Depuis 2011, le mode de vie de ma famille nucléaire a considérablement changé, vers plus de simplicité et vers une décroissance relative.
Voici quelques habitudes de vie que nous avions avant 2011 :
-Consommation d’eau limitée (60m3 pour 4) et d’électricité également (chauffage raisonnable). Cela nous a d’ailleurs valu un courrier de la mairie nous disant que l’on cachait probablement un puits et que l’on devait se mettre en règle pour l’assainissement !!
– Cuisine maison, y compris pour les repas pris le midi au travail (oui, ça prend un peu de temps !). Pas de fast-food ni plats préparés. Confitures, cueillette de fruits dans la nature, confection de pain, brioches, yaourts maison, etc. Fruits donnés dans le cadre de relation de trocs/services amicaux. Nous achetions aussi deux ou trois produits pour favoriser les conditions de travail des producteurs (commerce équitable, bananes,…)
-Boycott des œufs de poules maltraitées car n’étant pas élevées au sol.
-Petit potager pour le plaisir (pas en quantité industrielle) et compost.
-Recyclage volontaire car nous n’avons jamais eu de ramassage des déchets recyclables dans les communes où nous avons vécu. Donc…marche à pied jusqu’aux conteneurs.
-Utilisation minimale de la voiture : à pied/vélo/car de ligne (on habite à la campagne). Groupement des déplacements.
-Limitation de la consommation en général… Cela nous permet par ailleurs d’économiser pour des projets. Je n’aime pas le surplus d’objets…nous utilisons les sites de vente et de don (donnons.org) pour les objets dont nous ne nous servons pas. La surconsommation autour de moi m’a souvent fait halluciner…surtout face au gigantisme des nouveaux temples ie les grands centres commerciaux urbains…
Nous avons en revanche une consommation sociale (vacances/voyages, souvent dans notre communauté amis/famille, repas, cadeaux…) et culturelle (visites, médiathèque, sport, etc.) Dans l’année, pour le reste, nous groupons les achats sur deux ou trois moments.
– Tout cela implique marché d’occasion et récup… Echanges et dons de vêtements /plantes/graines/livres/etc. dans notre cercle proche.
-Réparation de vêtements. Réparation d’ordinateur etc. par nous-même.
-Il y a quelques années, un simple autocollant « stop-pub » sur la boîte aux lettres a fait baisser nos dépenses en supermarché de 12 pour cent…moi qui pensais ne pas être manipulée par la publicité! Le fait de ne plus avoir de télévision diminue aussi considérablement le nombre de publicités que l’on …subit (restent celles du ciné et du replay) tout en augmentant notre temps libre pour lire, écrire, discuter, profiter de la nature et des autres: magie!
Avant certaines personnes de notre entourage nous disaient radins, maintenant c’est fantastique on est devenus écolos !! Voici comment petit à petit notre mode de vie a changé depuis 2011.
COSMETIQUES
Entre 2005 et 2010, j’ai lu le guide cosmétox de Greenpeace, et fait un tri dans la salle de bain…en supprimant un maximum de produits mutagènes, cancérigènes et perturbateurs endocriniens pour les remplacer par des « moins pires ».
ALIMENTATION
Début 2011: je découvre qu’il y a des substances nocives jusque dans le lait en poudre pour bébé (les miennes ont été allaitées par leur mère polluée…avant de passer au biberon en plastique toxique vers 6/7 mois). Folle de rage, je me sers de Shopwise (site internet devenu application Iphone qui analyse la composition des produits alimentaires) pour faire un premier tri dans les placards de la cuisine, et je vire quasiment tous les aliments contenant des colorants et conservateurs à la con, et je les remplace par d’autres produits équivalents. Commence le boycott du colorant caramel, des graisses hydrogénées, de l’huile de palme (là, c’est pour éviter la déforestation néfaste pour les chimpanzés…), etc.
NB : ces années-là, il y a dans certains bonbons de marque allemande commercialisés en France des colorants interdits en Allemagne et au Japon.
Je troque un peu plus tard les biberons et tupperware en plastique contre d’autres en verre et le film étirable disparait de la cuisine.
En 2011 également, pour les mêmes raisons, j’ai sauté le pas de l’achat à la ferme.
Je me rends alors le samedi matin chez un agriculteur bio dont la ferme est à 3km de chez moi: il vend ses légumes dans une petite cabane de jardin. J’y fais la queue sous la pluie avec quelques petites mémés…6 ans plus tard, j’y achète toujours légumes et maintenant aussi fruits, café torréfié et moulu sur place, pain bio car c’est devenu un petit marché bio local couvert, beaucoup plus animé et fréquenté d’ailleurs. Il y a aussi un agriculteur vendant son porc.
J’achète deux colis de boeuf par an à une autre ferme bio près de mon travail ; quand j’y vais, j’achète quelques produits laitiers, des fruits/légumes, ils ont une petite épicerie. On mange beaucoup moins de viande qu’avant (j’ai appris récemment que nous étions flexitariens !). Un autre magasin a ouvert l’an dernier pas loin de mon travail qui regroupe des produits des agriculteurs locaux (j’ai appris récemment que j’étais aussi « locavore !) J’y achète 2 colis de volaille (agriculture raisonnée) par an. On mange aussi du poisson (saumon d’Ecosse ou poisson pêché) et des fruits de mer à l’occasion.
Plus récemment, j’ai rencontré dans la commune où je travaille un autre agriculteur bio : selon mes déplacements, je me fournis aussi parfois chez lui ou à la Biocoop (achat en vrac permettant la limitation des déchets : sans parler des déchets qui sont incinérés et enterrés, un déchet recyclable reste un déchet). Je continue à aller à mon supermarché aussi, et y achète une grande part de produits issus de l’agriculture biologique tout en sachant que la confiance y est moins aisée et qu’au mieux, 95 pour cent du produit est biologique.
Une amie m’a proposé d’acheter de la farine en gros avec elle à un moulin qui fait des farines biologiques. J’essaye de boycotter le vin non bio aussi, car les vignes sont particulièrement exposées aux traitements.
Le réseau humain développé ainsi a toute son importance! Je peux pour ceux qui sont intéressés en 44 (pays de Retz), vous fournir toutes ces adresses.
Depuis un an, notre alimentation est à environ 80 pour cent biologique, si on excepte les 2 repas pris à la cantine par une de mes filles et les 4 repas pris par l’autre. J’en prend un en restauration collective par semaine (en partie bio) et mon mari un aussi (non bio). Notre budget nourriture hors cantines pour 4 est passé de 400 euros mensuels à 550 euros. Ceci dit, je n’ai pour l’instant pas énormément changé la base de mes recettes habituelles.
Les objectifs sont simples : limiter l’empoisonnement de mes enfants (et le nôtre), manger des produits qui sont bons au goût, augmenter les revenus des agriculteurs locaux qui font le choix d’une agriculture raisonnée ou biologique, et boycotter les organismes géants qui vendent les pesticides aux agriculteurs, puis vendent les grandes marques en grande distribution, fabriquées avec les matières premières polluées qui rendent malades les gens et qui enfin vendent les médicaments pour soigner les maladies qu’ils ont provoquées. Si les pesticides ont un tel impact sur nous (cancer, Parkinson, Alzheimer, autisme, etc. cf rapport de l’INSERM 2013), celui qu’il a sur la nature et les autres êtres vivants n’a pas besoin d’être évoqué…
COSMETIQUES PHASE 2 ET PRODUITS D’ENTRETIEN
Parallèlement, je me suis penchée sur les produits d’entretien, un peu avant que ma belle-soeur se lance dans la vente de produits H2O. Le ménage est donc fait avec des lingettes microfibres, du vinaigre blanc et quelques produits isolés.
Les cosmétiques sont à présent principalement biologiques dans la salle de bain.
MEDECINE
Entre 2011 et 2015, mon rapport à la médecine a un peu changé aussi: ostéopathe,
huiles essentielles, homéopathie, tisanes, essais de praticiens en tous genres sur lesquels je me suis fait mon idée: étiopathe/biokinergiste/naturopathe. Ce dernier intervient dans une séance unique traitant en grande partie de l’alimentation, selon notre fonctionnement métabolique et nos petites faiblesses de santé. Ces visites sont très rares… dans mon cas elles ont juste servi à amorcer un équilibre, maintenu ensuite par une certaine hygiène de vie. Le but est préventif et pour les petits maux, car je mixe toujours avec la médecine traditionnelle. Et l’activité physique ! Rajoutons la méditation qui sans être magique en temps de crise peut aider dans la gestion des émotions.
Nous arrivons donc à la fin de ce témoignage non exhaustif sur ces choix de vie. Ils ont été facilités par le fait que mon mari et moi sommes d’accord sur diverses choses… Notre mode de vie a beaucoup changé en 5 ans. Je m’aperçois que beaucoup de gens autour de moi suivent un chemin parallèle. Tout cela est progressif et les incohérences persistent (3 véhicules, du destop acheté l’an dernier (BOUH !), un vol en avion il y a un an…), cela permet aussi de ne pas trop être extrémistes et de bien avoir conscience qu’on ne peut pas tout maîtriser. Nous ne sommes plus à proprement parler décroissants car depuis 3 ans, nous gagnons mieux nos vies et avons augmenté notre consommation (1 salaire et demi actuellement au lieu d’un salaire il y a 4 ans: nous vivions à 4 avec 1 800 euros: c’est plus que beaucoup de français mais aussi moins que la plupart des gens de notre entourage ne « pouvant se permettre le luxe de notre rythme de vie », eh oui, on se paye le luxe de ne pas emmener notre Iphone au ski et nous en sommes très heureux :). Plus sérieusement, nous avons vécu avec 56 pour cent de nos revenus pleins pendant 3 ans puis les trois années suivantes jusqu’à présent 72 pour cent (sans aide de la CAF soit dit en passant).
Point de problème de féminisme car nous avons chacun à notre tour pris des congés parentaux ou temps partiels. Au passage, faire le choix de la décroissance (relative dans notre cas) permet donc aussi de partager le travail ce qui présente un certain intérêt en ces temps de chômage chronique…nous avons laissé aux autres un mi-temps pendant 5 ans et un temps plein pendant 6 ans. Et espérons bien continuer à partager dans le futur!
L’autre effet positif de tout cela, même s’il est très difficile de tenir dans la durée une vraie décroissance: notre empreinte carbone pendant la période où nous vivions « au plus bas » correspondait à la moitié de l’empreinte carbone d’une famille française de 4 personnes. Ce n’est plus vraiment le cas (70 pour cent au mieux).
Le credo reste toutefois inchangé pour nous: travailler moins, pour gagner moins, pour consommer moins, pour polluer moins et avoir le temps de vivre, et bien vivre, avec les nôtres (ie élever nos enfants nous mêmes au lieu de les confier 50 heures par semaine dès le plus jeune âge), à notre manière, en faisant un petit effort pour être en bonne intelligence avec notre planète et les autres espèces.