive « Libre de se salir », les enfants ne sont pas des objets de décoration!! Jouer dans le sable et la terre est important pour le développement des enfants, et on le sait maintenant également pour leur santé. Certes il n’est pas obligatoire de les laisser se rouler dans la boue avec des vêtements neufs, mais je plains les pauvres enfants qui n’ont pas le droit d’aller dans un bac à sable « parce que leurs chaussures neuves – achetées quelques euros donc fatalement destinées à tomber en ruine assez rapidement-vont s’abîmer ».
Après ce petit coup de gueule qui bien sûr sent le vécu (et le re-re-re vécu)…un petit mot pour dire que ces recherches sont à leurs débuts et que peut-être dans un avenir prochain, on pourra traiter les maladies évoquées en rééquilibrant le microbiote et son génome, propre à chacun. Mais il est trop tôt pour pouvoir cibler ce dont chacun a besoin. La prévention cependant ne peut pas faire de mal.
Le second volet de cet article concerne un sujet moyennement drôle, voire carrément déprimant, mais je pense qu’il faut en passer par là pour comprendre pourquoi il faudrait, si nos moyens financiers nous le permettent (ce n’est pas donné à tout le monde, hélas), acheter autant de nourriture biologique que possible et insister auprès des collectivités pour que les cantines proposent aux enfants de la nourriture biologique (cf articles décroissance et Zéro phyto/100 pour cent bio dans l’onglet écologie).
En 2013, L’INSERM a publié un rapport résumant l’intégralité des recherches faites en France sur le lien entre utilisation de pesticides (dans l’ordre de tonnages: fongicides, herbicides, insecticides) et un certain nombre de maladies précises. Il peut se trouver facilement en PDF sur internet.
Nos agriculteurs et techniciens travaillant avec ces substances payent déjà un lourd tribu à ces épandages de pesticides, et c’est notamment leur santé qui a permis d’établir ces liens. La liste est longue: certains cancers, Parkinson, SEP, troubles cognitifs et anxio-dépressifs, troubles reproducteurs, Alzheimer,…troubles de la fertilité et malformations fœtales.
Respirons un grand coup, la vie est belle :). Il est juste important d’en prendre conscience, tout comme il y a quelques décennies, on a finalement pris conscience de la nocivité de la cigarette. Souvenons nous qu’au milieu du XXe siècle, la cigarette n’était pas « encore » dangereuse! Et d’essayer d’agir et d’amortir les dégâts.
Même si nous ne sommes pas autant exposés que les agriculteurs ou professionnels concernés, nous le sommes par la nourriture, l’eau (même si c’est contrôlé…) et l’air dans certaines zones rurales. L’exposition in utero et dans l’enfance est la plus critique. Les personnes prédisposées à certains types de cancers ou d’allergies sont également plus fragiles. On ne sait pas comment les mélanges de différents pesticides se comportent. Ni quel impact a l’addition des additifs alimentaires, des produits de ménage, de certains médicaments…etc.
Malgré quelques progrès en France, il y a encore 80 000 tonnes déversées chaque année sur les champs. Les cultures les plus traitées sont les vignes, les céréales à paille, le maïs, le colza.
Le côté positif, c’est que justement on commence à en parler, le plan Ecophyto de 2006 va dans ce sens, l’interdiction des pesticides dans les collectivités territoriales en 2017 est une belle avancée qui réduit de 10 pour cent le nombre de tonnes déversées en France.
Cependant, puisque dans l’actualité il est question d’élections législatives, le score de 2,85 pour cent de la candidate écologiste dans ma commune montre que peu s’en préoccupent. Ce qui est tout à fait normal: une espèce animale a pour but de se reproduire de façon optimale, peu importe que de nombreux individus tombent malades, d’autant plus s’ils ont déjà procréé. Notre seule chance de préserver la vie et la nature, de préserver nos enfants est de faire appel à notre conscience humaine et de changer nos habitudes. A commencer par se rendre compte de l’évidence: nous avons fabriqué des produits destinés à tuer le vivant, NOUS sommes vivants, donc…nous avons fabriqué des produits destinés à nous tuer.
Pour nous-mêmes et pour le boycott, nous pouvons:
- acheter le plus possible de la nourriture biologique pour notre santé (les changements d’habitudes peuvent être progressifs sur plusieurs années)
- pour celle des agriculteurs (notamment les viticulteurs) et travailleurs en laboratoire
- pour celle des autres espèces vivantes.
En Province, pour une famille de 4, il faut pour cela approximativement 600 euros par mois pour une alimentation environ à 80 pour cent biologique. (Plus en moyenne pour chacun d’entre nous: 2 repas cantine par semaine). C’est un budget…certes, mais pour un certain nombre de familles privilégiées comme la nôtre gagnant plus de 2500 euros à deux par mois, c’est possible. On peut aussi faire le choix de réduire d’autres postes budgétaires…tout dépend des priorités de chacun.
Reste à savoir maintenant si suffisamment d’entre nous auront le cran et le courage de changer leurs habitudes proportionnellement à leurs capacités matérielles, et de s’élever au-dessus de notre condition animale irréfléchie. Le ton de cet article est parfois grave, mais il est motivé par un grand amour de la vie et une joie de vivre qui prend place dans tous ses actes, y compris celui de VRAIMENT nourrir mes enfants, et partager avec elles le plaisir de cuisiner et manger.