Alors que la question des rythmes scolaires revient pour la troisième fois en 10 ans sur le tapis (à chaque fois, c’est quatre mois de travail et de réunions pour les équipes éducatives…temps et énergie qui ne sont pas consacrés aux élèves…), voici un article présentant un avis parmi d’autres sur ces fameux rythmes scolaires…pas vraiment consensuel, soit dit en passant, mais écrit à la lumière de 17 ans d’expérience auprès des enfants et 13 ans en tant que mère.
Je sais que je suis idéaliste et que j’ai tendance à ne pas tenir compte des contraintes organisationnelles de la société en 2017, mais après tout ne parle-t-on pas du RYTHME DES ENFANTS et non des employés et des parents (ou des compagnies de car en campagne)?? Dans le monde des Bisounours, sachant que les enfants sont des petits êtres humains et non des machines ou même des adultes… le rythme idéal de classe serait pour moi le suivant:
1) Raccourcir les vacances d’été pour faire 6 périodes de 6 ou 7 semaines séparées par environ dix jours de vacances (un mois à un mois et demi de vacances l’été). Mais pour le tourisme et le ski, jamais on ne respectera vraiment les 7 semaines qui pourtant sont annoncées comme idéales pour les enfants. Ceux qui savent lire un calendrier se rendent bien compte que la cinquième période dure jusqu’à 11 semaines…
2) Pas de toute-petite section (sauf éventuellement en ZEP…et encore…si le seul argument avancé est que la famille est néfaste pour l’enfant et qu’il est mieux à l’école, ce n’est peut-être pas un an qui changera grand chose?) Des enfants de 2 ans n’ont rien à faire en collectivité, avec un adulte pour plus de 15 enfants. Les enfants et les adultes les plus heureux vivent dans les pays du Nord, où les enfants entrent plus tard à l’école. Leurs résultats scolaires sont meilleurs que les nôtres.
3) De même, étaler les apprentissages jusqu’à 19 ans et non 18…c’est-à-dire les décaler en partie d’une année. Exemple: en grande section, certains élèves ne sont pas prêts à « entendre » les sons, comment pourraient-il apprendre à lire l’année d’après? Il y aurait moins d’élèves en difficulté si on laissait le temps officiellement aux enfants.
4) Prendre en compte davantage tout ce qui n’est pas intellectuel dans les apprentissages: spécificité de chaque personnalité, compétences psycho-sociales, confiance en soi, ouverture sur la vie, écoute bienveillante, éducation positive etc. La violence dans les écoles reflète celle de la société. Il n’y a qu’à l’école (et dans certaines familles) qu’on puisse contrebalancer le mouvement non initié par la société.
5) 25 élèves par classe, 20 en PS et CP: accueillir des enfants en PS dans une classe de plus de 30 alors qu’ils ont encore besoin d’une relation « maternelle », c’est une honte! En crèche, il y a bien un adulte pour 8?? Voilà de quoi les tout-petits ont besoin, d’une relation quasi duelle ou en petit groupe, pas d’un troupeau pour commencer leur scolarité.
6) Rythmes différenciés selon l’âge des enfants:
Maternelle:
-le troisième trimestre avant la PS: deux matinées de classe par semaine
-PS: 4 matinées de classe par semaine
Troisième trimestre de PS: 4 journées de classe matin et après-midi, si possible sans cantine et sans périscolaire
-MS et GS 4 journées si possible sans cantine et périscolaire, début possible de la cantine fin GS
(NB: vision globale : Si l’on excepte les cantines biologiques rares, les aliments proposés à nos enfants sont pour la plupart bourrés de pesticides and cie…y manger le plus tard possible n’est pas un mal pour les enfants…)
Elémentaire:
-CP: cantine possible, si possible sans périscolaire
-CE1-CE2: début possible du périscolaire
-CM1-CM2: 4 journées et demi éventuellement pour préparer au collège… Cela dit, la Vendée a fonctionné pendant une vingtaine d’année avec la semaine de 4 jours et cela n’a jamais posé problème ni scandalisé personne!! Il y a toujours eu une coupure dans la semaine: dans les années 1960 c’était le jeudi, avec école le samedi matin. La continuité peut se faire même avec une pause au milieu de la semaine. Le samedi matin, on peut oublier: familles recomposées ou pas, cela ne correspond plus à notre société de 2017.
7) Le moins de périscolaire possible…
Les TAP sont évidemment utiles…
1) en ville car les mairies ont les moyens
2) en ZEP car les enfants seraient plus stimulés qu’à la maison
3) pour les élèves à partir du CE1 qui sont plus vieux et peuvent supporter une semaine de collectivité plus lourde, surtout en ce qui concerne les gamins extravertis (les personnes introverties se ressourcent dans le calme et la solitude. Exemple: quand il pleut, et que les enfants sont mis en grand nombre sous un préau dans les cris une heure entre midi et deux (j’ai mesuré, on est entre 80 et 85dB « loud music »), puis parfois aux récréations, puis au périscolaire, c’est forcément pénible, surtout pour ceux-là…).
C’est vrai que certaines mairies font de leur mieux pour les organiser et proposent des trucs sympas mais ça reste pour moi un gaspillage d’argent public, difficile à assumer pour les petites communes. Concrètement pour une petite ville de 3500 habitants en périphérie nantaise, le budget TAP, c’est le DOUBLE du budget Livre/papeterie de l’école publique: 24 000e contre 11 000 par an!! Autant d’argent qui ne va pas à l’enseignement.
Pour toutes ces raisons, j’ai boycotté les TAP depuis 4 ans pour mes filles car j’estime que l’ECOLE (oui, on n’en parle plus autant à force de s’intéresser aux TAP…au car, à la cantine, au périscolaire, au ménage et au centre aéré…, autrefois, je me souviens… c’était apprendre qui avait de l’importance…) est suffisante pour le temps de socialisation et de collectivité d’un enfant. Et pourtant certains enfants français ont parfois des semaines de 45 heures!!
La réponse de certains parents à ce genre de discours fuse généralement très vite: « Oui, mais je bosse, MOI, je suis pas fonctionnaire! » ou « Mon enfant est très content de sa semaine de 45h. » ou « Je ne peux pas me permettre financièrement un congé parental de 6 mois ou un temps partiel! » (Ben oui, c’est sûr, tu gagnes SEULEMENT 4 000 euros par mois avec ton mari :))).
Mais bon, là je juge…donc mauvais argument…
Dans tout un tas d’autres situations, précaires notamment, on n’a pas le choix mais certaines familles qui ne sont pas dans le besoin font le choix de travailler à deux à temps plein même si une autre alternative est possible. Parfois, on se demande même si l’objectif n’est pas de voir le moins possible son enfant (j’avais prévenu, je ne fais pas dans le politiquement correct…). Dans ce cas, les grands-parents sont les bienvenus pour servir de garderie gratuite.
Trois questions simples sont à se poser au sujet du rythme de nos propres enfants et il convient d’y répondre honnêtement:
- Combien d’heures passent-ils en dehors de la maison par semaine?
- Est-il possible de faire en sorte que ce volume horaire soit adapté à l’âge de mes enfants? Ai-je le choix d’agir sur mes activités notamment professionnelles, mon organisation afin (OU SON AUTRE PARENT) qu’il le soit?
- En ai-je envie? En avons-nous envie (de respecter le rythme de mes enfants et de les élever nous-mêmes)? oui/non.
Peut-on régler cela dans un conseil d’école ou au Ministère de L’Education anciennement Nationale??? La réponse est non…
Nous avons fait le choix du OUI: temps partiel avec demi salaire pendant 6 ans pour moi et congé parental/disponibilité SANS SOLDE pendant 6 ans pour mon mari (économies prévues en amont, aux périodes les plus basses 1900 euros par mois pour 4 : cf article décroissance dans la catégorie Ecologie de ce blog…tout est lié…). Cela représente pour notre foyer (on se situe dans la classe moyenne), environ 11 000 euros de manque à gagner salarial par an depuis 13 ans soit 145 000 euros depuis 2004. Parce que nos enfants et notre famille a cette importance-là. Pas de ski, pas d’Iphone (je caricature, mais, n’y a-t-il pas un fond de vérité?…). Parfois, pour certains gagnant leur vie correctement, respecter le rythme de ses enfants, c’est aussi simple qu’un choix. Les seuls enfants dont on puisse respecter le rythme, ce sont ceux qui ont des parents qui sont (se rendent) plus disponibles. On se trompe de débat! Ce n’est pas l’Éducation Nationale qui pourra contrebalancer l’absence des parents auprès des enfants dans notre société du travail et de la consommation, ie la France en 2017, mais les ministères de la Famille, des affaires sociales et du Travail et les citoyens parents qui ont la chance de gagner plus que le SMIC et ayant le choix. Le choix de résister à la tendance de la société française de faire passer le Travail avant les enfants (la preuve en est la durée du congé maternité: 2 mois et demi après la naissance alors que l’OMS recommande un allaitement de 6 mois pour une santé optimale des individus). Pourquoi? Parce que le dieu Argent est le principal critère dans le choix de certaines familles et du gouvernement: mieux gagner sa vie pour les uns, serrer le budget pour les autres…enfin, pas pour la dissuasion nucléaire…il y a des priorités quand même…
Mais bon, relativisons… on est en France et même si ce n’est pas la Scandinavie, nos enfants ont quand même plus ou moins la belle vie…:) même si en vrai, les rythmes des enfants, (presque) tout le monde s’en fout.